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Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
En dehors du grand intérêt pour vous de cette matière exceptionnelle, que vous soyez jeune parent, chercheur dans une université ou simplement intéressé par l'évolution des comportements humains, votre soutien par l'intermédiaire d'un abonnement nous est indispensable.
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Il y a des fessées qui se perdent

Nos problèmes, nos peurs, nos dépressions, nos mariages ratés, nos insuccès viennent delà. Papa et maman ne nous ont pas aimés comme il fallait. Et il nous faudra parfois toute une vie pour nous débarrasser des problèmes que nos parents nous ont collés sur le dos.
Tout cela est fort angoissant, car voilà que, maintenant, nous sommes parents à notre tour, et je me demande parfois ce que mes enfants auront à dire de moi s'ils atterrissent, un jour, sur le divan d'un psychiatre.
Que je les ai mal aimés, sans doute, et que tous leurs problèmes viennent de là. Zut!
Je me serai pourtant donné du mal.
Avec Lisa, la plus jeune de mes enfants, par exemple. Elle, c'est «Madame non», non et non! Elle a des idées bien précises sur la façon dont elle veut mener sa vie, qui ne s'accordent pas toujours avec les miennes.
Elle n'en fait qu'à sa tête, se moque des petites bêtes qui vont lui ronger les dents si elle ne les lave pas et des histoires que je lui raconte pour lui expliquer pourquoi les petits enfants ont davantage besoin de sommeil que leurs parents. A 11 heures du soir, c'est toujours «non». Qu'on ne dérange pas les voisins du dessous un dimanche à sept heures du matin pour aller trouver sa petite copine, elle ne veut pas le comprendre non plus!

Née trop vite à son gré

Elle est très forte, c'est le moins que l'on puisse dire et ne se laissera pas marcher sur les pieds dans la vie, c'est ça de gagné!
Mais, lorsque l'on est à bout d'arguments et qu'on a les nerfs à vif, il y a tout de même des fessées qui se perdent ! Je vois déjà les gros yeux de Laurence Perrenoud, auteur du livre J'élève mon enfant ou ceux de Françoise Dolto, célèbre psychologue pour enfants: Vous allez la traumatiser si vous levez la main sur elle, sous-entendu: «vous ne savez pas l'aimer comme il faut».,
Alors, un jour que la main me démangeait vraiment trop et que j'étais à deux doigts de commettre une erreur psychologique irréparable, je suis allée demander conseil à une amie thérapeute, et j'ai compris: si ma fille a une tête de mule, c'est qu'il s'est passé quelque chose pendant sa naissance.
Voilà comment cela s'est passé: j'étais à l'hôpital depuis cinq minutes. Il était 10 h 10. Le médecin m'ausculta et me dit: «J'ai un rendez-vous à 10 h 30. Votre bébé sera là avant». Elle était bonne, celle-là! Je l'ai même trouvée tellement drôle que je n'ai pas réalisé qu'il me faisait une injection dans le bras, l'irresponsable! Un médicament pour accentuer les contractions. «Comme cela, dit-il, ça ira plus vite».
Rapide, ça l'a été: à 10 h 25, Lisa était dehors et le médecin à son rendez-vous.
«Tu comprends, me dit mon amie thérapeute, on a forcé Lisa, artificiellement, à venir au monde plus vite qu'elle ne le voulait. Voilà pourquoi elle a développé une aversion contre toutes formes de contraintes.»
Ah, c'est donc ça! Fallait le dire tout de suite! Mais tout cela ne m'explique pas comment m'y prendre pour me faire obéir sans la traumatiser.
«Tu vas voir», me dit ma fille aînée après avoir entendu cette histoire: «Lisa, donne-moi un bout de chocolat! », lança-t-elle. «Non!» «Lisa, pleurnicha-t-elle, ça fait tellement longtemps que j'ai envie d'un morceau de chocolat, mais il n'y en a plus. Tu as de la chance d'avoir reçu le dernier.» Et Lisa lui tendit un bout de chocolat.
«Tu vois, me dit ma fille aînée, il faut simplement lui dire les choses autrement, sans contrainte.»
Le lendemain matin, alors que nous allions tous être en retard, je n'ai pas trouvé les mots qu'il fallait pour que Lisa accepte de se laver les dents. Ça a été non. Et après cette journée de non et de re-non, j'ai flanché, et elle l'a eue, sa fessée.
Alors qu'elle était dans la baignoire et que j'allais l'en sortir, je vois la bouteille de shampooing que je venais d'acheter, ouverte dans l'eau du bain. Ç'en était trop ! Lisa a eu la marque de ma main sur les fesses. C'est alors qu'elle m'a regardée, stupéfaite, et m'a dit: «Mais maman, ça n'était pas la bouteille pleine, c'était la vide que tu m'as donnée l'autre jour pour jouer dans le bain».

Les parents idéaux, ça n'existe pas

Pour être réussi, c'était réussi, et me voilà confondue en excuses.
Vingt fois, Lisa aurait mérité cette fessée dans la journée, et cette vingt et unième fois n'était pas la bonne. Je suis certaine qu'elle racontera plus tard, à son psychiatre, l'histoire traumatisante de cette fessée non méritée.
La situation est désespérée. Pour cette raison, et d'autres qui me sont encore obscures, je l'aurai mal aimée.
Mais aimer, ça veut dire quoi? Suis-je une mauvaise mère, incapable de donner à mes enfants la qualité d'amour dont ils ont besoin?
Mais de quelle qualité d'amour ont-ils besoin? De celui d'une esclave à leur disposition? Certainement pas. De celui d'une mère qui renonce à vivre sa vie pour eux? Ce n'est pas ça non plus.

De toute façon, il n'y a pas de parents idéaux. Et s'ils existaient, ça serait dramatique, car leurs enfants souffriraient leur vie durant d'avoir, eux, des défauts.
Alors aimer je ne sais pas ce que ça veut dire et je m'en moque. J'aime comme je peux, autant que je peux, en toute sincérité, avec mes qualités et mes défauts.
Et puis, surtout, je refuse de culpabiliser: je suis la mère que je peux!



A propos des punitions, à lire: Aimer sans tout permettre. F. Dodson,
Coll. Réponse, Robert Laffont, 1979; ou Elever des enfants sans perdre la
boule
. L. Auger, ou F. Dolto Lorsque l'enfant paraît 1, 2 et 3; ou J. Rosemond L'autorité des parents dans la famille, 1982 et B. Bettelheim Pour être des parents acceptables, 1988.

Ces livres peuvent être empruntés à l'Ecole des parents de Genève

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