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Désobéissances d'enfants

Les enfants, chacun le sait, désobéissent souvent et n'exécutent pas toujours les ordres recus. Chez beaucoup même, les fautes sont si nombreuses que les parents décus sont tentés d'abandonner la lutte. Il est donc nécessaire de rechercher les causes de tant de manquements et de découvrir la part de responsabilité qui incombe à l'éducateur lui-même.

Défenses et interdictions. On peut poser en principe, que le nombre des désobéissances est directement proportionnel à celui des interdictions. Il s'ensuit que ces dernières devraient être aussi peu nombreuses que possible.

Voici quelques exemples : Une famille se promène en forêt, lieu éminemment favorable aux jeux bruyants. Les enfants ivres d'air pur, courent, crient, s'amusent royalement. Le père - est-ce abus d'autorité ou incompréhension des besoins de l'enfant - leur impose le calme. Obligés de calquer leur attitude sur celle des parents, ils le font un moment, puis, la défense de courir et de pousser des cris leur paraissant injuste, ils reprennent leurs ébats. Seul, le cadet résiste à la tentation et achève sans plaisir une promenade qui eût pu lui laisser un agréable souvenir. Conséquences d'une défense inconsidérée: déception des parents, regrets des enfants.

Autre cas : Alfred de retour de l'école, s'est mis joyeusement à l'ouvrage ; aussi ses devoirs pour le lendemain sont-ils faits et bien faits. Dehors le soleil brille et les jeux des camarades qu'il voit de la fenêtre de sa chambre l'attirent fortement. Sa mère, sous prétexte que la lecture est un excellent moyen d'instruction et qu'il doit y consacrer une partie de son temps, refuse la permission de sortir, pourtant sollicitée poliment. Défense doublement déplorable parce qu'elle déçoit l'enfant et méconnait son naturel besoin d'activité et de mouvement.

Et voici notre première conclusion : Il est indispensable de limiter les défenses au strict nécessaire, de n'interdire que ce qui peut nuire à l'enfant de quelle façon que ce soit et ce qui risque de porter préjudice à autrui.
Mais il faut des barrières à l'impulsion et au caprices du jeune âge ! Des défenses seront longtemps nécessaires avant de devenir «conseils» et « recommandations ». On y parvient souvent en se rappelant que le ton fait la chanson. Toute défense donnée froidement, sans égards, avec la voix d'un adversaire qui semble prendre plaisir à contrecarer un projet agréable, a peu de chance d'être favorablement accueillie. Certaines formules telles que « J'ai le regret de» «Je voudrais bien te permettre cela, mais… » prédisposent, au contraire, à la soumission. Enfin, je suis convaincu qu'il est bon de dire à l'enfant les raisons de nos défenses. Il sait alors qu'elles ne sont pas l'effet d'un caprice ou d'un accès de mauvaise humeur et tout naturellement il se sent poussé à obéir.

Les ordres. La clarté et la décision facilitent l'exécution d'un ordre. Aucun subalterne ne l'ignore. Seuls les supérieurs (les éducateurs) sont tentés de l'oublier. La discipline peut en souffrir. Les impératifs tels que: « Tiens-toi mieux! » « Comporte-toi comme tu dois ! » prêtent à équivoque . Ils sont avantageusement remplacés par « Ne t'accoude pas ! Lève la tête ! Ne fais pas telle ou telle chose ! » L'enfant sait alors sans doute ni hésitation ce qu'on attend de lui. Convaincu que ce qui est clair dans l'esprit des parents, quand ils commandent ne l'est pas toujours dans celui des enfants - je considère comme indispensable les précautions suivantes:

a) ne pas commander à distance (par exemple d'une chambre à l'autre), mais faire plutôt venir l'enfant avant de lui dire ce qu'on désir de lui. Cette mesure ne paraît d'autant plus nécessaire que l'enfant est parfois très absorbé par son travail, son jeu ou sa rêverie et qu'en pareil cas les premiers mots lui échappent presque toujours. Afin de ne pas importuner par un «Plaît-il » ou un « Pardon ? » il lui arrive de déduire ce qu'il n'a pas entendu des quelques vocables compris et de se tromper dans l'exécution de l'ordre, à moins qu'il ne trouve plus commode de faire la sourde oreille.

b) attirer d'abord l'attention de l'enfant en prononçant son nom, ne commander qu'ensuite. Sous cette forme : « Va me chercher un seau de charbon, s'il te plaît, Gustave! » l'ordre est mal donné, parce qu'il est déjà énoncé lorsque l'intéressé se rend compte que c'est à lui qu'on parle.

c) parler suffisamment haut, distinctement et sans tourner le dos. Il est des gens doux et calmes dont la faible voix met parfois dans l'embarras. C'est à eux surtout que je m'adresse.

