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Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
En dehors du grand intérêt pour vous de cette matière exceptionnelle, que vous soyez jeune parent, chercheur dans une université ou simplement intéressé par l'évolution des comportements humains, votre soutien par l'intermédiaire d'un abonnement nous est indispensable. Pour les pays lointains et si vous ne désirez pas profiter de la version papier, un abonnement sous forme de pdf est accessible au même prix annuel de CHF 30. Il vous donne un accès complet aux archives
RETOURQuels enfants désagréables! William joue dans la cour. Avec un bâton il frappe à coups redoublés sur une vieille casserole. Cette casserole a déjà fait le désespoir de ses parents. Assourdis et énervés d'entendre ce tapage ils l'ont cachée, il y a une semaine environ. Mais depuis lors le petit garçon s'est mis chaque jour à sa recherche. Vous le voyez d'ici furetant dans tous les coins et recoins! Enfin il l'a dénichée, ce matin même! Et maintenant c'est un cri de victoire qui retentit à chaque coup de bâton. Oui! il a vaincu. Par ses efforts, il est rentré en possession de son jouet favori. «Quel enfant désagréable!» s'exclament les parents. Ils aimeraient sans doute mieux voir William assis tranquillement dans un coin occupé à tourner ses pouces! A leurs yeux sa conduite n'est qu'entêtement, esprit de contradiction. Pourquoi ? Parce qu'il s'agit d'un enfant. Chez un homme fait cela s'appellerait persévérance, tenacité. Et cette persévérance de William bien disciplinée, mise au service de ce qui est bon, sain, généreux, lui servirait à remporter des victoires là où d'autres eussent été cent fois vaincus. Charles est allé au bord de la mer, sur les rochers. Il a glissé, il est tombé à l'eau et a failli se noyer. L'autre jour en grimpant sur un arbre le pied lui a manqué et s'il ne s'était retenu à une grosse branche, il se serait tué dans sa chute. Son père a dû monter sur l'arbre et le dégager; une autre fois un poulain dont il voulait faire sa monture l'a renversé et il a eu le bras cassé. Allez-vous essayer de briser cet esprit aventureux et hardi et par conséquent de détruire, si possible, tout courage dans ce jeune coeur ? Faites plutôt tous vos efforts, employez toute votre sagesse pour diriger dans le bon chemin cette témérité qui vous effraie. Eclairez, avertissez, redressez, en un mot éduquez, mais n'écrasez pas. Soyez sûrs alors que Charles deviendra un homme dans le vrai sens du mot, un homme qui suivra sans crainte le sentier du devoir dût-il y trouver la mort. La petite Hélène crayonne sur toutes les surfaces planes qu'elle rencontre. Ce sont des traits informes qui ne ressemblent à rien, mais qui font ses délices. Elle a gâté un coin de mur avec ses gribouillages. Si vous agissez sans réflexion, tenant plus à la propreté de votre mur qu'au bien de votre petite fille, vous la fouetterez et vous lui confisquerez son crayon, la mettant ainsi dans l'impossibilité de recommencer. Si, au contraire, vous voulez faire preuve de bon sens, vous lui donnerez du papier, une ardoise, quelque chose sur quoi elle puisse dessiner tout à son aise, en lui défendant d'exercer ailleurs son petit talent. Un jour peut-être, ce talent judicieusement cultivé, fera-t-il d'Hélène une véritable artiste. Tel garçon aux impulsions désordonnées, quasi-sauvages est devenu, grâce à une éducation intelligente, un jeune homme capable des plus généreux enthousiasmes. Il fût devenu craintif, sournois, défiant de lui-même si ses premiers élans irréfléchis, et peut-être désagréables à son entourage, avaient été sottement réprimés. Pour certains parents et éducateurs, l'objet principal de l'éducation semble être d'avoir dans la maison de tranquilles et douces petites créatures... Pour atteindre ce but ils emploient tous leurs pouvoirs à arracher ou détruire chez les enfants certaines qualités et cela simplement parce que ces qualités ou plutôt quelques-unes de leurs manifestations, leur sont désagréables ! Et c'est ainsi que des pères et des mères qui ne voudraient pour rien au monde estropier physiquement leurs enfants deviennent inconsciemment les auteurs de mutilations morales souvent beaucoup plus funestes. Là où l'éducation éléve en disant: «Mon enfant, laisse-moi te montrer quelque chose de mieux», l'égoïsme des parents détruit en menaçant: «Finis, si tu continue, je t'arrangerai d'importance.» C'est la bonne direction et non l'opposition qui est le principe de toute éducation raisonnable. |
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