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Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
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La gaieté, la bonne humeur (1)

Si nous élevons bien nos enfants, nos enfants nous le rendent. Ils font peut-être plus pour notre éducation que nous ne faisons pour la leur. VINET.

La gaieté est une des manifestations sociales de la politesse. Elle fait partie de nos devoirs envers les autres et comme tous les devoirs, elle s'apprend. C'est un don de naissance évidemment, mais aussi un fruit de l'éducation. L'exemple doit en venir à l'enfant dans sa famille.

«La mauvaise humeur dénote un caractère maussade, acariâtre et grondeur». On a remarqué que ce travers éloigne les enfants plus que ne le ferait un vice, tandis que la sérénité, le support, la bienveillance et les égards forment une atmosphère délicieuse qui, doucement, pénètre et gagne. La gaieté est contagieuse. La bonne humeur, la joie, la gaieté, toutes qualités, qui, si nous les possédons, se transmettront à nos enfants. « La santé la bonne humeur sont pour le corps humain ce que la lumière du soleil est pour la végétation ». « L'habitude de tirer le meilleur parti des choses, et d'en voir toujours le bon côté est une fortune en elle-même » dit un auteur américain et il ajoute : « la faculté de répandre le soleil autour de soi a plus de valeur que la beauté ou la fortune».

L'enthousiasme et l'exaltation


Soyons réservées dans nos manifestations sentimentales mais sachons garder notre enthousiasme de jeunesse. Il est si bienfaisant, si tonique de rencontrer dans la vie des personnes enthousiastes qui ont jusque dans la vieillesse gardé leur juvénile ardeur, qui sont jeunes de cÅ“ur, vibrantes pour tout ce qui est beau et noble. La tante qui m'a élevée pendant plusieurs années était remarquable à ce point de vue, elle était même si enthousiaste qu'alors je prenais instinctivement le contre-pied. C'est maintenant qu'elle n'est plus que je réalise l'influence immense qu'elle a exercée sur moi et c'est actuellement que son exemple me guide.

Les petits enfants sont enthousiastes de nature d'une imagination débordante, tout pour eux est émerveillement. Pourquoi ces qualités disparaissent-elles dans la suite ? C'est essentiellement parce que les expériences que nous avons faites de la vie nous ont désenchantés, et que notre manière terne d'envisager les choses, notre exemple déprimant déteint sur eux. Il faut réagir à tout prix en vue du développement de nos enfants.

Mais ne confondons pas l'enthousiasme et l'exaltation. «L'enthousiasme est la flamme de l'intelligence et du coeur c'est une lumière qui émane de nous, éclaire les sujets qui la provoquent, les rendent sensibles et vivants à ceux qui écoutent et met une auréole à la vie». On reconnaît l'enthousiasme à ce que ses manifestations nous rendent meilleurs dans la suite : une personne que nous rencontrons dans notre vie, dont le caractère, la nature, la vie intérieure nous apparaissent dans leur pleine valeur, qui fait une impression profonde et durable sur notre personnalité à nous, un auteur dont les ouvrages nous aident à aller de l'avant, nous communiquent cette ardeur à vivre que nous désirons; et, que sais-je encore…

«L'exaltation, elle, est une excitation cérébrale qui conduit à une fébrilité permanente et même chronique. Le sujet atteint recherche sans cesse l'occasion de déborder en lyrisme. Il voit en beau ou en laid exagérément ». La personne exaltée tire des évènements journaliers des conclusions inattendues qu'elle amplifie et dénature pour les rendre conformes à sa conception de la vie.

«L'exaltation est redoutable, c'est une contrefaçon ; elle oscille continuellement comme ces torches dont le vent déplace les flammes et la fumée.»

«L'enthousiasme vibre à bon escient, il attend l'occasion et ne se dépense pas en pure perte.»

La causerie

Un bon moyen de mieux connaître nos enfants, de nous pénétrer de leur personnalité est de causer avec eux. Nous leur parlons toute la journée, cela va de soi, mais c'est surtout pour leur donner des ordres, nous en faire obéir, les gronder et leur faire trente six mille recommandations plus ou moins fondées. Ce n'est pas de cela qu'il s'agit.

