Accueil
   

 

 

 

RECHERCHES
Rechercher un mot dans les articles:


Recherche avancée
• par mots
• par thèmes

ARCHIVES DE TOUS LES ARTICLES



AUTRES MENUS
ACCUEIL
ADRESSES
  • Adresses utiles
  • Bibliographie
  • Liens Internet
LE JOURNAL






Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
En dehors du grand intérêt pour vous de cette matière exceptionnelle, que vous soyez jeune parent, chercheur dans une université ou simplement intéressé par l'évolution des comportements humains, votre soutien par l'intermédiaire d'un abonnement nous est indispensable.
Pour les pays lointains et si vous ne désirez pas profiter de la version papier, un abonnement sous forme de pdf est accessible au même prix annuel de CHF 30. Il vous donne un accès complet aux archives
RETOUR

Mensonge

Nous sommes tous d'accord pour dire que le mensonge est un vice et la véracité une vertu ; et cependant il nous arrive de tolérer le mensonge de pratiquer, d'en sourire et même parfois de l'admirer jusqu'au moment où nous nous en indignons parce qu'un enfant, une domestique, un fournisseur nous a menti. Nous sommes scandalisés et voudrions réformer celui qui, par intérêt ou par lâcheté, a manqué de franchise, mais si nous ne sommes pas personnellement décidés à être vrais en toute occasion dans notre vie privée et dans nos affaires, à renoncer aux mensonges de convention et aux mensonges de politesse, il est inutile de chercher à corriger les autres, ce ne serait qu'hypocrisie de notre part.
Toutefois il existe heureusement des parents qui ont le droit d'exiger la véracité de leurs enfants parce qu'ils la respectent eux-mêmes, des pères qui peuvent critiquer la réclame mensongère de beaucoup d'annonces parce qu'ils ne la pratiquent pas, des mères dont le oui est oui, dont le non est non.
Il est légitime que de tels parents fassent tout pour lutter contre la disposition à la tromperie de leurs enfants, mais ils y mettent souvent trop de sévérité et vont ainsi à fin contraire, car la peur est à la source de la plupart des mensonges.
Le tout petit enfant dit tout ce qu'il pense et se contredit sans mauvaise intention ; ne nous en faisons point de souci et surtout ne le traitions pas de menteur de peur qu'il ne le devienne.
Plus grand, il prend au sérieux les fantaisies de son imagination et raconte mille folies ; il n'y a encore là rien d'inquiétant pourvu que nous lui montrions que nous avons compris que ce n'est qu'un jeu. S'il nous fait un récit de ce qu'il a vu qui nous paraît inexact, rectifions-le sans brusquerie et en nous souvenant que l'enfant ne voit pas comme l'adulte, ses regards ne vont pas loin, ils s'attachent à un détail qui lui voile la vue de l'ensemble.
Non, ni les erreurs, ni les imaginations, ni même les exagérations des petits garçons et des petites filles ne sont graves ; ce qui est grave, c'est la tromperie consciente et répétée de l'enfant qui veut duper ses parents et ses maîtres, et qui s'habitue à vivre dans la duplicité et la fausseté une vie dont toute joie et toute noblesse morale sont exclues.
Pourquoi cet enfant ment-il par peur, afin d'éviter une punition ou une réprimende
par orgueil, pour paraître meilleur qu'il n'est
par intérêt, afin d'obtenir ce qu'on pourrait lui refuser
par honte, pour cacher une faute : paresse, gourmandise ou vice secret.
Il nous paraît presque inutile de dire aux parents dont l'enfant ment par peur que la seule chose à faire est de le rassurer, de lui inspirer confiance, tant cela paraît évident qu'un enfant craintif deviendra toujours plus craintif et menteur. Pas de sanction, pas de gronderies, pas de cris au scandale, mais beaucoup de douceur, d'affection compréhensive, d'encouragements et de gaieté. Que maman ne soit pas le juge dont on craint la sentence, mais l'amie à qui on peut raconter toutes ses petites faiblesses, parce qu'elle les comprend et vous aide à les dominer.
A l'enfant qui ment par orgueil, nous expliquerons tout simplement qu'il se trompe, qu'il ne voit pas juste, et pour lui faire accepter un plus haut idéal, nous profiterons du respect qu'il éprouve pour le bien, car enfin il admire le bien puisque c'est pour paraître meilleur qu'il ment. Nous lui ferons comprendre qu'être est plus noble que paraître et pour lui, comme pour l'enfant qui ment par intérêt, nous nous servirons de leur point d'honneur pour leur tpprendre à être francs envers eux-mêmes et envers les autres.
Enfin vis-à-vis du pauvre petit honteux qui cherche à cacher un acte répréhensible nous agirons avec la plus grande délicatesse et descendant avec lui au plus profond de sa conscience, nous y dépisterons le mal, car seul l'abandon de son vice lui permettra de devenir l'être libre et droit que nous attendons de lui. Nous essayerons de lui révéler la beauté de la dignité humaine et nous souvenant à quel point l'inaction et l'ennui laissent le terrain libre aux mauvaises pensées nous nous efforcerons de chasser la tentation par des occupations absorbantes intérêts nouveaux, par de, et par une conception plus élevée des joies de la vie.

