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Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
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RETOURGarde ton cÅ“ur Dans l'atmosphère grise d'une après-midi de novembre, nous devisions au coin du feu. De quel sujet passionnant, des mères peuvent-elles s'entretenir pour que leurs regards lassés s'animent et que le sourire éclaire de nouveau leurs visages à l'ouïe des mots échangés? Sujet vieux comme le monde et neuf comme le jour qui vient de naître, dont Jésus s'entretenait avec les hommes de son temps, lorsqu'il leur disait : « Et vous qui, mauvais comme vous l'êtes, savez donner de bonnes choses à vos enfants… (1) » Oui le voilà lâché le mot qui unit toutes les mères, mot grâce auquel l'espérance ne périt jamais. Nous parlions donc des enfants que Dieu met sur notre chemin, de la jeunesse d'aujourd'hui, si captivante, et par tout ce qui touche au coeur et en fait vibrer les cordes secrètes, si proche encore de celle d'hier. Notre doyenne, préoccupée de la familiarité qui existe entre jeunes gens et jeunes filles, nous fait part de ses craintes. Elle vient de lire un article de journal insistant sur le danger de la trop grande liberté qui leur est laissée. Même ces merveilleuses courses de ski sur les hauteurs immaculées se terminent parfois dans des refuges où l'on passe la nuit et où la liberté devient licence. Ce même journal parle de l'avantage qu'il y aurait à ouvrir une cabane pour jeunes filles seules. Un abri pour jeunes filles seules… Mais qui en voudrait de cet abri-là ? Un des grands charmes de ces randonnées en montagne n'est-il pas de les partager entre frères et soeurs, cousins et cousines, amis et amies, et dans notre jeunesse déjà, n'avons-nous pas éprouvé cette sécurité très grande d'être aidée dans les passes difficiles par un plus fort que soi, heureux à son tour d'aider celle qui se confiait à lui. Non, pour quelques indignes, ne ternissons pas les joies de la bonne camaraderie. Camarades un jour, amis le lendemain, et après?… Souvent trop d'intimité avec les déceptions qui en découlent. De cela les mères doivent se préoccuper. Jeune fille sensible, dont le cÅ“ur est plus exposé que celui de ton camarade, n'ouvre pas trop vite la porte de ton être intime à celui qui s'approche de toi au hasard d'une rencontre. C'est parfois en le livrant sans contrôle qu'on engage son cÅ“ur, ce cÅ“ur que ton compagnon d'un jour n'a nulle intention de te demander. Jeune fille d'aujourd'hui, qui te nourris de sciences abstraites plus que de sentiment, songe que ton camarade d'études et de jeux peut te voir avec d'autres yeux que ceux avec lesquels tu le regardes. Ne l'attire pas dans ton rayon pour l'abandonner ensuite tout chaviré d'amour, tel un papillon que la lumière de la lampe fascine et qui vient y brûler ses ailes. Jeune homme aux yeux ardents, tu laisses se former autour de toi une petite cour d'amies charmantes. Avec insouciance tu sèmes à tous vents ces mots d'amour que plusieurs coeurs recueillent, alors qu'un seul sera l'élu. Pourquoi l'oublier et faire souffrir les autres? Il y a tant de souffrances inévitables tout le long du chemin, souffrances voulues de Dieu parfois, consenties par Lui pour forger nos âmes. Mais les autres, pourquoi les créer en vain? « Garde ton cÅ“ur plus que toute autre chose car c'est de lui que viennent les sources de la vie. » L'auteur des proverbes était un sage, il savait combien un coeur mal gardé peut faire gémir. Et nous les mères, qui pleurons de vraies larmes, évitons à nos enfants les larmes inutiles. Parlons-leur de la valeur d'une âme, des égards dûs au cÅ“ur, ce cÅ“ur souvent fidèle malgré les apparences et qu'il faut respecter infiniment. Avec leur cÅ“ur de vingt ans, nos jeunes comprendront que l'on ne doit pas allumer une flamme pour la laisser ensuite mourir tristement. Peines de cÅ“ur où quelques lambeaux de l'être humain restent accrochés, vous m'avez toujours paru de la souffrance inutile et blessante quand elle résulte d'un manque de contrôle de soi-même. Car il y a des chagrins d'amour que la conduite des uns et des autres n'a pas préparés et avec lesquels il faut savoir recommencer courageusement une vie plus riche de l'expérience faite. Mères qui me faites l'amitié de suivre ma pensée, votre clairvoyance, votre sensibilité, vous donneront avec l'aide de Dieu, et mieux qu'aucun conseil humain, l'aide que vos enfants attendent de vous, pour éviter de troubler un cÅ“ur - le leur peut-être - inutilement… Ils sont partis à l'aube dorée d'un beau matin de février, jeunes gens, jeunes filles, sac au dos, skis aux épaules. Ils vont gravir l'alpe neigeuse, atteindre le chalet qui s'ouvrira pour eux. A la fièvre du départ, au bruit des rires et des voix, succède peu à peu une joie plus calme, plus grave. Dans cette nature qui se dévoile toujours plus harmonieuse dans son éclatante blancheur, il serait presque indécent de rire haut et fort, de plaisanter bruyamment. Le souvenir du foyer où père et mère, pensent à l'absent, à l'absente, et souvent prient pour eux, retient aussi sur les lèvres les paroles inutiles. Et quand le soir viendra, dans la paix d'une nuit étoilée, tous ces jeunes se respectant les uns les autres reposeront leurs corps et leurs âmes dans le grand silence des sommets . . . . . . . . . . . . . . . Ayons foi dans la jeunesse qui vit à nos côtés, faisons-lui confiance tout en la guidant par notre amour. (1) Matth. 7, 11 |
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