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Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
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Genève, mars 1931

Nous avons publié dans notre numéro de janvier les questions qu'une lettre d'une de nos lectrices nous avait suggérées relativement aux promenades tardives des jeunes gens, et les nombreuses réponses que nous avons reçues nous prouvent que ce sujet préoccupe beaucoup de parents. Nous remercions vivement tous ceux qui ont pris la peine de nous répondre et regrettons seulement que le manque de place ne nous permette pas de publier in-extenso leurs intéressantes lettres.

Voici quelques extraits de ce que nous écrivent:

Une mère de famille:

« Nous devons reconnaître sans fausse honte, qu'il y a une attraction normale, naturelle, d'un sexe à l'autre ; les adolescents des deux sexes se sentent attirés les uns vers les autres par un instinct que la nature a mis en eux, il serait absurde et même dangereux de vouloir l'ignorer. D'autre part, le danger d'une promiscuité trop grande entre filles et garçons est réel, et toute mère hésite à y exposer son enfant.
Que faire ?
Je répète qu'il serait absurde et même dangereux d'ignorer cet attrait réciproque. Une jeune fille qu'on tient absolument à l'écart de toute occasion de rencontrer des jeunes gens, si par comble de malchance, elle n'a ni frères, ni cousins, peut se laisser entraîner par son imagination. Elle a en elle un besoin d'amitié et de saine camaraderie sans emploi, et on entend trop souvent parler du danger du refoulement pour ignorer que cela peut nuire à son équilibre, à son caractère et par conséquent à son bonheur.
Faut-il pour cela autoriser les sorties tardives ? D'abord distinguons entre promenades du soir, qui ne sauraient être tolérées en aucun cas, et sorties pour assister à des conférences et à des concerts. Il n'est pas toujours possible d'accompagner nos jeunes filles, je crois qu'en les mettant en garde contre les mauvaises rencontres (qui sont heureusement fort rares) on peut les laisser aller seules entendre des choses nécessaires a leur développement intellectuel et artistique. Mais quant à sortir le soir uniquement pour se promener avec des jeunes gens, cela ne peut être que mauvais et dangereux pour les uns comme pour les autres. L'excitation qui en résulte nécessairement est un mal pour garçons et filles.
Il y a d'autres occasions pour la jeunesse de se rencontrer. En premier lieu ce sont les courses de montagne, où frères et soeurs, cousins, cousines, amis et amies partent avec le sac au dos et éprouvent ensemble les joies saines de la nature. Peut-être les jeunes filles perdront-elles un peu de leur grâce fragile, cela n'a pas d'importance, elles y gagneront la satisfaction d'avoir accompli un rude effort physique. Les garçons apprécieront davantage une compagne capable de supporter une saine fatigue. Ensemble, ils s'aperceveront que sans flirt, loin des dancings, on peut aussi avoir grand plaisir à partager des joies communes.
Les activités chrétiennes mixtes, les associations religieuses d'étudiants qui sont sous la garde d'aînés ou de pasteurs aimant et comprenant les jeunes et les laissant discuter librement de leurs préoccupairons, tous ces mouvements sont à encourager.
Elevés dans cet esprit large et compréhensif, les adolescents n'auront pas l' idée de rechercher des occasions clandestines de se rencontrer. Leurs rapports reposeront sur une confiance réciproque. Que les parents facilitent ces rencontres au grand jour en permettant l'organisation de courses de montagne, et en facilitant la tâche des conducteurs spirituels qui velulent bien se dévouer aux jeunes, et surtout qu'ils inculquent à leurs enfants un idéal de pureté, une notion très haute du mariage et de l'amour, le désir d'apporter un jour au fiancé et à la fiancée un cÅ“ur que rien n'aura défloré.»
HUGENIN

