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Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
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RETOURExtraits tirés du livre La constellation familiale de Jacqueline Dana, éditions Robert Laffont, 1978. Qu'est-ce qu'un enfant unique? C'est simplement un enfant qui n'a ni frère ni soeur. Ce qui ne veut pas dire qu'il va automatiquement avoir des caractéristiques précises, liées à son unicité. Chaque enfant unique a son histoire, son hérédité, ses qualités et ses défauts. Aucun ne se ressemble, et il est maladroit et culpabilisant de vouloir l'enfermer dans une définition qui ne correspond pas à la réalité. L'enfant unique vit simplement une situation différente des autres, dans son milieu familial. La façon dont il exploitera cette situation en bien ou en mal dépend d'un grand nombre de facteurs: les parents, l'environnement, la santé, la scolarité etc. L'enfant unique a, certes, des problèmes spécifiques mais il n'est pas condamné à être égoïste, capricieux, hyperprotégé, peureux et gâté. Tout au plus son unicité joue-telle un rôle d'accélérateur de travers ou de dispositions naturelles. Mais des parents bien informés et conscients sauront créer des conditions de vie favorables à l'enfant, qui lui permettront d'avoir une enfance semblable à celle des autres. Pourquoi suis-je unique? Ce qui compte beaucoup ce sont les raisons de cette unicité et la manière dont les parents la vivent. Il y a les enfants uniques volontaires et ceux qui sont restés uniques pour des causes indépendantes de la volonté des parents. Immanquablement, un jour, l'enfant unique sera amené à comparer sa situation avec celle d'enfants d'autres familles et il posera la question: «Pourquoi n'ai-je pas de frère et soeur?» Les parents doivent se préparer à répondre à cette question. Ils auront auparavant analysé les raisons de leur décision de n'avoir qu'un seul enfant, ou auront admis le fait qu'ils ne peuvent en avoir d'autres. Cette réflexion est primordiale si les parents veulent éviter de se sentir coupables et pleins de regrets par rapport à une décision ou à une réalité. «La plus mauvaise raison pour avoir un deuxième enfant est bien de le faire pour satisfaire le premier», dit T. Brazelton. «Vous pouvez donc, dit-il aux parents, aider votre enfant unique à comprendre que c'est un sentiment normal, inévitable que de se sentir différent des autres et parfois un peu seul, mais expliquez-lui pourquoi il est enfant unique. Rassurez-le en lui disant que vous êtes conscients de «sa différence» et que vous faites attention à ce qu'il ait toujours des copains pour jouer. Qu'être unique peut même présenter des avantages et qu'il y a des tas de choses qui seraient impossibles à réaliser avec plusieurs enfants. Chaque enfant doit accepter sa spécificité: être l'aîné, le cadet, le benjamin ou être unique. Comprendre pourquoi il est dans cette situation plutôt que dans une autre l'aidera à l'assumer.» Autant d'enfants uniques, autant d'histoires différentes. Il y a pourtant des constantes qui se rattachent à l'unicité. Celles-ci peuvent être favorisées ou neutralisées selon le style de vie, les circonstances, l'âge des parents, les rapports avec les membres de la famille, avec l'extérieur, selon la sensibilité de l'enfant, les modèles culturels et même le climat! L'amour maternel jamais partagé… c'est cela l'élément principal de la situation de l'enfant unique. L'enfant unique a une mère toute pour lui. Avoir l'amour de sa mère pour soi tout seul, c'est sûrement un grand rêve de l'enfance. Une nostalgie inconsciente. Pour l'enfant unique, c'est une réalité. Ce n'est souvent que lorsqu'il sera devenu adulte qu'il découvrira le sentiment de jalousie. Par exemple, pour le garçon surtout, lorsqu'il sera père la première fois, il devra partager sa femme avec le bébé. De même lorsque père ou mère ils assisteront un peu surpris et démunis aux querelles de jalousie entre leurs enfants. Le triangle infernal Une autre constante est le fait que l'enfant unique soit le seul de sa génération face à deux adultes. Ses parents sont ses principaux interlocuteurs et points de référence. Perpétuellement confronté à ses parents, il s'identifie profondément à eux, il adopte leurs manières et copie leurs attitudes. Il risque alors de «s'adultiser» trop vite et de perdre une partie de sa spontanéité. Pas ou peu préparé à entrer en contact avec l'extérieur, il sentira un fossé entre les autres enfants et lui-même et se trouvera souvent coincé dans ses relations avec ceux de son âge. Il cherchera ailleurs et s'investira par exemple dans le travail scolaire. A l'âge adulte, pour certains, cela se traduira par une soif d'indépendance, de découvertes et d'évasion. L'enfant unique est le centre de la famille L'enfant unique règne sur son territoire affectif. Vers lui convergent toutes les attentions, toutes les tendresses. Il se perçoit comme indiscuté dans l'affection de son entourage à une époque capitale où sa personnalité se forme. Ce qui implique une inclinaison à la sécurité et à l'aisance dans un monde qui lui est consacré. Il en tire un sentiment de sécurité très puissant, voire de témérité. (On a constaté que parmi les cosmonautes de la Nasa une majorité était des enfants uniques ou des aînés!) Tous ces avantages de l'unicité peuvent devenir des dangers. En effet l'enfant unique risque de se réfugier dans le monde où il n'est jamais remis en question: celui des parents. Mais ce genre de situation peut très bien concerner des enfants ayant frères et soeurs, le petit benjamin, le fils unique entouré de soeurs, la petite dernière et préférée etc. Simplement l'enfant unique plus qu'un autre est menacé. Pourtant, si ses parents l'aiment pour lui-même et non d'un amour possessif, il est mieux armé qu'un autre. Se mesurer à l'extérieur Les forces que l'enfant puise dans sa famille, il doit aller les mesurer, les expérimenter dehors, dans un monde où il est moins reconnu. Si les adultes le guident vers des contacts extérieurs, des découvertes incessantes, des expériences enrichissantes, il affrontera la vie avec succès. Les mouvements de jeunesse, les prises de responsabilités à l'adolescence, les colonies de vacances, etc. donnent de multiples possibilités de socialisation. La rencontre fréquente avec de petits voisins ou des cousins, des vacances dans des lieux où les enfants sont nombreux, les clubs sportifs, le scoutisme sont autant d'invitations à favoriser l'insertion dans des groupes. Là l'enfant unique se confrontera à ceux de son âge et pourra expérimenter les mêmes situations que celles qui se présentent dans une fratrie. Garder sa maison et sa table ouvertes aux amis, favoriser les contacts avec le reste de la famille (tantes, grands-parents etc.) sont des gestes simples mais combien précieux pour l'enfant qui se sent un peu solitaire. Conclusion Il est temps de mettre fin au mythe de l'enfant unique. Les parents, qui prennent conscience des dangers et des atouts de cette situation, sauront créer les conditions favorables à l'exploitation maximale des avantages et compenser les risques éventuels. Tous les enfants ont des problèmes parce que grandir est une entreprise plus difficile que ne le croient les adultes. L'enfant unique a les siens, comme les autres, ni plus ni moins; d'une autre nature. |
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