Ces précautions sont comme la technique du commandement. Elles se révèlent parfois insuffisantes. L'enfant par exemple n'exécute pas volontiers ce qui lui paraît inutile. Un père de famille, fit dans le seul but d'occuper sa progéniture déplacer plusieurs fois le même tas de bois. L'âme enfantine se regimbe contre de telles exigences, heureusement.

D'où la nécessité de dire le pourquoi des ordres comme des défenses, d'en montrer le but immédiat ou lointain toutes les fois qu'il n'apparaît pas de lui-même.

Quelqu'un l'a dit: on peut obtenir beaucoup quand sait demander. Toujours la façon - la méthode joue un rôle essentiel. Il faut dès lors que le pédagogue, tout en veillant à la clarté de ses ordres, cherche à les rendre agréables. Voulez-vous quelques expressions prédisposant à l'obéissance ? En voici cinq choisies entre beaucoup : « Tu me ferais plaisir… Tu me rendrais grand service en allant… Je regrette d'interrompre ton jeu, mais j'ai besoin de toi ; c'est toi que je charge de ce travail parce que tu es le plus grand (ou le plus fort, le plus débrouillard)… Je t'envoie maintenant parce que cela presse et que ton frère (ta sÅ“ur) est déjà occupé », etc…
L'enfant toujours très sensible à toute différence de traitement comme à toute injustice, n'aime pas à travailler pendant que d'autres s'amusent. Il obéit plus facilement si chacun recoit sa part de besogne. L'éducateur avisé répartit donc équitablement cette dernière entre tous les subordonnés ou veille à ce que chacun ait son tour.

Menaces. Aux mesures disciplinaires préventives appartient aussi la menace. Beaucoup de parents ne connaissent même que celle-là, malheureusement. Que vaut-elle ? Ce que vaut celui qui l'emploie. Voyons les faits ; ils ont un éloquent langage. Premier cas : menace inexécutable et inefficace, l'autorité de son auteur faisant défaut. Dans la salle d'attente d'une gare, une mère dit à son fils : « Robert, cesse de siffler, sinon je prends le train sans toi, et te laisse ici!» Effet nul . Deuxième cas : menace disproportionnée à la faute et inopérante, à cause de sa trop longue échéance. Exemple : « Si tu désobéis encore, je ne t'achète rien pour ta fête (huit mois plus tard !)» L'enfant a tôt fait de découvrir que de semblables épouvantails peuvent, sans gros inconvénient, ne pas être pris au sérieux. Il sera tenté de désobéir pour s'en assurer. Troisième cas : menace raisonnable facile à exécuter sans délai, l'autorité de son auteur étant intacte. C'est la seule qui soit acceptable en éducation ; elle sert à la fois d'avertissement et de stimulant. Deux conditions établissent sa valeur : sa rareté car l'enfant - plus encore que l'adulte - s'habitue facilement à tout, et la fermeté avec laquelle les parents ont exécuté les précédentes menaces.

Promesses. Une distinction s'impose entre les engagements qu'on obtient de l'enfant et les promesses que l'éducateur fait lui-même. Les premiers ont une base psychologique sûre, une portée éducative évidente. Ainsi en ont jugé l'Eglise - qui exige une promesse des parents quand ils présentent leurs enfants au baptême, des catéchumènes, des nouveaux époux - l'armée (qui tient beaucoup à son serment de fidélité au drapeau) et la justice, moins aveugle qu'on le dit parfois. Semblables engagements, l'expérience le prouve, lient fortement, renforcent l'intention bonne chez l'enfant plus encore que chez l'homme fait. Ils constituent un puissant stimulant de la volonté ; on aurait tort d'en faire fi.

Les promesses des parents à leurs petits peuvent être riches en heureux résultats, mais leur efficacité dépend de la confiance que leurs auteurs inspirent. Elle est singulièrement compromise après tout manquement à la parole donnée.

L'éducateur a ainsi plusieurs moyens de prévenir la désobéissance enfantine. Il fera bien de n'en négliger aucun et de se demander dans chaque cas s'il a pris toutes les précautions nécessaires. Il découvrira bientôt qu'une part - petite ou grande - de responsabilité lui incombe souvent. Cette douloureuse constatation le rendra plus vigilant ; le nombre des fautes diminuera et l'atmosphère familiale deviendra plus sereine.









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