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Plus rien n’est simple : ni penser, ni agir, ni s’amuser, ni même mourir. Nous avons de nos mains ajouté à l’existence une foule de difficultés. Ch. WAGNER.
Une dame me disait en revenant du Japon : Entrez dans un intérieur japonais. Tout y est sobre, tranquille, reposant. Quatre murs, une natte, dans un coin une table basse à écrire et un coussin, une autre table où s’épanouit dans toute sa splendeur incontestée, une fleur dans un vase. La pensée alors, infailliblement, se tourne vers l’intérieur.
Lorsqu’on revient chez nous, quel n’est pas l’affolement du regard devant l’amas de meubles et de bibelots parmi lesquels nous vivons ! Ce fouillis n’est-il pas symbolique et dénonciateur ? N’est-il pas comme une manifestation criante de notre conception de la vie ?
Ainsi que dans une chambre un amoncellement de belles choses peut devenir fastidieux et discordant, de même ne faisons-nous pas de nos vies, quoique peut-être remplies de choses belles et utiles, un ensemble inharmonieux et mal équilibré ? Nous n’y faisons pas de place, ou une place dérisoire, au silence…
Chaque fois que nous entrons en contact avec l’âme orientale, nous sommes saisis par ce qu’elle a de majestueux, par ce détachement facile qui semble émaner d'elle : fleur de lotus bercée par l'eau tranquille et tournée vers le ciel.
Et en face d'elle nous sentons la puérilité, parfois même la vulgarité de notre agitation. Serions-nous, dès lors, déterminés par notre ambiance, par notre siècle, et condamnés à la sécheresse et à la matérialisation ? Bien plutôt, les conditions de notre vie, n'est-ce pas nous qui les faisons ce qu'elles sont? N'est-ce pas de notre plein gré que nous accordons une importance démesurée à l'extérieur et que nous lui sacrifions notre vie profonde ?
« Une civilisation vaut ce que vaut l'homme installé à son centre». Ch. WAGNER.
Car enfin il s'est trouvé, au milieu des plus âpres combats, des hommes forts qui, sans rompre avec leur temps, ont connu les joies ferventes de la communion réelle avec l'Invisible.
Voyez l'apôtre Paul. Sommes-nous plus riches en peines qu'il ne le fut, plus riches en emprisonnements, plus riches en bastonnades ? « Souvent j'ai été à la mort ; cinq fois j'ai reçu des Juifs quarante coups moins un ; trois fois j'ai été flagellé, une fois lapidé, trois fois j'ai fait naufrage. - Labeurs, fatigues veilles sans nombre, faim et soif, jeûnes réitérés, froid et dénûment ! Sans parler du reste, mon fardeau de chaque jour : le souci de toutes les églises ». Et partout cet éternel voyageur a connu les ivresses d'une pensée toujours tendue et les béatitudes les plus intimes de la communion avec Dieu.
Et Calvin, le penseur, le pédagogue, le politique et réformateur, le géant écrasé de tâches surhumaines, Calvin a prié jusqu'à quatre heures dans une journée. Car il le savait bien que, dans le silence, quand il n'y a témoin que Dieu seul «l'âme fidèle se déclare plus familièrement et décharge plus simplement auprès de Dieu ses souhaits, gémissements, sollicitudes, épouvantements, espérances et joies.»
En vérité, nous pourrions les évoquer par légions les âmes fortes qui, dans l'épreuve et dans le souci, chargées de responsabilités autrement lourdes que celles dont nous nous plaignons, n'ont jamais capitulé devant les vagues poussiéreuses du simoûn quotidien.
Or donc, ces héros de la vie intérieure, ces grands explorateurs et ces martyrs de la vérité, témoignent que dans le tumulte et l'action, il est possible de s'élever par un silence fécond, jusqu'aux cimes de la pensée.
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