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Une délivrance
J'ai connu un enfant de huit ans chez qui une correction méritée mais non acceptée, moins que cela, une insignifiante contrariété déchaînaient périodiquement d'effroyables colères. Une soupe d'orge perlé, ou la simple présence dans sa soupe d'un légume qu'il n'aimait pas, faisait aussitôt s'évanouir sa gaîté. Alors que ses frères et soeurs commencaient leur repas, il regardait fixement son assiette, dans une attitude muette, fermée, désespérée, de plus en plus hostile et dont ne parvenaient à triompher ni les sollicitations de sa mère, ni les objurgations de son père. Une sourde colère, peu à peu, montait en lui ; et, quand elle le possédait pleinement, prompt comme une anguille, il se laissait glisser sous la table, en saisissait les pieds et l'agitait violemment pour nuire le plus possible. Non sans peine, on finissait toujours par le saisir et l'emporter. Mais la correction paternelle n'avait pas le don d'apaiser la colère; les larmes qu'elle provoquait étaient larmes de rage ; l'enfant hurlait, cherchait à tout briser autour de lui, si bien qu'il fallut parfois l'abandonner dans un réduit sur une chaise, pieds et poings liés à la chaise.
Il y a quelque quarante-deux ans de cela, et j'en conserve un souvenir vivace ; car, cet enfant, c'était moi-même.
Or, un jour, sans que rien ait pu faire prévoir la chose, au moment même ou la colère allait me jeter sous la table, je me levai, me précipitai au corridor, montai quatre à quatre les deux étages de la maison, pénétrai dans ma chambre, dont je fermai à clef la porte juste au moment où mon père, qui me suivait, allait y pénétrer à son tour. Il respecta ma volonté de solitude. Alors, sous l'empire d'une force plus grande que la mienne, je tombai à genoux et mon cÅ“ur se fondit. Je me sentis saisi, prosterné, terrassé par Dieu même. Une ardente prière, un appel angoissé vers la délivrance me jeta dans ses bras. Puis, dans une détente de tout mon être, un grand calme se fit en moi. Je me relevai, me sentant tout autre, et, paisible, le descendis reprendre ma place à la table de famille, où je fus accueilli avec tact et affection.
Depuis ce jour, les poussées de colère sont revenues; mais aucune n'a abouti. Et non seulement ces poussées cessèrent en peu de temps de se produire, mais encore, depuis quarante-deux ans, je n'ai plus jamais cédé à la colère.
Après une telle expérience, comment douterais-je de la réalité de la grâce de Dieu, entendue comme une action rédemptrice s'exerçant librement dans ce monde déchu et dans le coeur de l'homme, pour le délivrer du péché?
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