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Ensemble, mais comment?
Voilà, ça y est…
Le repas est terminé.
Arnaud a enfin fini son assiette, en ronchonnant; vraiment il n'aime pas le gratin. Antoine s'est levé au moins six fois de table et comme à chaque repas j'ai pu racler encore trois cuillerées dans son assiette.
Alexandra a fini son dessert depuis longtemps; avec elle il n'y a pas de problème de nourriture. Elle aime presque tout et mange très vite.
Quant à Pierre, après avoir refusé le moindre petit morceau dans sa soupe jusqu'à Noël (il aura trois ans en avril), il s'est enfin mis à manger les petits bouts tendrement découpés dans une jolie assiette à poules noires.
Tout le monde a parlé très fort de tout et de rien; la mère s'est levée plusieurs fois pour chercher ou enlever des plats, et le père s'est beaucoup énervé en faisant de la discipline.
La tête encore pleine de bruit et de l'agitation du dîner, j'ai essayé de me souvenir si les repas étaient aussi houleux lorsque j'étais petite.
Eh bien non, aussi loin que je puisse me rappeler, nous étions sages comme des images! Et pour cause. Je me souviens avec émerveillement de toutes les histoires que ma mère nous lisait pendant que nous mangions. Babar, les Trois Mousquetaires, le Mouron Rouge. Encore maintenant, je frémis de joie en y repensant. La nourriture n'avait pas d'importance, pourvu que d'Artagnan arrive à temps avec les ferrets et que Sir Percy ne se fasse pas attraper par Chauvelin.
Nous étions collés à nos chaises, trop fascinés pour avoir envie de nous lever.
Tout de suite j'ai téléphoné à ma mère pour lui demander si je n'idéalisais pas et elle m'a confirmé ces bons souvenirs, en précisant que mon père rentrait rarement assez tôt pour manger avec nous.
Ya-t-il une solution meilleure qu'une autre? Je serais très heureuse si un jour nous parvenions ensemble à faire des heures de repas des moments privilégiés de détentes et d'échanges, des moments où l'on est simplement ensemble.
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