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Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
En dehors du grand intérêt pour vous de cette matière exceptionnelle, que vous soyez jeune parent, chercheur dans une université ou simplement intéressé par l'évolution des comportements humains, votre soutien par l'intermédiaire d'un abonnement nous est indispensable. Pour les pays lointains et si vous ne désirez pas profiter de la version papier, un abonnement sous forme de pdf est accessible au même prix annuel de CHF 30. Il vous donne un accès complet aux archives
RETOURL'attitude des jeunes à l'égard de la famille (1) J'aimerais vous faire entendre la voix des jeunes, de ceux de l'orient et de ceux de l'occident, et en le faisant, je ne détournerais pas votre attention de vos fils et de vos filles dont vous connaissez intimement le caractère, les aspirations, les luttes, les défaites et les victoires. Vous les verriez frères et sÅ“urs de ces quelques 500.000.000 de jeunes adolescents qui vivent dans le monde et constituent à la fois la plus grande responsabilité et le plus grand espoir de l'humanité. J'aimerais vous dépeindre garçons et fillettes de tous pays. Nous nous arrêterions longuement à l'Inde, à la Chine, au Japon où se trouve environ la moitié de la population du monde ; nous passerions dans les échoppes des chaudronniers ou des tailleurs du proche orient et y rencontrerions les fils apprenant les métiers de leur père. En Afrique nous trouverions les filles dressées par leur mère, dès leur âge le plus tendre, aux travaux domestiques, nous apercevrions les fils suivant la piste du chameau an côté de leurs pères; dans le vaste monde boudhiste ou mahométan nous verrions partout les jeunes accomplir les rites religieux que leur ont enseignés leurs parents ou les prêtres. En Europe nous trouverons les enfants et les adolescents soumis aux influences souvent contradictoires de l'école et de la famille. En Amérique notre attention serait attirée, non seulement par l'influence d'un système d'éducation dont le but est de rendre le jeune capable de se tirer d'affaire par lui-même, mais aussi par la foule de jeunes qui, à peine âgés de 13 ou 14 ans sont lancés dans le tourbillon de la vie industrielle. Il n'est pas nécessaire d'en dire davantage pour rappeler l'infinie diversité des conditions familiales qui existent dans le monde. Les termes de famille et de foyer ont des sens nombreux ; ces institutions se transforment dans le temps et dans l'espace ; les circonstances ethniques, économiques, sociales, religieuses, en altèrent sans cesse le rôle, la signification et l'aspect. Fillettes échevelées et grognonnes, jeunes filles studieuses et laborieuses, gamins gouailleurs et pirates, grands garçons intrépides et timides, il y a toujours au tréfonds de leur être, des pensées en germe, des jugements tout neufs sur la vie, un inlassable esprit d'investigation, une sensibilité délicate, un attachement profond à certaines choses et à certaines gens, des forces latentes qui attendent l'occasion de se manifester. Ce sont des personnalités fascinantes, qui échappent et reviennent, changent, se cachent, s'abandonnent sans réserve et se défendent sans merci, personnalités pleines de tendances dangereuses parfois et personnalités d'une incomparable valeur spirituelle toujours, puisque ce sont des âmes immortelles. Tels sont ceux et celles dont la garde et l'éducation incombent en première ligne à la famille car «au point de vue moral c'est dans la famille que les âmes naissent, qu'elles grandissent, qu'elles s'épanouissent. Elle est le cadre dans lequel l'homme se prépare à la vie, se forme à l'action. On peut presque dire que c'est elle qui fait de l'individu ce qu'il est». Malheureusement il existe un fossé profond entre les jeunes et la génération qui les a précédés. Il est toutefois intéressant de constater que les jeunes cherchent tout aussi activement que leurs parents les moyens de combler ce fossé. Comme nous, ils désirent que nous affrontions ensemble les tâches de la vie et si nous savons être absolument sincères en les laissant exprimer leurs idées, nous découvrirons qu'ils apprécient le fruit de nos expériences. Il faut les laisser formuler leurs problèmes et leur idéal, et cet idéal est parfois plus haut et plus beau que celui que nous oserions formuler nous-mêmes ; il faut que nous leur aidions à atteindre leur idéal et non pas le nôtre. Certains mouvements de jeunesse préoccupés par ces problèmes les étudient activement; et les Unions chrétiennes de jeunes gens ont fait l'année dernière, dans le monde entier, une enquête auprès des jeunes eux-mêmes afin de savoir ce qu'ils pensent de la famille, ce qu'ils en attendent et quels sont les blâmes et les éloges qu'ils formulent à son égard. Il nous a semblé qu'il serait intéressant pour des parents intelligents de lire quelques unes de leurs réponses de façon à voir gens et choses sous l'angle sous lequel eux les voient et d'apprécier idées et faits suivant leur échelle de valeur. C'est peut-être en réfléchissant sérieusement à leurs critiques que nous trouverons le remède aux dificultés et aux inquiétudes qui sont la part journalière des parents et des éducateurs. Un nouvel esprit dans la vie de famille. - «La critique de la jeunesse à l'égard de la famille n'est pas un combat contre la famille, mais un combat pour l'obtention de certaines réformes et pour l'introduction d'un nouvel esprit dans la vie de famille. « Il n'est pas vrai que la famille, telle qu'elle nous apparaît d'une façon générale aujourd'hui, soit d'une telle perfection que l'on ait pas le droit d'y toucher, il n'est pas vrai que ce soit un devoir sacré de la conserver telle qu'elle est. «Chacun de nous sait qu'il est le produit de