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Education et liberté

Si nous nous demandons quelle est la caractéristique de l'éducation actuelle, je crois bien que nous trouvons que c' est l'amour de la liberté. Chacun répète à tous propos qu'il est bon de laisser l'enfant faire ses expériences et que l'adulte n'a pas le droit de lui imposer une volonté arbitraire. Notre génération ferait cependant preuve d'un bien grand orgueil si elle s'imaginait qu'elle a été la première à inventer la liberté dans l'éducation. Nous avons eu la curiosité de chercher ce que nos anciens disaient à ce sujet et voici Cicéron lui-même qui écrit déjà avant l'ère chrétienne : « L'autorité de ceux qui enseignent nuit souvent à ceux qui veulent apprendre». Ne croirait-on pas lire un rapport d'une de ces écoles que nous nous flattons d'appeler nouvelles ?

Montaigne au XVIe siècle, puis tour à tour Rousseau qui prenait pour règle le libre choix et le bon plaisir de l'enfant, Pestalozzi et Froebel protestèrent contre l'autoritarisme de leur époque.
Spencer va si loin que dans une page étonnante conseille à une mère, dont l'enfant allume pour s'amuser des morceaux de papier à la chandelle, de ne pas lui ordonner de cesser, mais de raisonner de la manière suivante: «Si j'arrête l'enfant, je l'empêcherai d'acquérir une connaissance utile. Il est vrai que j'éviterai qu'il ne se brûle ; mais à quoi cela servira-t-il ? il se fera un jour ou l'autre quelque brûlure, et il est nécessaire à sa sécurité dans la vie qu'il apprenne à connaître par expérience les propriétés de la flamme. »

Dans un ouvrage anglais publié en 1829 par Mrs Hoare nous lisons les quelques fragments suivants :

« Etre indépendant, pour un enfant, c'est savoir se servir des facultés morales et physiques qu'il possède, c'est recourir le moins souvent possible à l'aide d'autrui dans les circonstances qui comportent ce choix… J'ai connu une petite fille qui, tout en pleurant d'impatience de ne pouvoir venir à bout de l'ouvrage qu'elle faisait, refusait avec fermeté l'assistance qui lui était offerte. « Je n'ai plus de plaisir à travailler, disait-elle, quand on m'aide dans mon travail ».

Les occupations des enfants en bas âge se composent de riens, de puérilités ; mais l'importance de ces riens est grande par leur influence sur le caractère.

Un petit enfant veut sortir d'une chambre et secoue le bouton de la porte avec une impatience qui accroît sa maladresse. Que fait le plus souvent la personne qui l'observe ? Elle se lève précipitamment et vient à son secours, moins encore pour lui rendre service que pour éviter la continuation d'un bruit désagréable. Ce mouvement irréfléchi, tout simple qu'il soit, est fâcheux en ce qu'il indique à l'enfant le moyen de se faire servir; son impatience, l'ennui qu'il a causé, l'ont dispensé d'agir lui-même; il s'en souviendra désormais. Le résultat eut été différent si l'on eût procédé d'une manière plus raisonnée, en se donnant la peine de montrer avec calme à l'enfant comment il devait s'y prendre pour ouvrir seul la porte. Il se serait ainsi convaincu, d'abord, que l'impatience n'aboutissait qu'à le retarder davantage, et en second lieu qu'il était en état de se tirer d'affaire lui-même : ces deux résultats dépendent l'un et l'autre de la manière dont on a envisagé un fait en apparence insignifiant ; mais en éducation il n'en est aucun sans importance.

Ce système s'appliquera avec succès aux détails de la vie journalière. On devra accoutumer les enfants à replacer les objets dont ils se sont servis, à s'habiller, à se déshabiller eux-mêmes, à aider de bonne heure les enfants plus jeunes qu'eux. L'habitude d'agir, de se servir soi-même rend leste, adroit, indépendant.»

C'est à la même époque que Madame Necker de Saussure écrivait dans l'Education progressive : «Aucun des plaisirs que nous pouvons donner aux enfants ne vaut pour eux ceux qu' ils inventent, plaisirs soudains, inattendus, dont le libre choix fait le charme ».

