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Apprendre à aimer

Car de même que nous pouvons parler éloquement ou en balbutiant, lire couramment ou en hésitant, coudre, travailler, agir, penser bien ou mal, de même nous pouvons aimer bien ou mal, de sorte que notre affection peut être pour d'autres une bénédiction ou le contraire.

Il existe un préjugé d'après lequel l'amour porte toujours de bons fruits. Il y a en effet une théorie littéraire d'après laquelle, par exemple, l'amour maternel a toute science infuse et la jeune mère sait d'instinct soigner son bébé. Permettez-moi de dire que c'est faux. Ceux qui disent cela sont des auteurs et des hommes qui n'y entendent rien. Certainement, il y a dans le fait de la maternité une révélation d'amour et d'un amour très pur et très désintéressé mais nous sommes ici pour voir les choses en face et nous devons convenir que celles qui ont cette révélation splendide sont celles qui y ont été préparées par d'autres affections; qu'il y a des mères qui ne sont que faiblement attachées à leurs enfants et qu'il y en a beaucoup qui tout en les aimant, ne savent pas les soigner et les aiment mal. Il y en a qui font d'emblée les choses comme si elles avaient fait un apprentissage, d'autres ont besoin qu'on leur apprennent à tenir un bébé et à le soigner.
Sans doute, d'instinct presque toujours, la femme ouvrira les bras, se placera entre son enfant et le danger - l'amour conjugal ou maternel lui donnera le courage de travailler dur, de braver les privations, aimer beaucoup est quelque chose, c'est d'une grande valeur, ce n'est pas toujours aimer bien. Souvent, la mère croira bien faire en se sacrifiant et elle fera de ses enfants des égoïstes. Souvent elle sera négligente, malpropre, étourdie, frivole; elle poussera ses filles à la vanité, à la recherche du plaisir, elle ne comprendra rien à ses grands fils, elle n'aura pour leurs incartades qu'un sourir : ce sont des hommes! elle ne saura pas leur faire un cÅ“ur droit et une âme noble - quand elle les aura serrés sur son coeur et mangés de caresses, elle croira les avoir élevés; elle leur aura donné la vie et la santé et ne leur aura jamais appris qu'ils ont une âme. - A l'égard de leur mari, nous savons combien de femmes ont coutribué à gâcher une vie, à la pousser vers les satisfactions matérielles, combien ont entravé et brisé une vocation. Que d'exemples tragiques on en pourrait donner!

Dès l'enfance il faut apprendre à aimer bien et noblement. L'affection de l'enfant n'est pas en soi nécessairement égoïste et intéressée, ce sont ceux qui l'entourent qui le rendent tel en appuyant l'attrait de la sympathie sur un intérêt de gourmandise: viens vers moi, je te donnerai du chocolat - ou en lui apprenant des niaiseries : aimes-tu mieux papa ou maman - ou les confitures? Si au lieu de ces plaisanteries coupables dont on rit à grand bruit, on disait à l'enfant: combien tu aimes cette bonne maman qui fait tant de choses pour toi, on ouvrirait ses yeux sur des choses qui lui paraissent naturelles, qu'il ne remarque même plus - on lui apprendrait la reconnaissance.

A mesure que l'enfant grandit il faut lui apprendre à remarquer ce qu'il y a de bon chez les autres, chez ses frères et sÅ“urs.

Mais à quoi bon parler des autres ! parlons plutôt de nous-mêmes et soyons pour nous nos propres éducatrices.

Famille, parents, amis, toutes, nous avons autour de nous des êtres aimés: demandons-nous sérieusement aujourd'hui ce que nous leur avons donné, ce que nous avons été pour eux.

Les avons-nous compris ?

Ceux qui sont le plus près de nous ne sont pas nous-mêmes, ils sont à côté; dans beaucoup de choses, leur point de vue sera différent du nôtre parce que leur nature n'est pas la même et que leur position est autre. En fait de différence de nature, nous devons en les aimant, les aider à atteindre le maximum de ce qu'ils peuvent être; ils en seront plus heureux - et nous aussi - que si nous voulons les modeler à notre image. Si le pommier voulait persuader le cerisier de porter des pommes, il en ferait un arbre stérile; il faut que chacun grandisse selon sa nature, étant compris et encouragé.

