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Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
En dehors du grand intérêt pour vous de cette matière exceptionnelle, que vous soyez jeune parent, chercheur dans une université ou simplement intéressé par l'évolution des comportements humains, votre soutien par l'intermédiaire d'un abonnement nous est indispensable.
Pour les pays lointains et si vous ne désirez pas profiter de la version papier, un abonnement sous forme de pdf est accessible au même prix annuel de CHF 30. Il vous donne un accès complet aux archives
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«C'est pour ton bien!»

- C'est pour ton bien.
- On te demande seulement d'être heureux.
- Pas de ça chez nous!
- Laisse tomber, je le ferai moi-même.
- Trop tard, le mal est fait.
- Je vais t'en donner, des raisons de pleurer!
- Quand tu seras grand, tu me remercieras.
- Tu seras toujours la petite fille à sa maman.
- Quand je pense à tout ce que j'ai fait pour toi.
- Mais enfin, quel âge as-tu?
- Je suis le père, c'est moi qui commande.
… Qui n'a pas entendu une de ces petites phrases lorsqu'il était enfant, qui n'en n'a prononcées une fois devenu adulte?
Les formules du genre «c'est pour ton bien» que les parents utilisent lorsque l'enfant refuse de se plier à leur décision, sont moins innocentes qu'il n'y paraît. Elles peuvent refléter un véritable code familial, un mode de comportement qui détermine les relations parfois sur plusieurs générations. Derrière les clichés du langage se cache la réalité des rapports de force. Derrière les bonnes intentions de chacun se dessine l'écran plus ou moins flou des attentes informulées, des missions impossibles, des messages mal transmis.

Les véritables besoins de l'enfant

Ces petites phrases sont souvent sources de conflits familiaux. Comme c'est commode de dire «c'est pour ton bien» lorsqu'on veut voir son fils se consacrer à des études de pharmacie plutôt qu'à la peinture, lorsque les fréquentations de notre progéniture nous déplaisent et que nous souhaitons les voir cesser. En utilisant cette phrase, les parents se définissent comme dévoués, plein d'abnégation, laissant entendre que tout ce qu'ils font, ils le font uniquement pour l'enfant, de manière désintéressée. Ils nient leur propre intérêt. Il faut préciser qu'en général ils sont convaincus qu'ils agissent effectivement pour le bien de l'enfant. Mais cette attitude revient à truquer la relation avec l'enfant en misant sur l'amour familial. En réalité, sous prétexte de s'occuper de l'autre, on décide à sa place ce qui est bien pour lui. Les parents doivent comprendre qu'un enfant existe comme partenaire valable de communication. Il est important pour lui de voir qu'il est capable de différencier ce qui lui convient de ce qui ne lui convient pas, de distinguer entre les besoins qu'on cherche à lui imposer et ses véritables besoins.
Le même argument sert parfois aux parents à justifier des violences verbales ou physiques.
Un père bat son fils et déclare: «C'est pour son bien, c'est le seul moyen de lui faire comprendre». Le père nie ainsi ses propres besoins, ses limites, au lieu d'admettre qu'il a cédé à la violence parce qu'il était énervé, en colère ou fatigué.
Des moments de violence se produisent dans tous les foyers. Dans certaines familles lorsque les parents se sont montrés trop violents, ils demandent pardon à l'enfant. Cela permet à ce dernier de comprendre leur attitude, cela l'aide à agir de même dans ses relations avec les autres.
Il arrive que des parents disent: «J'ai été battu, je me suis juré de ne pas le faire avec mes gosses… et voilà, je le fais quand même». A travers les enfants, les parents règlent leurs comptes avec leurs propres parents.

Pas le droit d'être triste

Voilà une situation paradoxale qui peut précipiter un enfant dans la dépression.
Imaginons un enfant né au sein d'une famille où tout le monde est sensé être heureux, ou plutôt où les parents souscrivent entièrement à l'idée que la belle humeur ensoleillée d'un enfant constitue la meilleure preuve de la réussite parentale.
Que va-t-il se passer lorsque cet enfant sera de mauvaise humeur ou fatigué, qu'il aura peur de l'obscurité ou d'aller chez le dentiste, qu'il refusera d'aller aux louveteaux? Pour les parents ce sera une accusation d'autant plus parlante qu'elle sera silencieuse, une preuve de leur échec. Ils se défendront en rappelant à leur enfant tout ce qu'ils auront fait pour lui, tous les sacrifices qu'ils auront consentis. L'enfant aura en fait peu de droit ou de raison de ne pas être heureux.
La dépression tient à la capacité de se répéter perpétuellement ce que l'on s'est entendu dire pendant son enfance, à savoir qu'on n'a pas le droit ni aucune raison d'être triste. Les parents qui attendent de leur enfant qu'il soit heureux lui prescrivent quelque chose qu'il devrait trouver lui-même. Ils lui disent quel sentiment il doit ressentir, au lieu de respecter les sentiments que l'enfant éprouve réellement.

Le bonheur familial est-il un mythe?

«Chez nous, jamais un mot plus haut que l'autre!»
Cette phrase-type correspond à la volonté des parents d'abolir toute forme de conflit, comme si l'harmonie excluait les affrontements. C'est le mythe de l'harmonie qui interdit, non seulement d'élever la voix, mais encore d'exprimer une opinion contradictoire.
Cette quête de la perfection familiale implique que toute différence est dangereuse et que les membres de cet ensemble familial n'ont pas la possibilité de changer ou d'évoluer. Ainsi on peut voir des enfants qui, devenus adultes, se sentent laissés pour compte chaque fois que leur conjoint conteste leur point de vue, ou des adultes qui auront trop peur de s'affirmer pour faire concurrence à qui que ce soit et qui transmettront à leurs propres enfants la leçon qu'ils ont apprise: que la différence est préjudiciable.
Alors, le bonheur familial n'est-il qu'un mythe? Le bonheur, c'est quand on découvre combien on s'aime sans avoir besoin de formule.
Chaque acte généreux, chaque pardon, chaque éclat de rire qui survient soudain lorsqu'on vient de se déchirer est un moment irremplaçable d'intense bonheur.









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