En 1854, L.F.F. Gauthey, professeur à Lausanne et Paris, émet les mêmes idées : « N'obligez pas l'enfant à se renfermer en esclave dans l'ornière de votre propre esprit, et à recevoir toutes vos idées de confiance. Vous ne mangez pas pour lui, vous ne digérez pas pour lui, pourquoi vouloir penser à sa place? Il ne s'agit pas de développer votre activité, mais la sienne. C'est son énergie propre qui seule peut le faire grandir. Vous pouvez le seconder, mais non le suppléer…

Plus nous exerçons nos facultés morales, plus elles acquièrent de fermeté et de puissance. Plus nous sommes éprouvés par la lutte contre les difficultés et les obstacles qui se rencontrent dans la vie, plus nous avons de force pour les vaincre ».

Au début de notre XXe siècle les champions de la liberté dans l'éducation ont repris, rajeuni et approfondi les mêmes pensées.

Madame Fischer dans son volume sur le système Montessori les exprime de la façon suivante : « De même que mon aïeul, malgré sa très sincère affection pour sa femme n'avait jamais soupçonné qu'il pût lui faire du tort en s'obstinant à penser pour elle, de même, je ne m'étais non plus jamais avisée que, malgré toute ma tendresse pour mes enfants, je pouvais, par les soins mêmes que je prenais d'eux les amener à un état de faiblesse morale où ils perdaient, petit à petit, toutes leurs meilleures qualités.

…Prenons garde, nous autres mères, de ne pas traiter nos enfants comme nous reprochons aux hommes d'avoir longtemps traité les femmes, avec une protection hautaine et affaiblissante. Il nous faut apprendre à souhaiter, par dessus tout, de voir nos enfants grandir, car il n'est rien de plus humiliant que de rester enfant lorsqu'on en a passé l'âge. Il nous faut avoir honte de nos soins trop impérieux, qui ôtent à nos bébés toute occasion d'agir, d'être responsables, de lutter contre leurs faiblesses, d'acquérir de la force en surmontant de menus obstacles. …Toute aide qui n'est pas absolument nécessaire doit être regardée comme nuisible».

Miss Butts écrit dans l'Educateur de décembre dernier : «C'est par la pratique seule que toutes les bonnes choses s'acquièrent. Vérité de La Palisse et cependant combien d'éducateurs croient encore que sans avoir jamais eu l'occasion de pratiquer la direction de soi-même, l'enfant deviendra un adulte capable de se diriger! Ils prétendent que l'enfant ne sait pas choisir, qu'il choisirait mal, qu'il faut en conséquence choisir pour lui, si l'on ne veut pas qu'à force de mal choisir il prenne des habitudes funestes.

Lorsqu'un enfant apprend à attraper un ballon, il commence par le manquer cinq fois sur six, et cependant il finit par l'attraper à coup sûr. Pourquoi ? c'est qu'il avait un grand désir de réussir. Il était content lorsqu'il ittrapait le ballon, malheureux lorsqu'il le manquait. Il répétait donc plus volontiers les gestes qui le conduisaient au succès ; le succès et l'insuccès lui servaient tous deux de leçon. Si nous souhaitons de faire pénétrer dans le caractère d'un enfant telle habitude, de lui rendre coutumière telle attitude morale, il faut donc qu'il ait l'occasion de la pratiquer, et il faut que le succès lui cause de la satisfaction et l'insuccès du mécontentement. Il faut que nous trouvions moyen de mettre la volonté de l'enfant de notre côté, sinon il concevra de l'aversion pour ce que nous désirons lui inculquer. Nous ne pouvons pas obtenir d'un enfant par la contrainte qu'il veuille ce que nous voulons pour lui ».

Que ces conseils sont donc excellents et ces écrivains admirables ! Mais ce qui nous, plaît incontestablement chez eux c'est l'idée qu'ils se font du caractère de nous autres mères, à qui incombe la tâche de mettre en pratique leurs théories. lls nous supposent un esprit assez souple pour nous laisser conduire par l'imagination de l'enfant et pour entrer dans son jeu, et assez indulgent pour excuser les dégâts et le désordre causés par la liberté que nous lui laissons, un jugement intelligent qui saura distinguer entre les initiatives heureuses et celles qui ne le sont pas et une conscience droite qui donnera toujours l'exemple de la soumission au devoir ; enfin et surtout beaucoup de patience et d'amour.

Eh bien ! puisqu'ils nous font crédit, notre fierté est engagée et nous ne les décevrons pas !









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