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Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
En dehors du grand intérêt pour vous de cette matière exceptionnelle, que vous soyez jeune parent, chercheur dans une université ou simplement intéressé par l'évolution des comportements humains, votre soutien par l'intermédiaire d'un abonnement nous est indispensable. Pour les pays lointains et si vous ne désirez pas profiter de la version papier, un abonnement sous forme de pdf est accessible au même prix annuel de CHF 30. Il vous donne un accès complet aux archives
RETOURAider à Dieu Achetez un joli géranium, madame ! Ces mots étaient prononcés par une fillette à la voix timide et hésitante. Elle n'avait pas l'accent insolent et hardi des gamins des rues et ouvrait deux grands yeux noirs étonnés sur les scènes mouvementées de la rue. Sans même détourner les regards, la dame à qui cette prière s'adressait continua sa route. Plusieurs fois les petites lèvres tremblantes balbutièrent les mêmes paroles ; mais personne n'y prenait garde. Le petit visage se rembrunissait, les noirs sourcils se fronçaient et la fillette faisait un vaillant effort pour retenir ses larmes prêtes à jaillir. J'avais suivi cette scène d'un oeil intéressé. Comme un insouciant flâneur, je m'approchai de la petite vendeuse. - Achetez-moi un joli géranium, m'sieu. - Pour une marchande de fleurs, tu n'as que bien peu de choix. La petite baissa la tête, la mine confuse. Je compris que je lui avais fait de la peine et, pour réparer ma maladresse, j'ajoutai: - Il est vrai qu'à défaut de la variété, tu as la beauté, car il est très joli ton géranium. - Oh ! oui n'est-ce pas ? Et les yeux noirs se levaient vers moi, tout allumés de bonheur. Je hasardai encore une question: - Pourquoi petite fille, vends-tu des fleurs aujourd'hui il me semble que tu n'es pas accoutumée à un pareil métier? Un moment elle hésita, puis elle prit courage et murmura : - Vous ne connaissez pas Guillot? Guillot n'a plus de papa et sa maman est morte il y a cinq mois. Comme il est très gentil, tous les locataires de la maison l'aiment. Il est notre fils à tous. Cette dernière phrase fut dite avec un sérieux imperturbable ; dans chacun de ses mots on entendait comme les premières vibrations de l'amour maternel. - Lorsqu'il était petit, reprit la fillette, Guillot est tombé de sa voiture et s'est démis la hanche. Depuis il ne peut marcher qu'avec une béquille. Mais il n'est pas triste ; il chante constamment et maman dit que sa béquille en frappant le sol bat la mesure de ses chansons. Et puis si vous saviez comme il est courageux ! il s'est fait marchand de journaux pour gagner sa vie. Pourtant hier nous n'avons pas entendu la chanson de Guillot, ni le bruit de sa béquille; il avait engagé sa béquille dans un trou et elle s'était cassée ! Et maintenant il lui en faut une neuve, et personne dans la maison ne peut lui en payer une, puisque c'est la fin du mois ; aussi Guillot a-t-il demandé à Dieu de lui donner cette béquille. Je l'ai entendu, car sa chambre est à côté de la mienne. C'est pourquoi je veux vendre mon géranium pour aider le bon Dieu à répondre à la prière de Guillot. Que vous dirais-je de plus ? Guillot le soir même, avait sa béquille. Et moi, je suis devenu propriétaire d'un beau géranium rouge qu'une fillette aux yeux noirs soigne pour moi dans un coin de nos sombres faubourgs. Mais ce que j'ai conquis de plus précieux, ce jour-là, ce n'est pas la belle fleur rutilante et parfumée, c'est la leçon que m'enseigna cette humble fillette. Aider Dieu à répondre aux prières de notre entourage, tout sacrifier pour collaborer à l'exaucement des quotidiennes suppliques qui montent vers le trône de grâce, n'est-ce point la plus douce des missions ? |
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