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Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
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Les subtilités de l'âge bête

Et si l'âge bête n'était pas si bête que cela? Cette étape ambiguë, qui plonge les adolescents dans une mystérieuse et sublime idiotie, n'a pas fini d'exaspérer les parents et d'exciter la curiosité des spécialistes.
L'enfant, qui faisait jusqu'alors la fierté de sa famille, bascule soudain dans un puits de sottise, dont rien ne semble devoir le sauver et il devient le champion des plaisanteries stupides, des calembours navrants ou des rengaines sans queue ni tête.
Agé de treize à quinze ans, ce nigaud paraît sortir de l'enfance pour se précipiter tête baissée dans un comportement volontairement ridicule et ostensiblement dirigé contre ses parents. Adepte du non-sens, il profère volontiers des énormités ou des phrases dépourvues de toute signification.

Une parenthèse affligeante

Cette bêtise, qui prend parfois des aspects surréalistes, a des représentations qui parsèment la littérature enfantine: Gribouille qui plonge dans un ruisseau pour échapper à l'averse, Bécassine qui fouette une jatte de lait pour confectionner de la crème fouettée, les soeurs Fenouillard qui promènent leur profil ingrat et leurs membres maigrichons entre deux crises de larmes, sont de parfaits symboles de cet âge ingrat.
Pourquoi donc les adolescents s'offrent-ils le luxe de cette parenthèse affligeante entre une enfance radieuse et une maturité raisonnable? «Le fonctionnement bête est une manière d'utiliser l'intelligence contre elle-même pour contrôler l'intensité des mouvements affectifs à l'adolescence» explique Paul Denis (psychiatre).
A l'âge où leur corps se transforme, où leurs pulsions se modifient et où ils sentent échapper un peu de leur enfance, les adolescents se protègent du réel par des attitudes volontairement outrées. Au sentiment de leur propre étrangeté répond une cascade de grimaces et de locutions grotesques, qui sont à la fois une fuite en avant et une façon d'accorder leur comportement à leur état.
Cette conduite «bête» est intimement liée au regard que les adolescents portent sur leurs parents. Découvrant progressivement leur propre sexualité, les enfants la comparent à celle de leurs géniteurs qu'ils jugent grotesque, pitoyable, et à laquelle ils refusent de s'identifier.
Le rire tient éloignée la problématique du désir de l'adolescent qui a l'impression de posséder le secret sexuel adulte, tout en étant persuadé que sa propre sexualité doit restée cachée. La bêtise devient alors un «cache-sexe», une issue à l'excitation qui ne peut se décharger dans les zones érogènes.

Une crise de la famille

En faisant l'expérience de leur sexualité, les adolescents prennent conscience qu'ils seront, un jour, des parents chassés à tout jamais du territoire de l'enfance. Ce sentiment est renforcé, chez certains, par la peur de devenir plus savants que leurs aînés, par la crainte de les dépasser, de quitter leur statut d'enfants. Plutôt que d'assumer cette faillite, ils se jettent dans une bêtise qui leur évite d'admettre que les adultes sont tombés de leur piédestal. Leur apparente niaiserie constitue une façon de provoquer les «grands», pour leur faire comprendre que l'adolescent demeure un enfant qui mérite d'être protégé.
Cette attitude étrange est une forme d'équilibre relationnel, mais aussi une sorte de vengeance des enfants, dont le seul pouvoir est le grotesque. Les parents le ressentent douloureusement et s'en irritent: comment accepter sans colère la désinvolture d'un adolescent qui perd sans arrêt ses affaires ou qui oublie tous ses livres, au moment de partir pour l'école? Comment ne pas s'impatienter devant le culte voué à de médiocres idoles de la chanson ? Les adultes, bien souvent, se sentent fâcheusement remis en question et supportent mal l'image d'euxmêmes que leur renvoient ces benêts professionnels.
La crise de l'adolescence est aussi une crise de la famille et des parents. Ceux-ci comprennent que leur enfant leur échappe, qu'il ne sera pas toujours le fragile bébé, dont la survie dépendait entièrement de leurs soins attentifs.
Cette étape de la vie familiale provoque parfois des conflits entre les parents, qui se renvoient mutuellement la paternité de l'enfant déchu. D'autres adultes se replient sur une complicité douteuse avec l'adolescent, ne craignant pas de plonger, à leur tour, dans un âge bête tardif et déplacé pour éviter le conflit.
Ce comportement parental est nocif. Pour qu'il existe un âge bête, il faut que subsiste un certain nombre d'interdits et de limites. L'effacement des barrières intergénérationnelles provoque un vide qui peut entraîner des troubles du comportement.
L'adolescent a besoin de s'affronter à une autorité, tout en préservant son espace secret, afin de vivre pleinement cet âge bête qui sera le support de sa future intelligence.
«Nous serons en grand danger, remarque le philosophe François George, le jour où les adolescents cesseront de nous prendre pour des imbéciles».









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