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Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
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La bonne volonté entre les hommes et la paix du monde

Le message annuel de paix des enfants du Pays de Gall sera lu le 18 mai prochain pour la quinzième fois, dans les écoles du monde entier. Soixante-dix pays ont pris des dispositions pour qu'il soit radiodiffusé. Les réponses à donner à ce message feront l'objet de concours et de discussions intéressantes entre écoliers.
Quel peut être le résultat pratique, moral, d'un tel effort ?
D'aucuns sont pessimistes ou n'y voient qu'un enfantillage.
Beaucoup, le plus grand nombre probablement, y restent totalement indifférents. Si en rentrant de l'école les enfants racontent avec enthousiasme à leurs parents ce qu'ils ont entendu et fait, ceux-ci ne savent pas s'associer à cette joie et s'intéresser avec eux à ce grand mouvement pour la paix qui leur paraît trop général et trop lointain.
D'autres enfin, sachant la puissance de l'opinion publique se réjouissent de voir proclamer cet appel à la concorde, mais ils redoutent l'agitation dans laquelle les jeunes risquent d'être entraînés par des préoccupations internationales. Cette crainte est légitime, mais il serait encore plus regrettable de décourager la jeunesse par notre indifférence, et l'éloigner de nous par notre incompréhension.

Dans le dernier rapport de l' Union mondiale de la femme je lis cette phrase : « La lutte pour la paix est un patient et tenace travail d'éducation. Tout effort susceptible de développer chez les enfants l'idée de la collaboration internationale mérite une sérieuse attention. »
Sans oublier les pionniers : Quakers, Unions chrétiennes, Associations chrétiennes d'étudiants, etc., je pense qu'il est intéressant et utile de connaître quelques unes des initiatives récentes en faveur de la paix.
Les croix-rouges de la jeunesse organisent des correspondances interscolaires. En 1934 il a été échangé 7499 lettres entre 49 pays.
Les cours internationaux de vacances pour adolescents ou étudiants permettent à ceux qui en bénéficient de connaître les particularités d'un autre pays et d'apprendre à l'estimer.
Ceux pour instituteurs et institutrices sont l'occasion d'échanges de vue sur les méthodes d'éducation et les améliorations à apporter à l'enseignement de la géographie et de l'histoire.
Les camps de vacances internationaux sont trop nombreux et trop connus pour que nous cherchions à les énumérer, mais je pense qu'on ne peut pas en exagérer la bienfaisante et féconde influence. Les jeunes en reviennent mûris, y ayant rencontré des entraîneurs qui leur font comprendre le sérieux de la vie. Les adultes eux, en reviennent rajeunis, ayant repris courage au contact de la jeunesse groupée autour d'un même idéal, préoccupée des mêmes problèmes. Se connaître, se comprendre, s'aimer, quoi de plus efficace pour créer la paix ?
Entendre exposer des opinions opposées, avoir l'occasion de défendre son point de vue, et quelque fois de le modifier, se trouver en contact avec des personnes qui recherchent ce qui unit et non pas ce qui divise, c'est un autre bienfait de la participation à un camp national ou international.
Je lis le passage suivant dans le compte-rendu du camp d'août 1935 des Chevaliers du prince de la paix (C. P.) : « Rester lucide et parfaitement maître de son idée fascinante, quand on n'est pas chrétien, c'est vraiment faire preuve de génie. Par contre un chrétien doit pouvoir y atteindre et un C. P. facilement. » Cette phrase est prononcée par le capitaine français Etienne Bach. Ses auditeurs sont des jeunes de nuances politiques et religieuses de toutes sortes : catholiques, protestants, juifs et incrédules réunis dans son hospitalière maison de Valangin (petit village en Suisse) où dix nations et diverses classes sociales sont représentées. Il leur a parlé du patriotisme, du nationalisme et des problèmes les plus délicats de l'heure présente en toute simplicité et a démontré, par ce qui se passe dans sa propre maison, qu'il peut y avoir accord dans la diversité. « Nous sommes de confession différente. Nos convictions sont sacrées, mais nous cherchons la vérité. Pourquoi ne pas aller ainsi toujours, chacun son chemin dans un esprit d'amour mutuel ! Nous ne ferions que notre devoir de chrétiens et cela serait tellement plus beau ! »

Ce camp 1935 des C. P. se termina à Montreux par une rencontre avec des délégués de l'Alliance universelle pour l'amitié internationale par les Eglises. Toutes les Eglises protestantes et orthodoxes y étaient représentées. Sous ce titre, bien lourd, se cache un effort de bonne volonté, de tolérance et de compréhension qu'il est juste de signaler. Une rencontre comme celle de Montreux c'est une pierre ajoutée à l'édifice de la paix.
Le service civil est une démonstration pratique de ce que peuvent quelques hommes qui mettent leur bonne volonté au service du prochain. Il a pour but de venir en aide aux populations sinistrées par des inondations, des éboulements. etc., et de créer entre les individus et les peuples un esprit d'entraide.
Le mélange des conditions sociales est complet dans les équipes de travailleurs. On voit côte à côte, maniant la proche et traînant la brouette : instituteurs, pasteurs, ouvriers manuels, fonctionnaires, employés de bureau, ingénieurs, militaires, réfractaires et étudiants.
En 1930 pour secourir les sinistrés du midi de la France, 254 volontaires furent occupées : 122 Suisses, 48 Allemands, 38 Anglais, 15 Français, 9 Autrichiens, etc., etc., en tout 16 nations représentées.
En 1934, un tremblement de terre aux Indes a bouleversé de fond en comble une contrée grande comme l'Ecosse, détruit plusieurs villes et des centaines de villages. Quatre européens ne se laissant pas arrêter par l'idée que le secours qu'ils apportaient était trop peu de chose, sont partis pour aider à la reconstruction de deux de ces villages dévastés.
Leur présence et leur exemple ont facilité les rapports entre Anglais, Hindous et musulmans.
0 miracle ! au moment où ces ouvriers du service civil allaient quitter l'Inde, on les pria de visiter une grande localité ou des centaines de maisons avaient été reconstruites et dont quelques unes étaient déjà habitées. Le propriétaire du terrain, un riche musulman leur en fit les honneurs et leur dit : « C'est vous qui avez fait cela. »

Etonnement des Européens.

« Mais oui, vous ne vous souvenez pas de notre première rencontre dans le train, l'automne dernier ? quand vous parliez devant moi de vos projets ? »

Multiplication des bonnes volontés !
Oh pourquoi sommes-nous si souvent incrédules ?









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