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L'art du bon dosage
L'autorité c'est comme l'amour, il faut savoir en dispenser, sans tomber dans l'excès et au bon moment.
Interdire d'interdire? Alors, forcément, avant de trouver la bonne mesure, on oscille entre le laxisme et l'autoritarisme. A juste titre, on rejette l'un et on craint l'autre. Et, du coup, on comprend mieux les nuances plus subtiles de l'autorité.
Une autorité structurante
La meilleure forme d'autorité envers l'enfant serait celle qui l'aide à se structurer, se sécuriser et se développer dans le respect de soi et de ses parents. C'est ce qui se passe, de façon naturelle, entre les parents et le tout-petit avant dix-huit mois, de l'avis de nombreux psychologues et médecins spécialistes de l'enfance. «Le sentiment de justice est fort chez l'enfant», explique Danièle Rapoport, psychologue attachée à l'hôpital Necker à Paris.«Il sent lorsque l'autorité est structurante pour sa sécurité, il sait où est son bien, et ceci n'est pas toujours lié au sempiternel «c'est pour ton bien» exprimé si souvent par les adultes.»
Comment, par exemple, interdire à l'enfant de jouer avec des allumettes? Au fond, faire preuve d'autorité, n'est-ce pas aussi le protéger des dangers de la vie? Avant dix-huit mois, le petit agit par mimétisme, et il est plutôt préférable d'édicter des règles de vie en y associant des mesures de sécurité et en les accompagnant d'une courte explication. Lui interdire de façon péremptoire de jouer avec une flamme qui lui brûlera la main ne sert à rien si lui-même n'a pas senti la chaleur en approchant (de loin) sa main
Lui administrer une fessée: ce geste impulsif ne le convaincra pas qu'il vient de courir un danger. L'attitude des parents est souvent une réaction de panique, et non une preuve d'autorité. Dans ces circonstances, il vaudrait mieux lui expliquer brièvement, une fois calmés, pourquoi vous avez eu peur, par exemple, par une petite histoire ou un jeu.
La fermeté plutôt que l'autorité rigide
En fait, un regard sévère ou un «mon amour» dit sur un ton ferme sont parfois plus efficaces qu'une gifle, à partir du moment où l'enfant (vers l'âge de dix-huit mois) saisit le bien-fondé de l'autorité. Il est préférable d'user de fermeté plutôt que d'une autorité rigide qui ne justifie pas toujours les interdits. L'enfant peut comprendre qu'on lui interdise de regarder la télévision après 20 h 30
à condition de savoir déroger à cette règle en souplesse quand, un samedi soir, une émission l'intéresse. Ainsi l'interdit sera-t-il compris et ne deviendra-t-il pas un principe rigide et une éventuelle source de conflit. La fonction éducative de l'interdit est importante pour la sécurité de l'enfant, pour lui faire connaître les règles de la société ou les codes familiaux qu'il apprendra à respecter parce qu'il a envie de plaire et de s'intégrer.
L'exemple plutôt que la réprimande
A ce stade intervient également la notion d'autodiscipline de l'enfant, l'aspect purement éducatif de l'autorité. Un enfant discipliné n'est pas forcément un enfant soumis ou dénué de caractère. Il peut se plier sans broncher aux désirs et aux règles de ses parents parce qu'il y adhère, parce qu'il les a peu à peu intégrés. Rien ne sert de lui hurler sur tous les tons qu'il doit suspendre son manteau en rentrant de l'école s'il n'a pas de porte-manteau à sa portée ou si le vôtre traîne tous les jours sur une chaise. Bien souvent l'enfant agit par mimétisme et respecte les règles que suivent ceux de son entourage qu'il aime ou qu'il admire.
Les bêtises du «Bon Petit Diable» ou des «Malheurs de Sophie» de la comtesse de Ségur dérivaient justement d'une accumulation d'interdits, de règles de «bonne conduite» qu'aucune valeur réelle ne fondait. Or, trop, c'est trop. Trop de permissivité, trop de laxisme désorientent l'enfant, trop de contraintes l'étouffent et lui donnent envie de les transgresser allègrement. Le risque étant, dans les deux cas, qu'il ne sache pas vraiment ce qui est bon ou mauvais pour son bien-être. D'autant que l'enfant «re-teste» l'autorité parentale à chaque stade de son développement; c'est sa manière à lui dé s'adapter au monde.
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