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Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
En dehors du grand intérêt pour vous de cette matière exceptionnelle, que vous soyez jeune parent, chercheur dans une université ou simplement intéressé par l'évolution des comportements humains, votre soutien par l'intermédiaire d'un abonnement nous est indispensable. Pour les pays lointains et si vous ne désirez pas profiter de la version papier, un abonnement sous forme de pdf est accessible au même prix annuel de CHF 30. Il vous donne un accès complet aux archives
RETOURNous pensions déjà consacrer ce numéro au respect de la personnalité de l'enfant quand les journaux nous ont appris la maladie, puis la mort, à l'âge de 76 ans, de Mme Ellen Key qui, plus qu'aucune autre femme de notre temps, peut-être, a attiré l'attention des parents et des maîtres sur ce devoir négligé. L'auteur du « Siècle de l'enfant » était une polémiste ardente qui ne craignait d'aborder aucune des questions les plus controversées de la morale sociale; nous ne signerions pas tout ce qu'elle a écrit, mais c'était surtout une femme douce et maternelle, d'une bonté active et inlassable. Avec beaucoup de mères suédoises, nous nous inclinons respectueusement devant sa tombe. Les parents ne comprennent pas que jamais le besoin de tranquillité n'est plus grand dans toute la vie qu'il l'est dans les années d'enfance : besoin d'une paix intérieure sous toute l'exubérance extérieure. L'enfant a son monde à lui qui est infini, dans lequel il doit s'orienter, qu'il doit conquérir, où il doit plonger avec ses rêves.- Mais que rencontre-t-il? des obstacles, des remontrances, des interventions toute la sainte journée. Il doit toujours laisser là quelque chose, ou bien trouver autre chose, ou faire autre chose, ou vouloir autre chose que ce qu'il trouve ou ce qu'il fait ou ce qu'il veut; on le traîne sans cesse dans une autre direction que celle où son goût le dirige. Et tout cela très souvent par pure tendresse, par sollicitude, par zèle de redresser, de conseiller, d'aider, de façonner et de polir le petit matériel humain, d'en faire un exemplaire parfait dans la série des enfants modèles ! J'ai entendu appeler "méchante" une petite fille de trois ans qui voulait aller dans la forêt tandis que sa bonne projetait de la traîner après elle dans la ville; cela m'a toujours paru un exemple typique de la façon dont on émousse les instincts salutaires chez les petits. Que l'on doive vaincre le mal par le bien, c'est là une des vérités qui paraissent simples quand on les exprime, encore que, effectivement, rien ne soit plus long et plus compliqué que de trouver les moyens propres à y réussir. Il est beaucoup plus facile de dire ce qu'il ne faut pas faire que de dire ce que l'on doit faire pour transformer, par exemple, l'entêtement en force de caractère, la ruse en sagesse, la coquetterie en amabilité, l'agitation en désir d'entreprise… L'éducateur veut d'un seul coup, rendre l'enfant parfait ; il exige, de lui une méthode, une domination de soi-même, un respect du devoir, une loyauté dont les grandes personnes se déshabituent avec une rapidité étonnante! Quand il s'agit des fautes des enfants, on cherche la petite bête aussi bien à la maison qu'à l'école, tandis qu'on leur fait avaler journellement les bévues des grandes personnes! Ce n'est qu'en travaillant sans cesse à notre développement personnel, en maintenant un contact vivant avec ce qu'il y a de meilleur dans notre époque que nous deviendrons peu à peu les compagnons qu'il faut à nos enfants. Il est essentiel pour le progrès de l'ensemble, pour celui de la race, comme pour celui de la société, que l'éducation éveille le sentiment d'indépendance, qu'elle stimule et favorise le courage de s'écarter des chemins ordinaires dans le cas où cette dérogation ne blesse pas le droit des autres et où elle n'est pas une pure conséquence du désir d'attirer l'attention. Donner à l'enfant la paix de la conscience qui lui permette de se défaire d'une manière de voir généralement reçue, d'une opinion commune, d'un usage courant, d'un sentiment convenu, -c'est là une condition fondamentale pour l'éducation d'une conscience, d'une conscience individuelle… Se courber librement devant la loi extérieure, quand, après l'avoir examinée avec sa propre conscience, on l'a trouvée juste ; obéir sans condition à la loi non écrite que l'on s'est imposée soi-même, et suivre cette loi quand elle devrait nous placer seul en face du monde entier - cela s'appelle avoir une conscience individuelle. Il faut apprendre aussitôt que possible à l'enfant la liberté et les dangers du choix personnel, le droit et la responsabilité de la volonté personnelle, les conditions et les devoirs de l'expérience personnelle. - Placer chaque individu seul en face de sa conscience, c'est là le résultat le plus beau dé l'éducation! Et cela n'exclut pas du tout la possibilité pour le même individu d'éprouver progressivement le bonheur et le besoin d'être une partie utile dans l'ensemble, d'abord à la maison, puis dans le cercle de ses camarades, dans son pays et enfin dans le monde. |
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