Un jeune pasteur habitant en France un village uniquement agricole, dont les habitants ont des fortunes moyennes, peu d'enfants et beaucoup de goût pour les bals de campagne qui se tiennent dans les cafés et où chaque danse est suivie de rafraîchissements plutôt… échauffants:
« Les mères n'accompagnent plus leurs filles le soir quand celles-ci sortent, et elles ne sortent le soir que pour le bal ou quelques rares tournées cinématographiques qui se passent dans la grande salle du café. On rentre à n'importe quelle heure, aucun contrôle ne s'exerce pourvu que le lendemain on soit à l'heure au travail. C'est dire qu'ici le danger des sorties tardives est certainement plus grand qu'autrefois et que seule une réaction très vive faite parfois de renoncements plus grands qu'il ne serait strictement nécessaire, pourra obtenir quelque résultat. Et c'est ce qu'ont compris les éléments sérieux qui systématiquement s'abstiennent de tout bal ou fête au café.
Une immoralité sans nom, visible en été pour le promeneur le moins averti, est le résultat de la trop grande liberté des enfants, de l'abdication complète des parents, non seulement en matière d'autorité mais aussi en matière d'éducation et d'avertissement.
Par contre nos jeunes se rencontrent constamment sous les auspices des groupements dépendant de nos églises et de belles unions ont été déjà le résultat de ces rencontres : concentrations de jeunesse, cours de l'université rurale où pendant une grande journée par mois du matin au soir, on apprend, on se distrait, on fait du sport, on prend ses repas en commun. Ces rencontres ne se font pas uniquement tu presbytère mais dans les foyers chrétiens, mais évidemment presque toujours avec le pasteur et sa femme. En hiver on veille tantôt chez l'un tantôt chez l'autre, des « veillées » de jeunes sont un excellent moyen de distraction saine et bienfaisante. Nous avons ainsi pu apprendre quantité de jeux de société qui ont remplacé dans les traditionnels « repas de boudin » les chansons plus ou moins grossières et la danse qu'on allait faire au café pour tuer le temps.
Chez nous le salut n'est pas dans un retour à une autorité des parents telle qu'on la comprenait autrefois car les temps ont changé, mais dans une éducation des parents qui ne comprennent pas le rôle que leur assigne notre époque, et dans la formation de groupements de jeunes assez courageux pour comprendre qu'il leur faut renoncer provisoirement à des habitudes et des plaisirs, légitimes en eux-mêmes peut-être, mais dont une effroyable caricature fait aujourd'hui un objet de scandale. Ainsi ils travailleront à la régénération de la vie de famille et de la moralité de leur milieu. »
H. BARDE

Un jeune agriculteur du canton de Vaud:

« Pour ma part je trouve que le danger existe. Les sorties tardives, ces «rôdées» comme on dit chez nous sont d'une influence mauvaise, douteuse en tous cas sur l'éducation de la jeune fille. Elles sont funeste pour deux raisons, me semble-t-il. D'abord elles donnent aux jeunes filles le goût du vagabondage, l'habitude des sorties pour toutes raisons et pour tous prétextes. La maison «leur tombe dessus» et elles sont bien partout ailleurs qu'à la table de famille. Ensuite ces sorties sont dangereuses à cause des compagnies douteuses, des conversations légères, futiles, des chansons de mauvais goùt, des rencontres : jeunes gens mal polis, sans respect pour la jeune fille, pour la femme, hommes pris de vin, etc. La jeune fille qui court les bals, même les bals simplets et «à la bonne» comme ceux de nos petits villages, risque gros pour sa vie intérieure, pour son éducation morale, et surtout pour sa préparation à la belle vocation de future mère.
Je crois que la jeune fille est encore plus en danger que le jeune homme. Non parce qu'il y a deux morales ; nous n'en connaissons qu'une et le jeune homme qui tombe est aussi coupable que la jeune fille. Mais parce qu'elle est plus exposée aux avances de jeunes gens malhonnêtes, avinés ou malpropres. Hélas combien de fréquentations légères, finissent mal, n'aboutissent à rien, si ce n'est au chagrin, au désespoir, parce qu'on s'est rencontré sous l'angle de l'amusement, de l'insouciance, de la légèreté ! Combien de filles-mères, combien d'unions malheureuses combien d'épouses déçues ou maltraitées dans nos villages parce que l'éclosion de l'amour, l'échange des serments, la préparation au mariage s'est faite à la légère, entre les bals et les kermesses, au lieu de se faire sous l'oeil bienveillant des parents, avec leur assentiment et leur bénédiction.
Je crois que la famille a un grand rôle à jouer dans ce domaine. Il faut donner aux enfants le goût de la vie de famille, de la soirée autour de la table, chacun à sa tâche, ou unis pour la lecture à haute voix, les jeux ou de la musique. Donner aux enfants l'amour de la maison, du foyer et quand ils grandiront c'est là qu'ils se sentiront le plus heureux.
Certainement il y a d'autres occasions pour les jeunes de se rencontrer. La famille aussi doit faire sa part dans ce domaine. Invitation de jeunes; les amis des garçons de la maison, les amies des jeunes filles etc. Le pasteur et sa compagne peuvent jouer un rôle heureux en invitant aussi les anciens catéchumènes, leur donner l'occasion de se rencontrer.
Et allez, les gens sauront toujours trouver des occasions ; le jeune homme saura toujours où et comment passer pour entrevoir le petit minois rose qui parle à son coeur. L'essentiel c'est bien plutôt de placer les jeunes gens sur le chemin sûr, vie de famille, idéal noble du mariage, responsabilité.»
T. Héroz