l'éducation qu'il a reçue de ses propres parents et qu'en défendant les méthodes pédagogiques de sa génération ou de la génération précédente il se défend lui même un peu… cela explique pourquoi les parent s'efforcent de faire taire à tout prix les critiques que les enfants ont à formuler. «La famille ne conservera son influence éducatrice… qu'en se mettant sur le même pied que la jeunesse, en reconnaissant humblement et loyalement qu'elle a tout autant besoin que les jeunes de redécouvrir un idéal très élevé et de chercher le chemin qui y conduit il faudra ensuite qu'elle prépare, de concert avec les jeunes, une rénovation et un approfondissement de la vie intérieure. L'union spirituelle entre parents et enfants étant ainsi restaurée, les conflits que soulève l'aspiration des jeunes à plus de liberté, trouveront leur solution naturelle dans une notion nouvelle du tact et de l'amour.» (d'après Gustav Wynecken ; Allemagne). La tradition. «La tradition ne devrait nous guider que pour autant qu'elle est d'accord avec le bon sens. «Il est bon que nous ayons une certaine idée du passé, afin d'éviter les gaffes. «Il ne faut pas trop nous inquiéter du passé pour que nous sachions mieux nous adapter aux conditions nouvelles.» (Canada) «Les parents doivent prendre leurs décisions d'après les conditions actuelles et non d'après des principes préconçus.» (Finlande). Ce qu'ils voudraient changer. - Voici quelques réponses à la question : Si vous étiez à la place de votre père ou de votre mère que voudriez-vous changer dans la famille ? «Si j'étais mon père je ne changerais rien, il est épatant.» «J'achèterais des livres et je serais aimable envers maman.» «J'aérerais mieux les chambres.» (Tchécoslovaquie). Autorité et liberté. - «Nous ne sommes pis opposés à toute autorité, mais nous ne reconnaissons que l'autorité qui s'impose à notre conscience.» (Finlande). L'expérience. - «Les vieux ont vécu, ils connaissent mieux la vie que moi.» (Angleterre). «Il faut que nous obéissions aux instructions des générations passées, car elles sont fondées sur l'expérience.» (Canada). Lacunes.- Les adultes entravent le développement des garçons «en ne nous renseignant pas avant que nous ayons 16, 17 ou 18 ans sur la nature des troubles sexuels et sur ce que ce sujet a de sacré.» (Australie). « Ils nous cachent la vérité et restent indifférents aux problèmes moraux.» (Argentine). Respect et compréhension de leur pensée. - «Les adultes ont la tendance à oublier que nous, adolescents, nous avons une tête à nous. Ils cherchent à penser pour nous. Ils s'étonnent si nous faisons quelque chose qui sorte de l'ordinaire ; un intérêt intelligent pour nos extravagances aurait un meilleur résultat.» (Angleterre.) «Les adultes entravent le développement du garçon lorsqu'ils traitent leurs enfants comme des écoliers, lorsqu'ils prêchent trop, lorsqu'ils pensent que les enfants doivent passer par le même chemin où ils ont passé dans leur jeunesse, lorsqu'ils insistent pour que les jeunes adaptent leur manière de voir aux leus et qu'eux-mêmes ne font pas un effort semblable.» (Suisse allemande). Comment ils nous voient. - «De nombreux parents et adultes peuvent à peine réaliser qu'ils ont atteint ce point où l'on est déjà considéré comme des vieux par les tout jeunes. «Les vieux sont quelquefois simultanément vieux-jeu et enfantins.» «Une réelle entente entre les jeunes et les personnes plus âgées ne peut exister que lorsque les adultes, par leur manière d'être avec nous, rendent possible des entretiens intimes où nous pouvons exprimer librement nos idées.» (Suisse). «Un père court un risque en laissant sa fille prendre une décision qui comporte un réel danger, mais nous ne grandirions jamais si nous ne courions de risques aussi. Si notre père nous fait part de ses connaissances, de son expérience et de son appréciation du risque tel qu'il le conçait, nous avancerons ensemble père et fille, et le résultat sera une réelle intimité.» (U.C.J.F. Amérique). Intimité. - Tâche difficile en vérité que de maintenir un contact permanent et complet entre un père et ses enfants ; disons-nous bien que si l'on n'y réussit pas parfaitement il faut du moins à tout prix éviter les erreurs de direction qui rompent sans retour le contact entre l'âme du père et celle de l'enfant. Le fossé une fois creusé ne se comble plus, hormis de rares exceptions. L'enfant devenu adolescent se cantonne dans les formes correctes du respect et de la déférence, comme derrière un mur impénétrable au regard et l'influence paternelle est morte.» (Congrès de l'Association catholique de la jeunesse française). Parmi les mouvements qui s'efforcent de rapprocher parents et enfants, il peut être intéressant de signaler à côté et après celui de la journée des mères celui des "pères et fils" répandu en divers pays de l'Amérique, de l'Extrême Orient et d'Europe. Son but est : Aider à l'adolescent à profiter de tout ce qu'il y a de plus excellent dans la vie de famille. Aider aux pères à prendre conscience de leurs obligations paternelles et à s'y consacrer. Amener les fils à respecter davantage et à apprécier mieux leur père et leur foyer. Amener pères et fils ensemble à reconnaître que la religion est nécessaire pour le développement le plus parfait de leurs caractères. Les amener à collaborer dans un esprit religieux et à accomplir ainsi la volonté de Dieu dans leur vie journalière. Familiariser les pères avec les éléments essentiels de la psychologie du garçon. Encourager pères et fils à accepter plus complètement leur responsabilité civique. (1) Notes prises à une causerie de M. H. Johannot secrétaire an Comité Universel des U. C. J. G . Tous ces passages sont des réponses à l'enquête de l'U. C. J.G. |
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