M. Etienne Causse, en publiant cet hiver un bel ouvrage sur Mme Necker-de-Saussure a réveillé l'intérêt que celle-ce n'aurait jamais dû cesser d'inspirer à tous ceux qui s'occupent d'éducation.

Mme Necker avait un esprit largement cultivé, formé par les influences successives d'une famille patricienne genevoise, d'amitié de scientifiques et littéraires, de la société de Coppet et enfin du Réveil religieux. Le résultat de ses, travaux fut « l'Education progressive » qu'elle publia en 1844 et que l'on petit tenir encore pour une des oeuvres essentielles de la pédagogie en langue française.
Nous extrayons du premier volume consacré aux petits enfants le fragment suivant sur

La Vérité

« C'est un sens à former que celui de la vérité, pour cela on commencera par tâcher de faire comprendre au petit enfant que ses paroles doivent s'accorder avec les faits plutôt qu'avec ses désirs ou ceux des autres, choses qu'il ne saisit pas toujours de lui-même. En lui racontant toutes les circonstances des événements dans lesquels il a été acteur ou témoin, il conçoit ce qu'est un récit fidèle. Bientôt il le conçoit tellement, que si vous commettez la moindre erreur, il en vient à vous redresser avec une sorte de pédanterie. Il faut le remercier dans ce cas, et lui faire voir tout le prix qu'on attache à l'exactitude.
Mais le langage n'est pas tout et les ruses doivent être déjouées ; il faut les comprendre, les déconcerter et montrer qu'on n'est jamais dupe. En venir à l'explication n'est pas nécessaire : ce qui ne peut être prouvé ne doit pas non plus être reproché. Si vous recevez avec la plus parfaite froideur les caresses intéressées, et avec un tendre épanchement tout mouvement sincère et qui part du coeur, l'enfant, averti par sa conscience, ne se méprendra pas sur vos motifs. Les prétextes seront traités de même, et sans leur donner le nom qu'ils méritent, vous y verrez toujours une raison de refus. Les exagérations, les vanteries, les récits suspects, n'obtiendront également de vous qu'un morne silence. Rien ne vous placera si haut dans l'esprit de l'enfant, rien ne vous assurera mieux de son respect que l'épreuve qu'il fera de votre pénétration.
Un autre soin plus doux et aussi important à prendre, c'est celui d'attirer la confiance de l'enfant. Tâchez d'obtenir l'aveu de ses petites fautes et récompensez toujours sa candeur par le plus entier pardon. Rappelez-vous qu'avant l'âge de raison, il n'est aucun inconvénient dans l'indulgence qui puisse égaler celui d'exposer la véracité au moindre danger. A plus forte raison, il faut se garder de tendre à l'enfant le moindre piège. Jamais on ne doit les interroger sur leur sagesse passée, jamais sur les faits qu'ils pourraient nier ou sur les sentiments qu'ils pourraient cacher, jamais encore sur la conduite des autres enfants ou sur celle des domestiques. Pourquoi les exposer à trahir? Pourquoi placer leur fragile vertu entre la délation et le mensonge?
Si nous avons obtenu que la vérité ait été respectée, nous sommes en possession d'un moyen puissant, nous pouvons montrer de la confiance. Notre estime, qui se mesure sur le degré d'exactitude des assertions rend l'enfant attentif à ses paroles. Et quand nous ne doutons plus de ce qu'il affirme, quand son plus simple témoignage produit à l'instant chez vous une pleine conviction, le sentiment de joie et de dignité qui remplit son âme lui montre le prix de la bonne foi.
Mais l'essentiel de beaucoup, c'est d'être parfaitement vrais vous-mêmes. Tous les autres intérêts doivent être sacrifiés à celui de la vérité. Tromper un enfant c'est non seulement lui donner un pernicieux exemple ; c'est nous perdre auprès de lui pour l'avenir …..
Ce qu'il importe de savoir c'est s'il peut vous croire : tout l'avenir dont il se fait l'idée est renfermé dans cette question. S'il vous a toujours trouvé littéralement vrai, votre puissance morale est encore entière, tandis que s'il vous a une fois trouvé faux vous n'êtes plus qu'une force matérielle et irrégulière, dont l'emploi, ne pouvant jamais être prévu, ne saurait être pris en considération.»









www.entretiens.ch fait partie du réseau « NETOPERA - culture - société - éducation sur Internet » et pour la photographie PhotOpera - Uneparjour || DEI - Défense des Enfants - International
ROUSSEAU 13: pour allumer les lumières - 300 de Rousseau  ROUSSEAU 13: les IMPOSTURES - 300 de Rousseau - portraits déviés PHOTOGRAPHIE:Nicolas Faure - photographe d'une Suisse moderne - Le visage est une fiction - photographie de l'image brute - Laurent Sandoz - comédien et acteur professionnel - Genève