Une femme de pasteur:

« Je me réjouis d'une certaine liberté, faite de confiance et accordée plus qu'autrefois à nos jeunes. Je crois que la poignée de main chaleureuse donnée à un jeune, le regard de sympathie dans ses yeux et, avant de se séparer, le mot : « J'ai confiance en toi », feront plus que les défenses strictes et les prescriptions autoritaires . Supprimer certaines défenses a souvent comme heureux résultat d'enlever l'attrait du fruit défendu.
Mais, d'autre part, il faut reconnaître qu'un peu partout les lois morales disparaissent, que les consciences font concession sur concession, que le danger est plus grand qu'autrefois.
Une trop grande liberté me paraît aussi dangereuse pour les jeunes gens que pour les jeunes filles. J'irai même, à la suite de nombreuses observations, jusqu'à dire qu'elle l'est davantage pour les jeunes gens que pour les jeunes filles. A l'occasion de l'arrivée de chaque nouvelle bonne j'ai fait des observations intéressantes ; dès leur premier contact avec le village les jeunes gens les observaint, cherchaient à les aborder, à lier conversation ; d'aucuns ne se gênaient pas de transporter une nuit une échelle pour atteindre la fenêtre de la jeune fille. Cela s'est fait souvent et j'entendais expliquer qu'à la campagne c'est la raison des barreaux de bien des fenêtres. Telle jeune fille, par sa seule attitude digne et noble, sans parole, sut faire cesser toute familiarité, d'autres les acceptaient et ne faisaient qu'en augmenter le nombre. Elles étaient un danger pour les jeunes gens.
Notre village est spécialement gâté par deux grandes salles de restaurant aux abords de la gare, où chaque dimanche, sinon plus souvent, toute la jeunesse du village se porte. Les parents y vont avec de jeunes enfants, avec leurs enfants catéchumènes. On y danse au moyen d'un piano électrique. De tous les villages avoisinants on y vient et les retours sont un réel danger.
La jeunesse habituée à ces plaisirs épicés n'en veut plus d'autres. Le pasteur et sa femme sont impuissants devant des mÅ“urs si populaires et en quelque sorte sanctionnées par la présence de parents qui ne voient pas le danger. Comment lutter?
Nous avons essayé de grouper les jeunes au cours de leurs années d'école, dès 12 ans en général ; il y a là un bon terrain, non encore contaminé, où l'on peut suppléer des mères quelquefois débordées de travail. On le peut sans beaucoup de paroles, en utilisant dans un but précis les forces merveilleuses de dévouement, d'enthousiasme, de joie pure que recèle cet âge. Ces groupes doivent être une grande famille où l'on travaille de ses doigts, où l'on mette un moment de, côté, non pour une longue méditation, mais pour la lecture de quelques versets et une courte prière qui dise la joie et la reconnaissance des cÅ“urs et non des paroles d'un mendiant jamais satisfait.
Certains endroits ont le privilège de posséder des groupes mixtes soit étudiants chrétiens, soit jeunesse missionnaire. J'ai vu des collaborations magnifiques parce que les jeunes avaient un but et un but élevé. Plus l'horizon est vaste, plus l'activité en commun et la bonne camaraderie sont possibles. »


