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Notre attitude en face des défauts de nos enfants.

Chacun conviendra que les actions enfantines peuvent se diviser en trois classes : les actes volontairement dirigés vers le mal (pas très nombreux dans la vie d'un enfant normal, les actions consciemment dirigées vers le bien (pas très fréquentes, non plus dans la vie d'un enfant satin) et, entre deux, la multitude des actes dépourvus de toute couleur morale parce qu'en les accomplissant, l'enfant n'a aucun but défini ni conscient. Ces actes constituent la majorité des incidents d'une vie enfantine…

Il est facile de nous habituer à gronder un enfant avec tant d'exagération pour ses mains sales que nous ne trouvons pas de termes plus impressifs pour blâmer un mensonge et l'enfant peut en conclure naturellement que ce sont des fautes d'égale gravité. De même nos efforts constants pour l'amener à adopter certaines habitudes de bonne société peuvent être si pressants que l'enfant arrive à penser que le devoir de soulever son chapeau lorsqu'il rencontre une dame est aussi important que celui de protéger son cadet d'un danger.

Si nous faisions un tableau comparatif des actions les plus blâmables, il conviendrait de placer au bas de l'échelle toutes les formes de la cruauté dont les tendances doivent être prises en sérieuse considération. La cruauté provient le plus souvent d'incompréhension ou d'inattention, il peut suffire d'expliquer à l'enfant en quoi il est cruel, quitte à faire acte d'autorité si cela ne suffit pas.

Le méchant enfant traditionnel qui arraché les ailes des mouches ou tourmente le chat se rencontre plus rarement qu'autrefois, mais lorsqu'un vice est fortement réprouvé il a une telle façon de se cacher encore dans le recoin du coeur humain qu'il faut un regard perçant pour l'y découvrir et un vigoureux effort pour l'en déloger.

Peut-être les grands garçons ne brutalisent ils plus visiblement les petits, mais ils pratiquent encore vis-à-vis d'eux une détestable sorte d'amusement : la chicane ou la taquinerie. Des fillettes qui ne songeraient pas en guise d'amusement à tirer les cheveux d'un petit enfant jusqu'à ce qu'il pleure, peuvent cependant le tourmenter jusqu'aux larmes en cachant sa poupée ou en démolissant sa « construction ». Les restes de cette barbarie primitive abondent. La taquinerie se manifeste sous des formes si diaboliquement variées, les enfants qui s'y livrent sont capables d'inventions si ingénieuses, qu'on ne saurait en donner une définition d'ensemble. La forme employée dépend généralement du point faible du plus jeune, vite découvert par le plus grand, que ce soit la peur, une excessive sensibilité ou une imagination trop vive. Le moindre prétexte est bon, et c'est un des défauts de l'enfance le plus difficile à corriger parce que l'acte en lui-même n'est pas répréhensible, la plupart du temps, mais seulement très pénible à supporter. L'aîné allègue que si le petit est peiné, c'est qu'il est «trop bête » et que «personne ne lui fait de mal ». Il existe pourtant un moyen certain de discerner la taquinerie qui va trop loin, moyen qu'on peut expliquer, même à un jeune enfant, à condition de le faire dans un moment de tranquillité : toute forme d'«amusement» volontairement destiné à faire de la peine à quelqu'un est mauvaise et parfaitement répréhensible quand bien même elle ne tomberait sous le coup d'aucune défense ni d'aucun réglement.

En matière de taquinerie plus encore qu'en tout autre, l'atmosphère dans laquelle vit l'enfant est de toute importance - si l'environnement de sa petite enfance lui suggère par le précepte et l'exemple à la fois, l'idée que faire de la peine est une action abominable, ses parents n'auront pas à inventer des réglements précis qui l'empêchent de prendre plaisir à faire souffrir les autres. Il n'y aura lieu que de le stimuler pour le rendre de plus en plus apte à percevoir ce qui peut causer du chagrin.

