Accueil
   

 

 

 

RECHERCHES
Rechercher un mot dans les articles:


Recherche avancée
• par mots
• par thèmes

ARCHIVES DE TOUS LES ARTICLES



AUTRES MENUS
ACCUEIL
ADRESSES
  • Adresses utiles
  • Bibliographie
  • Liens Internet
LE JOURNAL






Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
En dehors du grand intérêt pour vous de cette matière exceptionnelle, que vous soyez jeune parent, chercheur dans une université ou simplement intéressé par l'évolution des comportements humains, votre soutien par l'intermédiaire d'un abonnement nous est indispensable.
Pour les pays lointains et si vous ne désirez pas profiter de la version papier, un abonnement sous forme de pdf est accessible au même prix annuel de CHF 30. Il vous donne un accès complet aux archives
RETOUR

Confiance entière

Toutes choses concourent au bien de ceux qui aiment Dieu.

Il semble impossible qu'une mère chrétienne n'ait pas la foi complète et ne montre qu'une demi-confiance en Dieu insuffisante à la débarrasser de tous ses soucis, et à lui donner au milieu des ennuis et des peines la sérénité du vrai croyant. N'a-t-elle pas sous ses yeux le modèle parfait de la confiance complète, de la foi absolue, de la tranquille sérénité: son enfant? Le voit-elle s'inquiéter lorsque le prenant par la main elle lui dit: Viens, bébé, nous allons voir une dame ? A-t-il peur, quand de ses grands yeux étonnés il regarde ce train où on le fait monter pour la première fois? Non! l'enfant prend la main de sa mère et tranquille désormais il va ! il s'assied sur ses genoux, pose la tête sur son sein, et en dépit du bruit, de tout ce qui l'effrayerait s'il était seul, il dort plein de confiance. On dirait que dans cet asile les mauvaises pensées ne peuvent l'atteindre. Quelle leçon, quel exemple pour nous !

Que les mères chrétiennes, qui n'auraient pas réfléchi à cela, apprennent de leurs enfants. En nous disant: «Si vous qui êtes mauvais savez donner de bonnes choses à vos enfants, combien plus votre Père céleste les donnera-t-il à ceux qui les lui demandent». Jésus a indiqué clairement de quelle nature doivent être nos rapports avec Dieu. Toute la création repose pour ainsi dire sur ce principe de l'amour de l'Etre qui crée pour la chose créée. Depuis Dieu jusqu'à l'animal, tout dans l'univers nous donne des preuves de la sollicitude dont les parents entourent leur progéniture. Il n'y a ni à discuter, ni à douter.

Dieu est notre Père; il a pour nous la tendre sollicitude, le vigilant amour d'un Père pour ses enfants; il veille à nos besoins matériels et spirituels, nous accordant tout ce qui est nécessaire au bien de notre âme, nous refusant ce qui pourrait nous être nuisible; toute chose qu'il nous envoie doit concourir à notre bien. Il est le plus sûr, le plus prudent, le plus tendre, le plus dévoué des pères. Et nous ? Sommes-nous les plus tendres, les plus reconnaissants, les plus confiants, les plus obéissants, les plus soumis des enfants? Il remplit jusqu'au bout ses devoirs envers nous; comment remplissons-nous les nôtres ?

Nos enfants, tout petits, sentent d'instinct que nous sommes leur refuge, leur appui, leur force; ils sentent notre amour, ils y comptent; ils ont en notre toute-puissance une confiance absolue; ils nous portent leurs jouets cassés, leurs cordes nouées, leurs ouvrages emmêlés: «maman, arrange ma poupée! maman, je ne peux défaire ce noeud ! maman, ma maille est tombée! aucune inquiétude que maman ne puisse arranger cela! Et si maman occupée répond : «je n'ai pas le temps maintenant; je le ferai plus tard, mon chéri.» L'enfant s'en va tranquille, confiant: maman a promis, c'est comme si c'était fait.

Comme ils nous font honte, ces petits, comme nous pouvons rougir devant eux! Allons-nous à Dieu, comme nos enfants viennent à nous, pour lui porter nos peines, chercher chez lui la force ? Oui, sans doute! mais ce n'est peut-être que dans les grandes occasions. Ne pensons-nous pas souvent: «ce n'est pas la peine; Dieu ne s'occupe pas de si petites choses!» Et quand il ne nous accorde pas tout de suite, ce que nous demandons, savons-nous attendre patiemment confiantes en sa promesse.