«Il s'agit d'ouvrir une parenthèse dans le programme journalier pour y introduire cet intermède aux agitations, aux préoccupations absorbantes. » « La femme qui veut résolument réserver dans sa vie l'heure indispensable à l'éducation de l'enfant y parvient, non sans peine quelquefois, mais avec certitude. Celle-ci renonce à une visite, à un thé, à une conférence ; celle-là ajourne un arrangement de maison, un plat compliqué ou la révision des armoires… Certes pour les deux le sacrifice est lourd, parce que toute femme est une impulsive qui aime à agir d'après son vouloir actuel. Cependant, que chacune de nous songe que c'est l'avenir de la race qu'elle édifie ainsi jour après jour pendant les instants qu'elle lui consacre en les dérobant à la fébrilté qui nous dévore.» «Causons avec les petits, ne soyons ni distraites, ni lointaines, ne rions pas de ce qui les afflige.»

Le silence

En éducation, le silence même a son éloquence. Nous connaissons les leçons de silence données par Mme Montessori et ses effets merveilleux d'apaisement sur un groupe un peu houleux de petits écoliers.

Je lisais il y a quelque temps une petite scène de voyage qui m'a fait réfléchir à nouveau à cette question du silence dans l'éducation: «Je suis seule dans mon compartiment ; quelques instants avant le départ, arrivent une jeune maman et un petit garçon d'environ 4 ans. L'animation de la jeune femme est quintuplée par la crainte d'avoir manqué le train… le petit, lui, est parfaitement silencieux…

Il y a déjà un bon moment que le train est parti, il coupe des prairies, des ruisseaux, traverse des villages ; une fillette en tablier rouge regarde passer le train…

Tous ces paysages sont pour l'enfant d'une nouveauté qui le tient haletant à la portière. Son Å“il agrandi ne parvient pas à emmagasiner, au gré de sa curiosité éveillée.

Mais hélas ! la mère parle, parle, parle encore…

Tiens Jeannot regarde la grosse vache avec son veau… Bêta ! tu n'a pas regardé assez vite ; elle est loin maintenant. Tu vois, ça c'est une gare où on ne s'arrête pas parce que notre train est un rapide et que les rapides vont très vite… C'est beau une villa comme ça, dis Jeannot ? tu aimerais qu'on en ait une ? moi j'aime surtout les deux tourelles et puis le bassin avec les poissons rouges. Tu as vu ?» (justement le train ralentissait avant de passer le pont).

« Il fait un bruit ce pont ! c'est du fer. Est-ce que tu voudrais être plus tard ingénieur Jeannot pour construire des ponts comme ça?

«Tu sais Jeannot j'ai du chocolat dans mon sac, du bon chocolat au lait et aux noisettes ! Mais tu ne me réponds pas ! quel enfant tu fais. Tu ne peux plus même répondre quand on te parle ! »

La petite dame se tourne vers moi avec un ravissant soupir :

«Il est désolant ce petit! Je ne sais comment faire pour l'amuser ! il s'ennuie tout le temps, il ne parle jamais». Et la petite dame, une seconde durant avait l'air aussi désolée qu'une péruche qui a perdu son colifichet. Cette angoisse ne dura pis et elle fut bientôt reprise par cette agitation d'insecte enfermé dans un bocal qui nous pesait à tous, à moi et à l'enfant !…

Je surpris un regard de lui à sa mère, un regard excédé, résigné, le triste regard de deux yeux qui, isolés du jeune visage, avaient bien trente ans.»

Et l'article finit par ses paroles si justes :

« Oh ! mamans n'excédez pas vos enfants de vos bavardages sous prétexte de les distraire! Un enfant silencieux n'a pas besoin d'être distrait. Il ne s'ennuie pas. Il est au contraire prodigieusement absorbé. Il est la proie d'un monde où il est roi et où vous ne pouvez plus pénétrer vous qui avez passé l'âge fatidique de 10 ans…

«L'âme humaine est très silencieuse a dit quelque part Maeterlink. Souvenons-nous que l'enfant a droit au silence. C'est dans le silence que s'élabore sa personnalité ; c'est dans le silence qu'il emmagasine forces et connaissances pour l'avenir.»

«Une âme d'enfant étant merveilleusement sensible et influençable doit être respectée et cultivée dans le sens du Beau et du Bien» Spencer a dit: «Si nous nous emparions vraiment de l'âme des petits, nous transformerions le monde». Il faut donc composer les âmes des enfants avec des fleurs bien saines, bien naturelles, humides encore de pluie et de rosée, avec les belles pensées que depuis le commencement du monde les sages assemblent pour nous… il nous faut y joindre les plus belles fleurs de notre propre jardin, celles de nos bons exemples.


(1) Fragments d'une causerie sur «l'exemple»









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