Non loin de la cruauté, je pense que la plupart d'entre nous placerait la lâcheté qui comporte toutes les façons différentes de laisser quelqu'un souffrir des conséquences d'actes que nous aurions nous-mêmes commis.

La nature humaine quand elle n'est pas pervertie est beaucoup meilleure que nous ne le supposons, nous devons reconnaître que la lâcheté est bien rarement spontanée chez l'enfant. Elle ne se développe que par la peur des punitions trop sévères, ou par l'impuissance à comprendre la signification réelle d'une telle attitude. Rien ne saurait mieux la prévenir qu'une atmosphère familiale d'honneur et d'intégrité.

De tous les défauts communs aux enfants, nul n'est peut-être plus décevant que le mensonge. A le découvrir, il semble que le sol s'effondre sous nos pas, que nous ne savons plus sur quoi bâtir, que nous ne pouvons plus être sûr de rien. Toutefois après le premier sentiment de tristesse qui s'empare de nous quand nous entendons notre enfant mentir pour la première fois, nous découvrons en y réfléchissant, que ce sujet a des aspects divers.

Il me semble qu'il faut distinguer les mensonges destinés à tromper et à s'attirer quelque avantage, et ceux qui ne poursuivent aucun but pareil. Tous les jeunes enfants sont à peu près incapables de percevoir la différence existant entre l'illusion et la réalité ; (bien d'autres plus âgés et même des adultes sont sujets à la même faiblesse), ils sont incapables de se rendre compte que la réalité diffère des échafaudages pittoresques de leur imagination. C'est un fâcheux travers de caractère qui demande une sérieuse attention, mais il n'a rien à voir avec le mensonge destiné aux yeux de l'enfant à le sortir d'un embarras mérité ou à lui faire obtenir quelque chose qui ne lui serait pas accordé autrement.

Et même cette forme de mensonge, quelque déception qu'elle mette au cÅ“ur des parents, ne mérite pas toujours d'être prise au tragique, ainsi que quelquesuns d'entre eux sont tentés de le faire. En nous plaçant au point de vue de l'enfant, reconnaissons que sa position de complète dépendance qui le met à la merci de ceux qui sont plus forts que lui (sans aucun recours contre leurs jugements) peut l'entraîner à se servir du mensonge comme d'un moyen de défense; et il est certain que nos efforts bien intentionnés mais inquiets pour l'amener à dire la vérité l'entraînent souvent tout à l'opposé, surtout s'il appartient à la catégorie des êtres sensibles, imaginatifs et craintifs . Si nous savons qu'un enfant a des tendances à altérer la vérité, il nous arrive souvent de le mettre dans des situations ou l'exactitude d'une affirmation semblerait à tout le monde une épreuve difficile.

Supposons que vous vous soyez laissé aller à la tentation de prendre sur une assiette un excellent petit gâteau bien croquant, n'éprouveriez-vous pas la plus grande difficulté à narrer cet incident tel qu'il s'est produit, si un géant, muni d'une canne, et les sourcils froncés, s'approchait de vous et vous disait d'un ton menaçant : « Ne savez-vous pas qu'il est interdit de prendre quelque chose sans permission ? Avez-vous pris l'un de ces gâteaux, oui ou non ? Allons, parlez! » Ne seriez-vous pas plus disposé à raconter la vérité s'il disait tout tranquillement: «Je croyais avoir mis six gâteaux sur ce plat, et je n'en trouve plus que cinq ! Vous auraient-ils paru si bons que vous en ayez pris un! Ils sont bons, n'est-ce pas »

Il faut tenir compte des circonstances lorsque nous voulons juger d'un mensonge, nous mettre à la place de l'enfant, chercher à discerner si la tentation de sortir de la difficulté par ce mensonge n'a pas été par trop irrésistible ?

Là encore le moyen le plus efficace est d'attirer l'attention de l'enfant, non sur- l'erreur, mais sur la vérité, de ne pas surveiller d'un oeil soupçonneux ses légers manquements à l'exactitude mais de louer ses affirmations correctes, de multiplier pour lui les occasions de faire un récit littéralement vrai, et par dessus tout de l'entourer de véracité à la maison.

