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Encore la paresse

Une autre cause de la paresse est le peu d'intérêt que les enfants éprouvent pour leur travail scolaire.

Georges est le petit-fils de M. Hobbs, l'épicier. Il a six ans et son père étant mort à sa naissance, il a toujours vécu chez son grand-père avec sa mère; celle-ci, surchargée de besogne, n'a guère le temps de s'occuper de lui. Tout petit, il jouait à ses pieds avec les morceaux d'étoffe tombés de la table à ouvrages ou s'amusait à ramasser les épingles égarées sur le plancher, mais dès qu'il sut marcher il préféra s'installer dans l'épicerie du grand-père, car les innombrables tiroirs, les barils et les odeurs délicieuses de la boutique lui paraissaient un paradis. A quatre ans il commençait à se rendre utile et bientôt savait la place de chaque chose, connaissait les poids et pouvait rendre la monnaie aux clients. Chacun l'aimait et les enfants s'adressaient à lui quand ils venaient acheter « deux sous de drops », parce qu'il y en avait toujours un peu plus dans le cornet quand c'était lui qui servait.
Mais depuis quelques mois son active petite personne a disparu de l'épicerie où on ne l'aperçoit plus qu'aux heures tardives de l'après midi. C'est que Georges va maintenant à l'école, sans grand plaisir, pour dire la vérité. La première fois que sa mère l'y amena il trouva le bruit et les plaisanteries des autres enfants très désagréables et se dit tout le temps qu'il serait bien plus utile à la maison qu'en classe : il y avait sûrement au moins trois clients à la fois dans le magasin et grand-papa était obligé de les servir tout seul, sans personne pour lui venir en aide. Quand la maîtresse appela son nom il sursauta et la regarda d'un air absent. Alors elle écrivit un I majuscule sur la planche noire et tous les enfants durent le copier. Georges connaissait cette lettre depuis des temps et des âges; n'était-ce pas celle inscrite sur le tiroir du sucre à glacer (Icing-sugar) et Madame Thom n'en achetait jamais qu'un quart de livre à la fois et ses gâteaux ne devaient pas avoir une couche de glacé bien épaisse avec si peu de sucre… et il souriait en y pensant, lorsque la maîtresse l'interpella : « Georges, vous n'avez pas encore écrit un seul I ; regardez comme les autres enfants ont déjà bien travaillé ». Il essaya de faire comme eux, mais au bout de quelques minutes ses pensées se mirent de nouveau à errer et son crayon demeura immobile.
Il en fut de même à chaque leçon. Quand les enfants commencèrent à faire des additions : une perle et une perle font deux perles, il secoua la tête, s'appuya au dossier de son banc et se dit : « Sont-ils donc stupides de ne pas savoir que 1 + 1 = 2 ! Et il pensa à son pauvre grand-père qui devait faire les additions tout seul ; comme il sera fatigué ce soir! Oh ! quand est-ce que ces ennuyeuses leçons seront finies! Que de précieuses heures perdues!
Et chaque jour il en fut de même. La maîtresse essaya un jour de causer avec lui après la classe pour se rendre compte s'il était stupide, mais Georges se montra si éveillé et répondit avec tant d'à-propos qu'elle en conclut qu'il était intelligent mais paresseux. Elle essaya de l'encourager à être plus travailleur et quelque fois aussi le gronda de sa paresse, puis comme, malgré tout, sa conduite ne changeait pas elle se décida à aller un jour voir le grand père pour lui parler du gamin.

Ce fut alors qu'elle trouva la solution de l'énigme. Arrivant devant la porte ouverte de la boutique, elle vit qu'elle était pleine de clientes ; un charmant vieillard aux cheveux blancs était derrière le comptoir et une mince petite silhouette courait de côtés et d'autres, portant un tiroir au vieillard, ficelant un paquet, grimpant au sommet de l'échelle, descendant une boîte d'un rayon, les yeux aussi vifs qu'une souris et les oreilles dressées pour attraper au vol les ordres du grand-père. Ce fut seulement quand une vieille femme le pria de porter son panier à travers la rue que Georges se trouva en face de sa maîtresse. « Dites à votre grand-père que j'aimerais bien le voir ce soir quand il aura fermé son épicerie ».
Qu'avait-elle appris pendant les quelques minutes passées à la porte de la boutique? Elle avait compris que Georges n'était pas un paresseux, mais tout le contraire.
Et le soir, tandis que l'enfant inquiet, sûr que sa maîtresse se plaignait de sa paresse à son grand-père, se tournait et se retournait dans son lit, un paisible trio confortablement installé autour d'une tasse de thé, dans l'arrière boutique, causait amicalement. La maîtresse confessait à la mère et au grand-père qu'elle avait pris l'enfant pour un idiot ou un fainéant, mais que maintenant qu'elle l'avait vu à l'Å“uvre elle reconnaissait s'être trompée et que la distraction du gamin venait de ce que sa vie à la maison lui apportait beaucoup plus de satisfaction que celle de l'école.
L'intérêt qu'il montrait à l'épicerie devait s'étendre à ses leçons, il fallait les combiner pour arriver à lui donner un but qui l'intéressât et elle leur demandait instamment de l'aider à trouver la meilleure manière de le faire.
Le lendemain elle eut une conversation avec Georges, elle lui dit combien elle avait été heureuse de le voir si adroit et lui raconta que son grand-père lui avait dit en confidence qu'il se réjouissait fort du moment où son petit-fils serait capable d'écrire les factures et de tenir les comptes. Les yeux du garçon brillèrent : « En combien de temps puis-j'e apprendre tout cela? » « Si vous essayez de ne pas trop penser à l'épicerie pendant que vous êtes en classe, cela ira vite, plus vite même que vos camarades parce que vous aurez un but devant vous. »
C'est un fait que les enfants travaillent plus facilement et plus joyeusement quand ils comprennent dans quelle intention ils doivent le faire. Le plus souvent ils deviennent paresseux parce qu'ils ne saisissent pas pourquoi il faut faire, tant de choses ennuyeuses, mais du jour où on leur propose un but qu'ils peuvent atteindre, leur travail prend un tout autre intérêt.









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