Accueil
   

 

 

 

RECHERCHES
Rechercher un mot dans les articles:


Recherche avancée
• par mots
• par thèmes

ARCHIVES DE TOUS LES ARTICLES



AUTRES MENUS
ACCUEIL
ADRESSES
  • Adresses utiles
  • Bibliographie
  • Liens Internet
LE JOURNAL






Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
En dehors du grand intérêt pour vous de cette matière exceptionnelle, que vous soyez jeune parent, chercheur dans une université ou simplement intéressé par l'évolution des comportements humains, votre soutien par l'intermédiaire d'un abonnement nous est indispensable.
Pour les pays lointains et si vous ne désirez pas profiter de la version papier, un abonnement sous forme de pdf est accessible au même prix annuel de CHF 30. Il vous donne un accès complet aux archives
RETOUR

Jeunes et films d'horreur: «Touche pas à mes monstres!»

Les enfants et les adolescents fréquentent de plus en plus assidûment les rayons «horreur et fantastique» des boutiques vidéo. Les plus «accrochés» loueraient jusqu'à cinq cents «brutalo» cassettes par année.
Inquiétant!

Les enfants aiment

A l'entrée d'une boutique vidéo apparait un jeune garçon dans les dix-douze ans. Mignon, soigné. Un habitué du rayon dessin animé ou aventure? Pas du tout! C'est vers le département peuplé de monstres que le petit bout d'homme se dirige.
Il s'arrête devant la rangée des films d'horreur, parcourt les boîtes d'un regard expert. Quelques minutes plus tard, il a sa «proie» en main: «Elmer le remue-méninges». A voir l'illustration de la boîte, «Elmer» n'est pas un conte pour enfant de chÅ“ur!
Je m'approche du garçon:
- Excuse-moi! Tu veux vraiment ce film? Tu vas pas avoir peur?…
- Peur?
Il me dévisage, crâne et rieur:
- Meuh non … C'est du cinéma!
Alexandre, onze ans, est un grand amateur de cassettes vidéo d'horreur. «Je les ai presque toutes vues», affirme-t-il. «Mon premier, j'avais six ans».
- Six ans? Ciel!
- «Ma maman essayait de me cacher les yeux avec un coussin quand ça faisait peur, mais moi je l'enlevais pour regarder» poursuit-îl.
Comme à beaucoup de jeunes de son âge, ces films lui plaisent parce qu'ils le font rire. Alexandre les trouve même plus marrants que les films comiques.
Si certains adultes n'hésitent pas à interdire ce genre de cinéma à leur progéniture, d'autres, de plus en plus nombreux - pour «avoir la paix»? -, ne s'opposent pas à ce que leurs rejetons, dès dix ans, suivent les péripéties de Freddy le tueur de mômes et autres affreux du même acabit.
Pourquoi, chez les moins de dix-huit ans, cet appétit de monstres (humains ou animaux), de «choses» gluantes hérissées de pattes, de tas de cadavres et de jets d'hémoglobine?
Ni Alexandre, ni Florence, treize ans, ne prennent, du moins apparemment, ce que nous appelons «horreur» au sérieux: «J'trouve génial. Marrant quoi», dit simplement Florence. «Un type qui boit quelque chose et qui fond, c'est impossible» ajoute Alexandre.
Les autres affichent le même détachement. Florian, treize ans: «Les films d'horreur? Ca fait pas très peur. Ils sont trop imaginaires». Cyril, quatorze ans: J'en loue deux par semaine. J'aime bien, c'est drôle, mais la violence est trop exagérée, pas vraisemblable». Cédric, dix-huit ans, ajoute: «Le téléjournal, c'est pire. Et à portée de tous, gratuitement».
Ce qui impressionne les enfants en revanche, ce sont les effets spéciaux et les trucages. Ils les décèlent, les décortiquent, lisent des livres sur le sujet, racontent avec enthousiasme les scènes spectaculaires: «La fin d'Elmer, c'est super» explique Alexandre. «Le ver injecte de la drogue dans le cerveau du type. Le crâne s'ouvre et il y a plein de lumière qui sort!»
Décrire par le menu les passages particulièrement corsés des films d'horreur est devenu une sorte de sport pour certains adolescents. Qui ne les connaît pas devient objet de moqueries. Qui en sait tous les détails est dans le coup.

Les adultes se questionnent

Mais, en marge de cette euphorie narrative, les questions de fond demeurent: les jeunes, et surtout les enfants, ne risquent-ils pas d'être perturbés inconsciemment par la violence que véhiculent ces films? Ne vont-ils pas devenir des adultes violents?
Difficile de répondre de manière catégorique. De même qu'on ne peut affirmer que les jouets guerriers développent anormalement l'agressivité chez les enfants ou, au contraire, qu'ils permettent de l'exorciser.
Pour Bruno Meylan, la violence des films d'horreur, dans sa démesure, n'est pas aussi perverse qu'on pourrait le croire: «Les séries policières, le téléjournal, comme le faisait remarquer Cédric, sont plus nocifs, car l'horreur y est justifîée et banalisée».
Peut-on, certains le font, comparer les films d'horreur à des contes modernes? «Oui», répond un gérant de boutique vidéo. «J'ai l'impression qu'ils correspondent à un besoin psychologique de notre époque. J'observe les adolescents quand ils ramènent leur film, juste après l'avoir vu: je trouve qu'ils ont souvent l'air détendu, calme. Comme si leur agressivité était tombée.»

Violence et commerce

La violence sur petit écran fait aujourd'hui partie de la vie des jeunes. Pourtant, Alexandre, comme beaucoup de ses amis jugent les programmes TV «trop calmes l'après-midi et le dimanche» et regrettent que «les films bien passent trop tard».
Aujourd'hui, les enfants bénéficient de l'alternative vidéo. Alternative très controversée: nombreux sont ceux qui y voient un passe-temps abrutissant pour la jeunesse, quel que soit le choix des cassettes.
Pour l'heure, magnétoscopes à des prix toujours plus abordables et échoppes vidéo prolifèrent. Il n'y a pas de raison pour qu'Alexandre, Laurence, Cédric et compagnie renoncent à se procurer leurs doses mensuelles d'horreur en boite.
Jusqu'au jour où, mûris, lassés des démons, des cannibales et des tueurs aux doigts d'acier, ils se tourneront vers des loisirs moins contestables, découvrant de nouveaux intérêts.
On ne fait pas sa vie, la vraie, avec Freddy.









www.entretiens.ch fait partie du réseau « NETOPERA - culture - société - éducation sur Internet » et pour la photographie PhotOpera - Uneparjour || DEI - Défense des Enfants - International
ROUSSEAU 13: pour allumer les lumières - 300 de Rousseau  ROUSSEAU 13: les IMPOSTURES - 300 de Rousseau - portraits déviés PHOTOGRAPHIE:Nicolas Faure - photographe d'une Suisse moderne - Le visage est une fiction - photographie de l'image brute - Laurent Sandoz - comédien et acteur professionnel - Genève