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Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
En dehors du grand intérêt pour vous de cette matière exceptionnelle, que vous soyez jeune parent, chercheur dans une université ou simplement intéressé par l'évolution des comportements humains, votre soutien par l'intermédiaire d'un abonnement nous est indispensable. Pour les pays lointains et si vous ne désirez pas profiter de la version papier, un abonnement sous forme de pdf est accessible au même prix annuel de CHF 30. Il vous donne un accès complet aux archives
RETOUR« La joie qui demeure » Un jour, un beau jour, j'eus le privilège de voir et d'entendre Gandhi à Lausanne, dans une réunion publique, lors de son passage en Suisse. Chacun pouvait lui poser des questions auxquelles le grand maître de la sagesse hindoue répondait avec une bonhomie et une simplicité tout à fait charmantes. Une des questions fut celle-ci : « N'auriez-vous pas un message à adresser aux femmes d'Occident? ». Il réfléchit quelques courtes secondes puis il dit, avec un sourire illuminant son visage d'ascète : « Oh! je ne saurais!…, je n'oserais!… et pourtant, si, je voudrais leur dire une chose : la femme doit échapper à la suggestion de l'influence masculine pour reprendre sa vraie et originale grandeur, qui est celle du don de soi, de l'esprit de sacrifice.» Bien souvent j'ai repensé avec émotion à ces paroles d'un homme qui connaît et a pesé, comme nul autre peut-être, la valeur des forces invisibles qui mènent le monde, et dans mon coeur de femme et de mère, j'ai senti s'élever un grand désir de posséder et de développer avant toute autre chose les qualités du coeur, puisqu'elles sont notre apanage, le domaine où nous pouvons être reines,… c'est-à-dire servantes! Il y a toujours une joie profonde à répondre à sa nature intime, et quand un ami, un frère vient nous dire : «Vivez en vous donnant, car c'est là votre vraie nature et votre raison d'être », nous devons lever vers lui un regard reconnaissant et rechercher au fond de nous-mêmes, sans tarder, cette voix du coeur qui murmure toujours son appel au sacrifice, afin qu'elle puisse se faire entendre librement dans nos vies et nous donner du même coup le vrai bonheur. Je sais bien que dans nos existences de femmes et de mères, l'abnégation nous est souvent imposée, mais il s'agit de plus et de mieux que cela, car il s'agit surtout d'une attitude intérieure qui nous fera aller au-devant du don de soi qui nous est quotidiennement et presque matériellement demandé et auquel nous nous plions souvent en protestant dans notre for intérieur. « Comment, vous me demandez, ô mon mari, mes enfants, de faire un pas avec vous? mais c'est dix que j'en ferai! Vous, mes tout petits, vous exigez de moi des heures d'insomnie? mais ce sont des nuits entières que je passerai auprès de votre berceau pour calmer votre fièvre ou apaiser votre inquiétude. Vous me demandez la nourriture du corps, mais c'est aussi la substance de mon être que je vous donnerai. Vous réclamez de moi le vêtement qui protège du froid, mais je vous donnerai aussi la robe de fête qui réjouira vos regards. Vous attendez de moi le nécessaire, ce qu'il faut pour vivre, et voici, je vous donnerai aussi ce qui nourrit le cÅ“ur et l'esprit, des fleurs pour orner votre demeure, une inspiration pour orienter vos pensées, et dès le matin, j'implorerai sur chacun de vous, pour chaque journée, la bénédiction du Père. » Et ce sera dans ce don de nous-mêmes, permanent et sans limite, où nous donnerons à chacun «une bonne mesure pressée, tassée, débordante», que nous trouverons la vraie joie qui demeure. Et cette offrande de nous-mêmes à notre prochain, vous comprenez bien qu'elle dépassera notre cercle de famille; elle s'adressera par le geste, la parole, le regard ou seulement la pensée, à tout être vivant croisé sur le chemin. C'est elle qui inspirera nos actes quotidiens, qui mettra de la grandeur et de l'infini dans nos humbles travaux ménagers et qui rendra humaines et palpitantes de vie, nos études et nos lectures abstraites. C'est elle qui embellira la monotonie de nos journées et donnera de l'intérêt à ce qui nous semblait jusqu'alors si terne et ennuyeux. C'est elle aussi qui nous fera trouver le temps et les moyens de vibrer à l'unisson de tout ce qui se fait de bien et de beau sur la terre, et c'est elle enfin qui développera en nous cette science de l'intuition qui résout les problèmes de la vie souvent plus vite et mieux qu'un savoir laborieusement acquis. Et soyez assurées qu'une vie ainsi orientée s'enrichit continuellement, même à son insu ; car celle qui la vit fait des découvertes merveilleuses dans le monde des « vies données, vies retrouvées » qui est sa patrie propre, celle dont toute femme a la nostalgie au fond d'elle-même, et la plus grande de ces découvertes sera de s'apercevoir qu'en aimant son prochain, elle est entrée dans la Vie véritable et s'est approchée du coeur même de Dieu, car DIEU EST AMOUR |
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