Nous murmurons de ce que nous devons vivre éloignées de nos enfants. Mais ne savons-nous pas que rien n'arrive sans sa volonté, et que «toutes choses concourent à notre bien et à celui de nos enfants!» Or s'Il nous a mises dans une situation telle que nous devions envoyer nos enfants loin de nous, c'est simplement parce qu'il est nécessaire à notre enfant d'être loin, à nous de nous en séparer.

Toutes les plantes ne doivent pas être soumises à la même culture; chacune exige son sol, sa place, ses soins particuliers; celle-ci veut du soleil, un sol sablonneux, peu d'engrais, peu d'eau; celle-là exige l'ombre, l'humidité, le sol noir des forêts; l'edelweiss croît sur les Alpes; le liseron rose s'enlace aux grands épis. Il en est de même de nos enfants. Celle-ci a besoin pour se développer des soins vigilants de sa mère, de l'atmosphère chaude de la famille, celle-là y étoufferait; il lui faut l'air rude des Alpes, les intempéries, les rochers; c'est-à-dire les âpres luttes pour la vie, l'indépendance, les peines.

Soumettons-nous donc en vraies chrétiennes, en vraies enfants confiantes, à la volonté de notre bon Père. Si nos enfants doivent nous quitter, remettons-les entre ses mains, disons simplement: «Seigneur, tu me les prends; c'est que cette séparation nous est nécessaire à toutes deux; apprends-moi à le reconnaître et à en profiter selon ta volonté.» Cela dit, soyons tranquilles.

Toutes les fois que nous faisons la volonté de Dieu, nous pouvons marcher sans inquiétude; les obstacles tomberont devant nous, les difficultés s'aplaniront et nous arriverons au but sans peine. Quand on s'habitue à chercher la volonté de Dieu, on finit par la reconnaître très vite. On arrive à vivre en parfaite communion avec Lui, à le sentir près de soi, à toute heure du jour; on parle tout bas avec Lui, comme avec un Ami qui est à nos côtés. Rien n'est difficile alors; les tentations ne nous sont pas épargnées. Oh ! non. Mais il est là. Comme le petit enfant, on prend sa main et on n'a pas peur; on regarde le danger en face; ainsi notre petit assis sur nos genoux regarde les cornes du boeuf qui lui fait peur.

Jésus a dit: «Soyez parfaits comme votre Père qui est aux cieux est parfait.» Vous a-t-il donné là une tâche impossible? Non! Il ne nous fixe aucun but que nous ne soyons capables d'atteindre. Lui-même y est arrivé et nous a donné son exemple à suivre. Comment y est-il arrivé ? Par la communion constante avec son Père. On peut dire de Jésus qu'il a vécu avec son Père comme l'enfant dans les bras de sa mère. Il l'a toujours senti en lui, avec lui. Si nous faisions comme lui, nous résisterions à bien des tentations.

Je voudrais terminer cette méditation par une courte histoire qui fera peut-être un peu de bien aux mères inquiètes, qui n'ont qu'une demi-confiance, et à celles qui ont à se faire le reproche de n'avoir pas su élever leurs enfants avec douceur. Cette histoire est vraie, c'est la mienne. Je n'ai pas toujours été une chrétienne cherchant à imiter Jésus, et à vivre en communion avec son Père.

Etant jeune, j'ai été coquette, mondaine. J'étais religieuse par nature et par habitude; mais je n'étais pas convertie; j'aimais bien Dieu, mais quelles drôles de choses ne lui ai-je pas demandées parfois! C'est par mon enfant, que j'ai acquis la vraie foi. Le jour où elle me fit une vraie peine, elle était pourtant bien petite, je compris l'amour de ma mère, et par là celui de Dieu. Une fois sur cette voie j'avançai rapidement; par la simple observation de mon enfant, par la réflexion, j'arrivai à la foi absolue dont je vous ai parlé. On demandait à Newton comment il avait fait pour découvrir les lois de la pesanteur. Il répondit: «en y pensant toujours.» Eh bien! c'est en y pensant toujours que j'ai découvert ma religion.

