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La pédagogie de la liberté
Il y a des milliers d'hommes qui se vantent de leur amour de la liberté. La liberté ? Non : leur liberté. Ce qui leur importe, c'est d'avoir pour eux la liberté de faire ce qu'ils veulent, sans s'inquiéter s'ils entravent celle d'autrui.
Le véritable amour de la liberté se manifeste toujours par une soumission volontaire à la justice. Il s'ensuit que, si l'on veut élever les enfants à aimer la liberté, il faut leur apprendre surtout à respecter celle des autres, c'est-à-dire à restreindre la leur. La liberté pour tous comporte des restrictions pour chacun.
En s'inspirant de ce principe là, quelle atmosphère de bonheur et de joie l'éducation ne peut-elle pas créer à la jeunesse !
L'intérêt de l'enfant est servi par une éducation qui le laisse s'exercer à l'indépendance; rien n'est plus favorable à la formation du caractère qu'un régime de liberté accompagné d'une responsabilité graduellement accrue. Sous ce régime, les enfants se montrent tels qu'ils sont ; ils expriment dans leurs actes et dans leurs paroles ce qui se passe en eux, permettant ainsi aux adultes de suivre de très près leur évolution et de prendre à temps les mesures qu'elle comporte. Ce n'est pas dans les livres de psychologie que nous apprendrons à connaître nos enfants, mais dans les pages du livre de leur vie qu'ils ouvrent jour après jour devant nos yeux, pages écrites de leurs actes et de leurs paroles.
Pour déterminer les limites de la liberté qu'on peut laisser à un enfant, il n'y a que deux critères : son intérêt à lui et celui de son entourage. Sa santé physique, son développement intellectuel et son perfectionnement moral mettent bien des entraves à sa liberté, soit en lui interdisant de satisfaire toujours ses désirs immédiats, soit en lui imposant des devoirs. Nous ne pouvons lui laisser la liberté de se nuire à lui-même
Le plus grand ravisseur de liberté, c'est la conscience. L'enfant ne doit pas être libre de laisser se développer les éléments mauvais de sa nature. Il doit apprendre à se soumettre à l'impératif de sa conscience ou à la volonté de Dieu, pour trouver dans cette soumission une liberté d'une nature différente
Il est de toute nécessité que l'enfant puisse jouer « comme le coeur lui en dit ». La santé de son corps et de son âme est à ce prix. Laissons-lui donc la plus grande liberté possible, avec son corollaire, la responsabilité. Cependant, là encore, il faut prendre garde qu'une responsabilité trop lourde ne vienne compromettre la jouissance de la liberté. Il faut l'imposer à très petites doses graduellement augmentées et il faut aider les enfants à la porter, en l'allégeant par la force de la joie et de la gaieté. Et puis, un peu de longanimité, s'il vous plaît ! L'enfant fera attention, autant que ses moyens le lui permettent; mais voilà, il y a de ces objets qui semblent vouloir se casser même sans qu'on y touche ! Il est émouvant de voir la frayeur dans les yeux de l'enfant quand un accident de ce genre est arrivé ! Et dire qu'il y a des adultes, voire des mères, qui, au lieu d'apaiser son âme agitée, se fâchent pour de bon contre la petite créature, l'invectivent, la saisissent par le bras et lui donnent même des taloches ! Tenons compte des forces de ces petits quand nous leur imposons des responsabilités.
Mais ce ne sont pas seulement les petits enfants dont la liberté comporte des sacrifices pour les adultes. Il y a des éducateurs qui ne peuvent souffrir que les enfants pensent autrement qu'eux. «Autrement» n'est pourtant pas synonyme de moins bien » ? Partout où le salut suprême du jeune être humain n'est pas en cause, laissez-lui donc la liberté d'avoir des opinions différentes des vôtres. Et surtout, renoncez à votre illusion de pouvoir faire le bonheur de vos enfants selon votre plan, comme si c'était une mosaïque.
Il est lamentable de voir ce que certaines gens entendent par le terme « d'éducation libre ». Ils oublient l'«éducation» et ne laissent subsister que la «liberté». A ce système-là qui n'en est pas un, je préfère mille fois la sévérité soucieuse et vigilante de nos grands-pères
Il ne s'agit pas de préconiser une liberté illimitée, mais de combattre la contrainte superflue, déraisonnable, vexante et harcelante, hélas ! trop fréquente encore dans les familles, à l'école et dans la société. Cette contrainte est cause que les enfants et les hommes ne s'élèvent pas à cette indépendance qui rend superflu l'agent de police sous tous ses déguisements, parce que chacun est son propre gendarme.
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