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Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
En dehors du grand intérêt pour vous de cette matière exceptionnelle, que vous soyez jeune parent, chercheur dans une université ou simplement intéressé par l'évolution des comportements humains, votre soutien par l'intermédiaire d'un abonnement nous est indispensable. Pour les pays lointains et si vous ne désirez pas profiter de la version papier, un abonnement sous forme de pdf est accessible au même prix annuel de CHF 30. Il vous donne un accès complet aux archives
RETOURLes crados? Répugnants! Elle court, elle court la laideur: les crados sont parmi nous. On n'en croit pas ses yeux. Les héros, scatologiques à souhait, s'appellent Pascal Troudeballe, Oscar Mollard, Laetitia Pudébrax, Arthur l'Enflure, Xavier Mal élevé… Les gosses achètent l'album et le remplissent d'images achetées par pochettes de quatre. Il est bien stipulé que le tout est «interdit aux parents!» Côté enfants Entrez dans une école, prononcez le mot crados… Les mains se lèvent, les commentaires fusent, chacun a son mot à dire. C'est l'excitation générale: «J'aime bien parce que c'est moche»; «J'aime bien parce que ça s'appelle les crados»; «C'est très marrant parce que ça fait peur»; «Je déteste quand il se met les doigts dans le nez, ça donne envie de vomir»; «Il y a des belles couleurs et des monstres»; «Je vais en acheter … ». Côté «spécialistes» La Fédération des parents d'élèves proteste fermement: «C'est le journal le plus minable, nous espérons qu'il va être interdit à la vente!» Le commandant Cousteau est sorti de son monde du silence pour lancer un cri de colère: «Non, il ne s'agit pas de pollution chimique, industrielle ou atomique. Le gang des ordures s'attaque maintenant aux jeunes, car leurs fondateurs ont entrepris de faire fortune en polluant l'esprit de nos enfants. Les aventures de Tintin, ou de Gaston Lagaffe vont être remplacées par celles de Honoré Vapété, de Jeanine Lapine, ou de Mathieu le Dégueu … Bravo, Messieurs les profiteurs américains, bravo l'équipe française qui a si bien adapté le raz de marée des immondices, bravo les quelques psychiatres qui voient là une salutaire soupape de sûreté à de vils instincts «trop souvent refoulés». Si vous ne réagissez pas immédiatement et énergiquement contre cette pollution des esprits, ne vous étonnez pas si vos enfants partent à la dérive et finissent à la cocaïne. La discipline reste le rempart de la liberté». Certains éducateurs réagissent d'une façon plus nuancée: «Il est bien de surveiller de près ce que lisent les enfants, mais n'oublions pas que certaines émissions de télévision sont tout aussi dangereuses. Elles structurent en profondeur la sensibilité de l'enfant. C'est plus insidieux». Alain Chiapello, psychiatre d'enfants, va dans le même sens: «Nous sommes dans un siècle où la télévision entraîne une confusion entre l'imaginaire et la réalité». Et il ajoute: «C'est se moquer des enfants et les prendre pour des imbéciles que de vouloir leur faire croire qu'il n'y a pas de laideur dans le monde. Les crados leur permettent de maîtriser cette laideur. Ils correspondent chez l'enfant au besoin de dédramatiser l'horreur par l'humour.» Côté «business» Résultat du «business»: aux Etats-Unis, un milliard de pochette sont été écoulées en deux ans et en Grande-Bretagne, quatre-vingts millions sur un an. Alain Pinto, l'éditeur parisien qui a eu l'idée d'importer le phénomène des Etats-Unis s'explique: «Nous avons eu quatre mois de préparation avec des groupes d'une dizaine d'enfants venus de tous horizons réunis chaque mercredi dans un «brain-storming» alimenté de carambars; les crados sont ainsi enfantés dans le délire le plus total. Le visuel américain est conservé, le texte résolument français, et il n'y a pas un seul «gros mot»! Aux Etats-Unis, la mode des crados est déjà finie. En l'espace de deux ans, ce phénomène nauséabond a disparu. Ce n'était qu'une mode, une de plus… Heureusement! |
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