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Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
En dehors du grand intérêt pour vous de cette matière exceptionnelle, que vous soyez jeune parent, chercheur dans une université ou simplement intéressé par l'évolution des comportements humains, votre soutien par l'intermédiaire d'un abonnement nous est indispensable. Pour les pays lointains et si vous ne désirez pas profiter de la version papier, un abonnement sous forme de pdf est accessible au même prix annuel de CHF 30. Il vous donne un accès complet aux archives
RETOUR«Tout amour menace de se crisper en possession et de s'arroger des droits sur l'autre…»* Après avoir entendu un reportage de l'écrivain, Annie Ernaux, sur son livre «Une Femme», j'eus envie de le lire. Je le trouvais, par hasard, sur la table d'une amie, qui venait de le lire, en une nuit. - C'est dur, tu verras, terrible. - As-tu beaucoup pleuré? - Moi pleurer… jamais. C'est fini. Je n'ai plus de larme. Je suis obsédée par cette phrase. Moi, au contraire, je pleure tout le temps, pour un oui, pour un non… et cela me fait du bien. Un dimanche, devant moi une boîte de Kleenex, je me lance avec appréhension dans la lecture de ce petit livre qui relate jour après jour l'évolution et l'ambivalence des sentiments d'une fille envers sa mère: Amour et haine, culpabilité, tendresse et agacement, attachement viscéral et muet pour cette femme qui vieillit de plus en plus diminuée… elle, qui était l'image même de la force active et de l'ouverture au monde… Cette fois, je ne pleurerai pas non plus. L'écriture est sèche et concise, sans pathos. J'ai l'impression d'avoir déjà vécu tout cela. C'est comme si elle décrivait une opération chirurgicale, sans le sang. Mais ce sang, je le connais pour avoir tant essayer de comprendre ce conflit inévitable entre les mères et les filles, où plus on s'aime, plus il y a souffrance. Cette souffrance, dont dit Denise Sergy, qu'elle peut être aussi génératrice de vie**… Comment aimer juste? ni trop, ni pas assez? Sa culpabilité de fille, n'est-elle pas, de ne pas avoir été à la hauteur du bonheur que sa mère espérait pour elle? Cette mère a-t-elle aimé vraiment sa fille, en voulant la sortir de sa condition, et en voulant à tout prix qu'elle soit heureuse? Annie Ernaux nous parle aujourd'hui de sa mère, nous parlera-t-elle un jour d'elle en tant que mère? J'ai terminé le livre. C'est six heures du soir. Je regarde par la fenêtre. C'est le printemps. Ma voisine, un sécateur à la main, se promène. Avec précaution elle coupe quelques tulipes, les plus belles. Et elle les tend à une jeune femme, sa fille, qui l'embrasse et part à toute vitesse dans une petite voiture. L'histoire recommence. Cette fille dira-t-elle un jour, avec Annie Ernaux: «J'ai perdu le dernier lien avec le monde, dont je suis issue»? * Une Femme, Annie Ernaux, Gallimard **Voir n° 4 avril 1988. |
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