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Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
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RETOURJournal d'une mère dont la fille a seize ans Ma fille aînée vient d'avoir seize ans et, pour la première fois, elle est amoureuse. Après avoir essuyé une petite larme d'émotion sur une musique d'il y a longtemps: «Ah ! c'est beau d'avoir seize ans», je retombe sur terre, et je me fais mal: «Comme le temps passe !» D'abord, je n'ai pas envie qu'elle souffre, ma belle, mon bébé! D'accord, ça n'est pas en mon pouvoir de le lui éviter. Mais gare à celui qui lui fera de la peine. Il n'a pas intérêt à me tomber sous la main, ou je lui arrache les yeux! Dans le fond, je suis contente pour elle, mais aussi je suis inquiète. Ce premier amour encore romantique et innocent, outre la perspective qu'il puisse ne pas durer toujours et qu'elle risque d'en souffrir, annonce que quelque chose pourrait bien changer dans les mois, ou plutôt… dans les années à venir, s'il ne tenait qu'à moi. Bien sûr, depuis sa plus tendre enfance, j'ai toujours parlé ouvertement de l'amour et de l'amour avec ma fille. Elle est parfaitement au courant de «toutes ces choses»», comme on dit. A l'école, elle a suivi des cours d'éducation sexuelle, et d'autres spécialement réservés au thème du SIDA. Elle lit également les journaux. Mais tout cela reste bien théorique dans sa jeune tête. Elle a aussi appris à manier les chiffres à l'école et à connaître son livret sur le bout du doigt, mais je l'ai observée un jour qu'elle vendait des objets au stand d'une kermesse, et elle avait bien du mal à rendre la monnaie sans se tromper dans ses calculs. De la théorie à la pratique, ii y a autant de différence qu'entre un enfant, qu'elle est encore, et une femme, qu'elle n'est pas encore tout à fait. Alors, la pilule, le préservatif, bien sûr on en a parlé. Mais c'était toujours pour beaucoup plus tard! Aujourd'hui, il est bien évident que je préférerais que ma fille prenne sa dose d'hormones le moins tôt possible. Quant au préservatif, qui va maintenant de pair avec la pilule, je vois mal comment j'en présenterais les attraits à ma fille. Il est, on le crie sur tous les toits, devenu indispensable, comme la cuirasse l'est au guerrier pour lui éviter le coup mortel. Avant ma génération, on l'utilisait pour éviter de donner la vie et aujourd'hui, par peur de la perdre. Je suis donc incapable de dire à ma fille où s'arrête la tendresse et où commence le danger. J'ai peur de lui taire trop peur, et j'ai peur qu'elle oublie d'avoir peur. «Alors vois-tu, ma grande, ma belle, l'amour c'est… Non, je veux dire l'Amour c'est… Eh bien, c'est ta vie. Crois-y, mise sur l'Amour sous toutes ses formes, de toutes tes forces. Il n'y a que ça de vrai! »L'Amour, vois-tu, c'est aussi l'Amour de ta vie, l'Amour de la nature, l'Amour de ce qui existe, de ce qui vit, de Dieu, des gens, d'un homme. A toi de choisir l'Amour qui te définit, de trouver ton chemin, de choisir ta voie, de contourner les obstacles ou de les surmonter. C'est cela qui te fera grandir.» Et moi, et moi, et moi… «Moi qui te vois partir, t'éloigner de moi imperceptiblement, je ne pourrai pas te couver indéfiniment sous mon aile. Je ne pourrai bientôt plus te protéger des autres. Ça devient ton problème, et j'espère t'avoir donné la force de bien l'aborder. »Mais je peux encore beaucoup pour toi. Je vais continuer mon chemin, ma recherche du sens de la vie. Je vais aimer la vie encore, surmonter les obstacles, tomber puis me relever, rire et pleurer avec vingt ans d'avance sur toi. Maintenant que tu deviens grande, je vais vivre plus intensément pour moi-meme. »Et puis, quoi qu'il arrive, quoi qu'il t'arrive, je serai toujours là pour toi. Ma maison sera toujours ta maison, là où je serai, ii y aura toujours une place pour toi. »Je dois accepter que je ne sois plus tout pour toi et que d'autres que ta famille occupent une place dans ton coeur. »Maintenant, la parole est à toi. Voilà ce que je voulais te dire pour ton seizième anniversaire.» |
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