Un pasteur de la montagne:

« Les libertés tolérées actuellement deviennent parfois de la licence et sont en tous cas dangereuses pour jeunes gens et jeunes filles. Peut-on dire lesquels sont les plus menacés? C'est difficile, mais je sais qu'il n'en résulte rien de bon ni pour les uns, ni pour les autres. Les jeunes filles, non seulement les lègères, mais aussi les sérieuses, sont menacées. Les jeunes gens tombent dans les pièges des « garçonnes » et ces libertés ont même quelquefois été néfastes à d'honnêtes fiancés.
Le pasteur, sa femme, les parents et les institutions sont les mieux placés pour construire la muraille qui arrêtera la vague de l'impureté. En réalité il s'agit là du gros problème du christianisme d'après-guerre. Pour reconquérir ses positions anciennes dans l'esprit de notre peuple le christianisme moderne doit devenir agressif. Pour sauver notre jeunesse il faut attaquer ses conceptions de la moralité et son scepticisme, en cherchant à surmonter le mal par le bien, la subjuguer, l'entraîner, l'enthousiasmer par des convictions hardies et élevées, nettes, indiscutables pour la conscience et s'y tenir soi-même.
Il faut - hélas - attaquer les parents autant que les jeunes.
Mais que de belles choses se passent dans une localité lorsque les parents et le pasteur sont unis. Je pourrais donner de beaux exemples : des jeunes fiancés qui, après un rude combat, ont décidé de ne plus aller danser, des jeunes mariés qui ont fait de même, et c'est à ceux-là surtout qu'il faut de recommander des réunions sans bal et sans boissons alcooliques, des promesses de beaucoup de rester pur jusqu'à leur mariage.

Aux côtés du pasteur, semeur de convictions., il y a ses auxiliaires, ceux qui travaillent par la pratique : sociétés de jeunesse chrétienne, chÅ“ur mixte, conférences mensuelles, unions de jeunes filles et de jeunes gens donnant de petites soirées. De plus le soir du nouvel-an et lorsqu'il y a fête au village j'organise une fête à la salle de paroisse. Elles réussissent très bien. Mais pour moi la seule manière de résoudre le problème est de donner à notre jeunesse et de redonner aux parents des convictions chrétiennes solides et rayonnantes.»

Résumant en quelques mots les opinions de nos correspondants nous arrivons aux conclusions suivantes :

1° Les sorties du soir sont légitimes et doivent être favorisées lorsqu'elles ont un but de développement intellectuel ou moral ou même lorsqu'elles sont simplement récréatives, mais les rencontres fréquentes et oisives et les danses surtout dans les cafés sont à prohiber.

2° Les jeunes gens qui veulent conserver leur idéal de pureté devront faire le sacrifice complet et renoncer d'emblée aux «rôdées» et aux dancings et bals publics. Ce sacrifice ne peut peut-être pas leur être imposé il faut qu'ils l'accomplissent de leur propre choix, mais les parents peuvent le leur faciliter en remplaçant ce à quoi leurs enfants renoncent par d'autres divertissements d'autres rencontres d'où la joie et la gaîté ne sont pas exclues et qui leur permettent de se voir librement et de laisser parler leur cÅ“ur.

3° Des convictions chrétiennes et un idéal peuvent seuls donner aux parents comme aux enfants la force et la clairvoyance nécessaires.









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