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Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
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Les désirs gaspillés

Joyce est une charmante petite fille de 8 ans, une de ces petites filles qu'on dit «comblée». Elle a un papa qui travaille, une maman qui travaille, et un grand frère.
Etant invitée chez eux il y a quelque temps, Joyce me dit, tendant sa main: «Viens voir ma chambre!» Lorsque je franchis le seuil de cette chambre de taille normale, près de la cuisine, dans un appartement ni trop modeste, ni trop luxueux, je crus entrer dans un magasin de jouets. «J'ai 126 peluches», me dit-elle fièrement. En effet des ours de diverses tailles, des otaries, des écureuils, des tortues, etc. trônaient un peu partout, parmi les poupées, les berceaux, et tout autour du lit. «Tu vois, je n'ai qu'une toute petite place pour dormir», dit-elle en riant.
Je me suis extasiée, pour la forme, parce que je ne pouvais ni l'attrister ni la décevoir, mais des questions, sans réponses, se pressaient en moi. Je pensais à tout ce qu'on appelle «des lieux communs, des idées toutes faites»: il y a des enfants qui jouent avec une cuiller en bois en lui donnant un nom, dans des pays très pauvres… ou, quand j'étais petite nous avions un cadeau à Noël et un pour notre anniversaire… et, où iront ces jouets fanés dans quelques années ? Aux petits pauvres? A la poubelle? Brûlés? Récupérés?
Je peux me dire que je ne suis plus dans le coup, que la consommation est un mode de vie, que même si Joyce avait peu de jouets cela n'en donnerait pas aux enfants du quart monde. Je peux aussi conclure que la gratuité est une vertu. On leur achète n'importe quand, ce qu'ils veulent, pourvu qu'ils en aient envie et le demandent gentiment!
La frustation est-elle un apprentissage de vie ou un mal pour l'avenir?
Je n'ose pas répondre, mais quand je vois dans un super-marché les petits jouets et les bonbons dans des casiers très bas pour tenter les petites tailles, cela m'inquiète. Rares sont les adultes accompagnants qui disent non, et rares sont les tout-petits qui ne répondent pas à ce non par des hurlements.
Ce gaspillage de générosité, ou de pseudo-générosité, me fait peur. Que cache-t-il dans le présent? que réserve-t-il pour l'avenir? Est-ce qu'un enfant gâté sera gâté, c'est à dire abimé? On dit: il est gâté, ou même, il est pourri. Comme d'un fruit.
On ne peut pas répondre, car avant, les parents ne pouvaient pas ou ne voulaient pas dépenser leur argent. Maintenant, même dans les familles à budget modeste il semble ne pas y avoir d'hésitation à répondre aux désirs de l'enfant. La chambre de Joyce se voit très fréquemment et dans n'importe quel milieu, en Europe, aux U.S.A., etc. De quoi est comblé un enfant qui a 126 peluches dans sa chambre?
Je suis toute prête à accepter que c'est moi qui ne comprends pas, dans la mesure où on me donnera une explication valable. Sans doute faudra-t-il attendre pour cela que Joyce et tant d'autres soient adultes, afin de voir en eux le résultat de cet apparent gaspillage.
Est-ce qu'on aura cassé leurs désirs, leurs envies, ou est-ce que l'absence de frustrations aura fait d'eux des adultes épanouis?









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