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De l'imagination chez l'enfant

«Il y a un trésor de poésie dansl'âme de tous les enfants». VINET.

Jusque vers la septième année, on peut dire que l'activité intellectuelle de l'enfant se partage entre ces deux facultés maîtresses : l'observation et l'imagination. Le jeu, par exemple, n'est-il pas chez les petits le produit de ces deux facultés associées? Quand ils jouent, ils imitent, et ils n'imitent évidemment que ce qu'ils ont observé; d'autre part, tout ce qu'ils imitent, ils le transfigurent. Ils copient et ils créent tout à la fois ; ils rêvent les yeux ouverts.

Quelle joie pour un père que de raconter dans un moment de détente, une histoire à ses marmots ! Mais n' avez-vous pas remarqué que, loin d'en être heurtés, ils goûtent surtout de vos récits les éléments les plus extraordinaires, ceux qui tiennent du « merveilleux » et du surnaturel - le pas lourd des géants qui allument leur pipe au feu du soleil, les paroles royales du lion distribuant des ordres aux brebis terrifiées, le battement d'ailes des anges gracieux qui viennent voir, la nuit, si les petits enfants dorment bien ?…
Cependant, je m'arrête ici, brusquement secoué par la question de tel garçonnet de ma connaissance : « Est-ce bien vrai, ce que tu dis là ?… » Eh ! oui, je l'avoue, ce petit monstre existe, le petit «rationaliste» qui raille tout ce qui dépasse la réalité courante, qui fait la moue aux plus adorables illusions, qui ne sait et ne saura jamais s'arracher à la prose des choses, pauvre douteur qui se plaît à donner du pied dans les corbeilles de fleurs et les châteaux de plots. Par bonheur, ils sont rares, les enfants de cette sorte, et l'on peut toujours se demander à leur propos si pareilles tendances n'ont pas été provoquées artificiellement par les maladresses et la mentalité de leur milieu.

Quoi qu'il en soit, l'enfant n'en reste pas moins, en général, un imaginatif. Je voudrais citer à l'appui les deux jolis traits qui vont suivre.

Michel a sept 7 ans. Un jour il a remarqué sur la paroi de la chambre, renvoyé par quelque objet brillant, un reflet qui bougeait. Des explications obtenues, il a conclu que ce reflet n'était autre, somme toute, qu'un « bébé-soleil ». Aussitôt il lui donne une âme, il lui prête des sentiments, tant et si bien que son père, malicieux, ne peut résister au plaisir d'exploiter ce « filon ». Il fait observer à Michel que le bébé-soleil obéit aux ordres qu'on lui transmet, qu'il va se poser, selon les désirs, sur ce tableau, sur cette photographie, sur l'armoire, sur la poignée de la porte… Vous le devinez, le reflet provient, cette fois, d'un miroir de poche que papa manie à volonté, sans que l'enfant s'en aperçoive. Mais celui-ci, piqué au jeu, veut tenter à son tour exploit si magnifique. D'une voix impérieuse, il ordonné; d'un doigt dominateur, il désigne - et miracle ! le bébé-soleil obéit. Il court, il bondit, il danse; il s'en va, il revient! Michel exulte. Que de fois ne répète-t-il pas cet exercice -pourvu que papa soit là, bien sûr - sans que jamais le moindre doute effleure son esprit! Quand il est rassasié d'une telle docilité, trop entière et muette, il congédie le joli reflet. « Va dire au grand soleil qu'il fasse beau demain ! » Une fois même il a voulu lui donner un baiser: opération délicate, nécessitant d'habiles contorsions, puisque, lorsqu'il en était tout près, sa tête interceptait le rayon ! Plus tard Michel à compris ; il a souri de sa naïveté, il n'a pas été froissé. Il a souri de cette innocente duperie à laquelle il avait pris un si réel plaisir. Laissez-moi vous présenter encore amis lecteurs la douce Jacqueline. Elle a six à sept ans.
La voyez-vous dans la gloire d'un matin, cheveux au soleil, parmi les mille fleurs de son vieux jardin! Sa mère la priée d'aller cueillir un gros bouquet pour fêter grand'maman dont on attend la visite aujourd'hui.
Mais Pourquoi la fillette tarde-t-elle ainsi? Devant chaque fleur qu'elle a choisie, elle s'arrête, lui parle longuement. On dirait qu'elle compose avec ses victimes. Avant d'accomplir le geste fatal auquel elles ne feront que survivre, on dirait qu'elle s'en excuse. On dirait à la voir inclinée devant les glorieuses corolle, qu'elle offre un culte, par stations successives, au dieu caché du vieux jardin… Intrigués comme sa mère, approchez-vous à pas feutrés, écoutez ce que Jacqueline murmure, lux giroflées, aux crocus, aux tulipes qui pleurent encore la rosée de la nuit : « Petites fleurs, je vais vous prendre, parce que grand'maman vient aujourd'hui. N'ayez pas peur.
Vous ne serez pas malheureuses : nous vous mettrons dans un beau vase, rempli de bonne eau fraîche. Mais avant de quitter vos soeurs, je vous laisse le temps de leur dire adieu puisque vous ne les verrez plus, plus jamais ! … »
Que Pensez-vous de ce trait ? Ces fleurs qui prennent congé de leur famille embaumée avant de mourir en donnant leur beauté, et Jacqueline qui salue, sans le savoir, au-dessus des gloires de la création, celles du sacrifice - ce tableau ne vous laisse-t-il pas rêveurs, vous aussi ?









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