Je devais bientôt en avoir besoin. Quelque temps après ma conversion, la perte de mon mari et des revers de fortune m'obligeaient à gagner ma vie et celle de ma fillette. Il fallait agir vite; il n'y avait pas à attendre. Il fallait manger, et faire manger. Des amis me trouvèrent rapidement une place d'institutrice dans une riche famille à l'étranger, et je partis. Me voyez-vous moi qui n'avais jamais quitté ma famille, qui avais été élevée dans une certaine aisance, monter dans le train qui devait m'emporter à l'autre bout de l'Europe, laissant derrière moi ma fillette âgée de 10 ans, dans une pension, chez des étrangers. Je ne savais rien de la famille où j'allais; il faisait ce jour-là un brouillard si épais que je ne voyais pas les arbres de la route; seule dans mon compartiment, je pensais à ma fillette que je ne devais pas revoir d'un an, à mes parents ruinés, à ma mère infirme et malade, à l'avenir enveloppé de brumes, comme le pays vers lequel je roulais et pour ne pas pleurer, je me mis à chanter: «Prends ma main dans la tienne et conduis-moi.»

Ce chant, agit. Je me rappelai la bonté de Dieu qui en m'envoyant la ruine, m'avait immédiatement donné la place qui allait me permettre de nourrir mon enfant. Je me dis que s'il nous avait séparées c'était pour notre bien; je m'appliquai à chercher les raisons que Dieu avait pu trouver pour nous séparer. Ce ne fut pas très long; j'étais vive, impatiente; je m'emportais souvent contre ma fillette, qui douce, un peu molle, paresseuse, désordonnée, avait le don de m'énerver. Bien souvent, je m'étais mise en colère sans grand sujet; bien souvent, je l'avais aigrie, butée, lassée, découragée. Tout cela me revint à l'esprit et je conclus: «Mon Dieu ce que tu fais est bien fait. Apprends-moi, montre-moi ce que je dois faire. Garde mon enfant, que je ne savais pas élever, et fais que cette séparation nous profite.»

Et elle nous a profité. Je trouvai dans la famille où j'allais, une fillette un peu infirme, d'intelligence lente, qui me donna beaucoup de peine, et exerça ma patience. La vie chez des étrangers m'habitua à calmer, à dompter mes vivacités; en voyant d'autres enfants de très près, je jugeai d'autant mieux les qualités de la mienne. De son côté celle-ci, privée pour la première fois de sa mère, se voyant pauvre, alors qu'elle s'était crue riche, comprenant les sacrifices que je faisais pour elle, sortit de son indolence. Elle oublia les vivacités de maman, pour ne se rappeler que ses caresses. Elle se mit au travail pour faire plaisir à maman. «Maman» devint l'unique objet de ses pensées; elle se développa moralement. Grâce à une correspondance nous vivions l'une près de l'autre.

On dit souvent dans une lettre beaucoup de petites sottises qu'on n'oserait avouer de vive voix. Elle s'habitua à tout me dire. Moi, de loin, je sermonnais, doucement, gentiment, sans gronder; lui montrant que je la traitais en grande fille, qui n'a besoin que de conseils, mais non de gronderies. Elle questionnait, m'ouvrait son coeur, me disait ses mauvaises pensées, ses tentations, ses victoires.

Quatre ans ont passé. Suzanne est maintenant une fillette de quatorze ans, pieuse, raisonnable, toujours douce, mais travailleuse, et surtout désireuse elle aussi d'imiter Jésus. Nous ne nous voyons qu'une fois par an aux grandes vacances; mais alors c'est le paradis. Aucune enfant n'est plus prévenante, plus douce, plus confiante; je lui ai simplement dit une fois que j'avais des défauts comme elle, qu'elle ne devait pas me croire une perfection; que je m'appliquais à me corriger, et qu'elle devait m'aider. Maintenant nous sommes comme deux amies; elle me dit souvent: «Oh! maman, maintenant je vois bien que Dieu voulait notre bien en nous séparant; aucune de mes petites amies ne vit avec sa mère, comme je vis avec toi, et pourtant elles la voient chaque jour. Je suis bien plus heureuse qu'elles. Quoique tu sois loin, je te sens partout avec moi; tu veilles à tout, je ne manque de rien; tu me fais comprendre le bon Dieu.» «Et c'est toi, ma chérie, lui ai-je répondu un jour, qui m'as fait revenir à lui!»









www.entretiens.ch fait partie du réseau « NETOPERA - culture - société - éducation sur Internet » et pour la photographie PhotOpera - Uneparjour || DEI - Défense des Enfants - International
ROUSSEAU 13: pour allumer les lumières - 300 de Rousseau  ROUSSEAU 13: les IMPOSTURES - 300 de Rousseau - portraits déviés PHOTOGRAPHIE:Nicolas Faure - photographe d'une Suisse moderne - Le visage est une fiction - photographie de l'image brute - Laurent Sandoz - comédien et acteur professionnel - Genève