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Indépendance
Lorsqu'un garçon prétend avoir des opinions différentes de celles de ses parents, au point de vue religieux ou autre, faut-il s'en préoccuper?
En entendant poser cette question ma première pensée a été pour ce père et cette mère qui, il y a près de deux mille ans, allaient à Jérusalem avec leur fils pour y célébrer la fête de Pâques et passèrent trois jours à le chercher.
- Jésus alors avait douze ans, l'âge de nos écoliers, comme eux il avait besoin d'indépendance. Ses parents lui avaient enseigné à exercer ses devoirs religieux comme nous le faisons pour nos enfants, mais cela ne lui suffisait pas; tout ce qu'il entendit et vit dans le temple l'intéressa, il était avide d'apprendre. Cela lui semblait tout naturel de profiter d'une telle occasion.
Pendant les heures qu'il passa aux pieds des rabbins il apprit à connaître son Dieu, il découvrit son Père Céleste, mais n'est-il pas permis de supposer que dès ce moment aussi il a commencé à reconnaître les faiblesses des scribes et des pharisiens ? Que les inconséquences des Israëlites, celles même de ses parents se sont présentées à son esprit ? Avoir un Dieu tel que celui dont ont parlé les prophètes et le servir comme le font ceux avec lesquels il vit ! Venir au temple une fois par année et n'en pas profiter pour s'entretenir, avec ceux qui ont entre les mains tous les livres sacrés !
Lorsque ses parents l'eurent retrouvé et qu'à trois ils reprirent le chemin de la maison, il leur parla de ce qu'il avait découvert, et eux durent le trouver quelque peu révolutionnaire.
Sa mère, nous est-il dit, retenait toutes ces choses dans son cÅ“ur, elle en était sans doute tourmentée car elle ne pouvait pas comprendre q'un fils si soumis, (un si brave garçon dirait-on aujourd'hui) eut une telle indépendance de pensées, un tel besoin de tout comprendre, de tout savoir.
Jésus n'a pas cherché à s'excuser, il a tout simplement expliqué ce qu'il avait fait.
Pour qu'un garçon agisse ainsi il faut qu'existe entre lui et ses parents une grande confiance. Dans une famille où ne règne pas la confiance; la mère n'aura guère de soucis à se faire au sujet des idées subversives de ses enfants, car elle ne les connaîtra pas. L'enfant toujours contredit garde pour lui ses impressions.
Nous pouvons donc nous réjouir et ne pas nous tourmenter des révélations, même les plus étranges, et cela dans tous les domaines : l'art, les mÅ“urs, les habitudes, les rapports sociaux, la religion, etc.
A cet âge de transition les jugements sont tout d'une pièce, qu'une question se pose elle est poussée du coup jusqu'à l'extrême :
L'égalité est juste et désirable. Que tous les hommes donc soient pauvres, ou que tous soient riches!
La politesse n'est qu'une forme, elle ne vient pas du coeur. Supprimons la politesse.
Beaucoup de ceux qui vont à l'église sont des hypocrites. N'allons pas à l'église, etc., etc.
Pour redresser les exagérations, les erreurs de jugement le père a un beau rôle à jouer, un garçon éprouve du plaisir à causer avec un homme, souvent il se laisse convaincre malgré lui.
Ne croyons pas que parce qu'une idée est nouvelle pour nous elle est mauvaise, cherchons toujours la part de vérité qu'elle renferme et partons de là pour en montrer le danger, si cela est nécessaire.
Quelques pensées extraites de l'Education progressive, par Mme Necker de Saussure.
Le premier obstacle à la formation du jugement c'est la disposition qui porte à décider de toutes choses avec passion. L'enfant délibère peu, il veut ou il ne veut pas, il accueille ou il repousse, - il cherche des prétextes pour faire ce qu'il désire. Pour le faire réfléchir il est souvent commode de soumettre à son jugement les actions de personnages fictifs ou historiques.
Tâchons de donner nous-mêmes à l'enfant l'exemple du sang-froid. L'essentiel pour la justesse d'esprit, n'est pas de raisonner beaucoup, mais de ne conclure qu'avec certitude. Il ne faut donc pas l'engager à se prononcer sur des questions que les hommes eux-mêmes débattent encore. Voilà pourtant ce que nous faisons constamment, entraînés par l'envie de pro nos opinions, et particulièrement nos opinions politiques.
Un père donne à ses enfants une idée juste de l'état des choses dans ce monde quand il leur dit: «Telle est ma persuasion, la ligne de conduite que je crois bonne, mais rappelez-vous que ceux qui ne pensent pas comme moi ont aussi beaucoup d'arguments à faire valoir».
Inspirons à nos enfants des sentiments élevés qui ne permettent jamais d'accepter des principes équivoques, des systèmes moralement mauvais, et confions au temps le soin de décider des questions compliquées.
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