L'égoïsme. La plupart des enfants sont enclins à la tentation soudaine de s'emparer de ce qu'ils désirent, quand bien même ils en priveraient quelqu'un d'autre. Quoique ce défaut doive être combattu autant que possible, il n'est pourtant en réalité que l'action réflexe inconsciente d'une certaine personnalité et ne doit pas être aussi sévèrement condamné qu'un acte d'égoïsme froidement calculé. A côté de l'égoïsme, nous placerons le manque d'égards pour les autres ; défaut très répandu, contre lequel nous devons lutter, mais en attendant cependant sans impatience que le sentiment du respect croisse avec l'âge.

Le désordre est aussi un défaut qui fait le désespoir des adultes. Combattons-le mais sans y attacher une importance disproportionnée, - les idées que chacun se fait sur l'ordre et le désordre sont très diverses, il serait donc exagéré de donner sur ce sujet des règles absolues.

De même les bonnes manières sont le plus souvent affaire de convention. Nous les ferons observer si possible, mais les manquements à cet égard n'entraîneront pas de sévères reproches.

La poltronnerie est une faiblesse plutôt qu'un défaut, l'enfant normal s'en corrige presque toujours à moins d'être découragé par les allusions trop répétées de ses parents et de son entourage.

Et maintenant quelles sont les vertus qu'un enfant peut posséder? Je crois qu'elles peuvent se résumer dans les efforts qu'il fait pour combattre son égoïsme; mais les façons dont se manifestent ses premières tentatives vers la conquête de soi-même sont parfois si étranges et si inattendues qu'elles sont loin de plaire aux grandes personnes.

Supposez qu'à l'école du dimanche, votre petit garçon ait assisté à une leçon sur la beauté et la sainteté de la charité : en revenant à la maison il met cette leçon en pratique en donnant son pardessus tout neuf à un enfant pauvre, sous prétexte (ce qui est vrai) qu'il a un vieux pardessus à la maison alors que l'autre enfant n'en a pas. Qu'est-ce que vous seriez tenté de lui dire? Est-ce que les commentaires que vous feriez au sujet de cette action seraient de nature à semer dans son âme les graines du scepticisme? ou bien feriez-vous appel à toute votre raison pour vous abstenir de blâmer l'enfant d'avoir commis cet acte impulsif?

Après une journée de préparatifs fatigants en vue d'une réception, la maison est parée, la table à thé gracieusement décorée, et tout est prêt. La jeune maîtresse de maison, un peu lasse et excitée, monte en courant faire sa toilette. Elle redescend vivement pour jeter partout un dernier coup d'oeil. Qu'est-ce que cette litière sur la nappe blanche ? Herbes sauvages toutes brisées et fleurs sans tiges ! Et qu'est-ce donc que la petite Nelly répète à tue-tête de sa voix perçante ? « Regarde comme je t'ai aidée, maman ! regarde comme je t'ai aidée à faire une jolie table ! »

Heureuse Nelly, si sa mère, après avoir regardé sa figure toute rouge d'honnête fierté, se souvient qu'il n'est point d'impulsion meilleure chez un enfant que celle qui le pousse à aider quelqu'un.


L'article ci-dessus pourrait donner lieu à un utile entretien avec de grands enfants.
On leur demanderait par exemple s'ils partagent l'opinion de l'auteur sur la gravité relative des défauts, s'ils en auraient d'autres à ajouter à la liste?
Si à leurs yeux il n'y a faute que lorsqu'il y a volonté de mal faire ?
Si la taquinerie est quelquefois légitime, si elle peut être amusante et utile ?
S'ils sauraient dresser une liste des qualités comme il a été fait une liste des défauts?
S'ils pensent qu'un enfant a le droit de donner ses vêtements, etc., etc.

Si de nombreuses réponses à ces questions étaient communiquées à notre
rédaction, elles seraient l'occasion d'intéressantes observations sur les idées de la jeunesse actuelle.










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