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De six à huit heures
On a dit que l'avenir de la plupart des jeunes gens se décidait entre six et huit heures du soir. C'est tout à fait exact, mais il faut encore étendre la portée de cette affirimation et dire que le sort de la plupart des vies, l'avenir de tous les jeunes ménages, la destinée des parents comme des enfants, le bonheur de la famille, et même la prospérité de la patrie, se fixent entre six et huit heures du soir.
- Pourquoi donc cela ?
- Tout simplement parce que c'est entre six et huit heures que chacun détermine l'emploi de la soirée et que, dans le monde moderne, toute la vie individuelle et sociale est comme suspendue à ces heures qui peuvent être si tragiques ou si belles.
Au sortir de l'atelier, du bureau, du magasin, au moment où s'ouvre la porte libératrice, il y a une minute de détente, un instant délicieux où celui qui a eu, pendant tant d'heures, l'impression d'être pris dans l'engrenage, savoure sa liberté.
C'est l'instant psychologique où retentissent tous les appels qui spéculent sur cette liberté de l'homme: les journaux déployés donnent le «carnet du jour» les affiches violentes hurlent leurs promesses de joie; derrière le rideau qui crée l'attrayant mystère, le cabaret aligne ses tables propices au jass ; les orchestres de la rue annoncent leurs confrères des dancings, et tout le brouhaha de la rue n'est qu'une insistante question que vas-tu faire, où vas-tu aller ce soir?
Hélas la plupart des gens ne parlent plus du soir, mais des soirées. On remplit ce moment de la journée, unique, qui pourrait être exquis et salutaire, de plaisirs et d'excitations : on le remplit? non, on le vide de sa valeur et de son bienfait.
C'est pour beaucoup, en effet, l'heure de la séparation avec tout ce qui pourrait constituer la véritable vie et créer un peu de vrai bonheur : le mari se sépare de sa femme et perd un peu de son affection; les enfants se séparent des parents et trouvent de jour en jour plus fade le goût du foyer ; les frères et sÅ“urs se séparent et c'est l'étranger, l'être banal, le comédien, la danseuse, l'étoile de cinéma, le loustic de restaurant, le brasseur d'affaires, le monteur de coups, le vulgaire camarade, l'ami de fortune, tous ces êtres qui peuplent la soirée, qui peuplent aussi le cÅ“ur et le dépeuplent des affections sûres.
Où se sont amorcés les 2500 divorces qui sont prononcés, chaque année, dans notre pays?
- Dans des soirées mal employées.
Où disparaît l'argent qui assurerait la tranquille sécurité matérielle du ménage?
- Dans des soirées mal employées.
Où se consume la force physique, intellectuelle, spirituelle que demandent les études, le commerce, la direction de la famille et l'accomplissement du devoir ?
- Dans des soirées mal employées.
Où les parents et les enfants préparent-ils les chagrins qui brisent le cÅ“ur ?
- Dans des soirées mal employées.
Inutile d'allonger; il n'est personne qui ne sache ce que l'on peut inscrire dans ce triste bilan, car il n'est personne qui ne souffre de l'état de choses actuel. C'est la voix de l'expérience humaine autant que la voix de la sagesse chrétienne qui crie : La soirée appartient à la famille. Il faut la lui rendre
Et surtout le dimanche soir: il n'est point de jour comme lui, pourvoyeur de joie ou de honte. 0 vous tous qui sentez trembler votre vie de famille, sauvez votre dimanche soir, vous sauverez une bonne part du reste avec.
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