Nous comprendrons peut-être alors que ceux que nous aimons aient besoin d'une autre société que la nôtre, d'une société qui réponde à une autre partie de leur nature.

Il y a des êtres égoïstes, ou plutôt égocentriques dans leurs affections. Pour eux le verbe aimer se conjugue surtout à la première personne du singulier et au passif; c'est: je suis aimé qui importe. Remarquez que dans toute affection, il faut être deux au moins. Se dire: suis-je aimé? je suis aimé, je voudrais être aimé, c'est légitime, mais cela dépend d'autrui, et d'un autrui que nous ne pouvons pas toujours persuader ; tandis qu'il dépend de nous de dire : j'aime - et de répandre une affection, toujours la même, sans défaillance, sans intermittence.

Essayons donc d'aimer avec compréhension, avec respect, en laissant les autres libres - libres même de ne pas répondre aux trésors que nous leur offrons.

Je dirai ensuite: aimons dans nos amis ce qu'ils ont de meilleur, c'est-à-dire que notre amitié soit faite de la mise en commun du meilleur. Dans la famille ou dans l'amitié associons-nous pour grandir. Il y a des mariages de convenance, d'intérêt, d'amour; nous pouvons avoir avec d'autres des relations d'intérêt ou de travail, comme aussi notre association peut être un entraînement vers le bien. Alors nous serons fières, heureuses, reconnaissantes de ce que notre amie fera de bien, nous chercherons à nous y associer, à grandir avec elle, jamais à l'entraver, à la retenir dans son élan. Alors la tendresse devient un puissant levier, et nous grandissons à côté de celle qui nous montre le chemin.

Considérons que dans toute affection il y a quelque chose de divin, ce n'est peut-être qu'une petite flamme, un lumignon à moitié étouffé sous des préoccupations et des pensées humaines, mais la petite flamme peut tout épurer et grandir.

Mettons dans notre affection beaucoup de loyauté. Je suppose, cela arrive, qu'il y ait entre nous une divergence, une querelle - irons-nous à droite et à gauche nous plaindre de celle qui nous fait de la peine? (à plus forte raison s'il s'agit du mari) non n'est-ce pas? vous sentez que cela ne doit pas être, que ce serait profaner une belle affection, que nous faisons du tort à notre amie et à nous-même, que nous regretterons plus tard l'excès de notre langage qui a rendu plus profond un fossé entre nous.

Mais ce qui est aussi de la loyauté c'est de dire à notre amie ce que nous blâmons. Souvent on craint, en disant sa pensée, de perdre une amie, non, si on agit avec douceur et respect, si elle-même est une vraie amie, on ne la perdra pas pour avoir été vraie. Ce qui le fait croire parfois c'est précisément le fait d'avoir manqué de courage, de ne pas avoir dit ce que l'on devait quand et comme on l'aurait dû - on garde ses remarques en soi comme un mauvais levain, puis un jour, à propos de peu de chose, parce que le cÅ“ur est trop chargé, le flot des reproches sort tumultueux comme un torrent amer, injuste, inattendu, stupéfiant et dévastateur, tandis que si on avait été loyal, on aurait parlé à mesure, tranquillement, on aurait pu s'entendre - et peut-être aurait-on constaté qu'on s'était soi-même trompé.

Donc pas d'égoïsme, de la compréhension, de la loyauté et aussi de la maîtrise de soi. - Se fâcher contre un ami, c'est déchirer son propre coeur, qui à la fois aime et n'aime pas, c'est soulever une tempête intérieure et se préparer une douloureuse souffrance pour le jour où calmé, on se rappellera ce qu'on a dit, où l'on sentira que l'on a fait de la peine, et que l'on s'est diminuée à ses propres yeux …..









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