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Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
En dehors du grand intérêt pour vous de cette matière exceptionnelle, que vous soyez jeune parent, chercheur dans une université ou simplement intéressé par l'évolution des comportements humains, votre soutien par l'intermédiaire d'un abonnement nous est indispensable. Pour les pays lointains et si vous ne désirez pas profiter de la version papier, un abonnement sous forme de pdf est accessible au même prix annuel de CHF 30. Il vous donne un accès complet aux archives
RETOUREn avant La caravane joyeuse s'est mise en route, un beau matin d'été, et la montée a aussitôt commencé. Le sentier rocailleux serpente au flanc des hauts plateaux ou se perd dans les bois, et peu à peu la bande s'est égrenée le long du chemin qui monte. Mais tous les regards et l'effort de chacun tendent vers le même but et rapidement la plaine semble s'enfoncer entre les deux chaînes de montagnes qui la dominent. Arrivé le premier au col qu'un dernier bout très raide rend une véritable conquête, le chef de la bande a dit : «Mes amis, nous casserons la croûte ici en attendant les retardataires, et nous nous reposerons.» Bientôt tout le monde est réuni et les corps un peu las connaissent la délicieuse détente de la halte bien gagnée. Après le pain et le fromage, la gourde d'eau fraîche a circulé, puis les sacs sont rebouclés, mais avant de partir et de dire adieu au versant qui connut le premier effort, les regards scrutent le chemin qui reste à parcourir, et les moins dégourdis, les plus paresseux mêmes sentent une impatience, une fièvre les gagner à voir le but final qui se détache sur le bleu profond du ciel et à penser à la joie de victoire qu'ils éprouveront quand ils arriveront là-haut, et déjà les plus jeunes répètent: « Est-ce qu'on part, est-ce qu'on part ? » Cette joie de l'effort qui recommence après la halte nécessaire, il faut qu'elle soit la nôtre au seuil de la rentrée scolaire et de la reprise de la vie normale au foyer après les vacances. Sentez-vous la curiosité, l'ardeur même qui remplissent presque toujours le cÅ“ur de nos enfants devant le chemin qui s'ouvre, malgré la tristesse des beaux jours envolés : école ou classe nouvelle, maîtres ou professeurs à connaître, cahiers et livres neufs, camarades retrouvés après la séparation de l'été… Ailleurs, c'est le fils ou la fille aînée qui entre en apprentissage, c'est le collégien qui devient étudiant, c'est peut-être le cadet promu au rang de ses aînés et qui prendra dorénavant ses repas à la table de famille ; c'est encore une nouvelle combinaison de chambres qui donnera plus de tranquillité à celui-ci pour son travail à la maison, ou plus de facilité à la soeur aînée pour veiller sur sa plus jeune soeur. Bref, un monde de nouveautés pleines d'attrait, où les petites et les grandes choses s'entremêlent en ayant l'air d'avoir la même importance. C'est tout cela qui aide à reprendre la marche, (qui suscite l'intérêt et l'entrain de nos enfants, et, croyons-le bien, il y a là tout un frémissement de vie, un potentiel magnifique de puissance et de bonne volonté que nous devons sentir, saisir, orienter et soutenir pour qu'il dure en nous y associant avec notre maximum de vaillance, de confiance et d'amour. Ce n'est pas facile, hélas! car nous, qui savons l'incertitude du temps présent, nous voyons bien les rides soucieuses qui sillonnent le front du père ; nous connaissons la marche descendante de nos ressources alors que les besoin de la famille croissent avec l'âge des enfants; et puis nous tremblons que tout cet entrain, toute cette soif de vivre et celle d'apprendre n'aboutisse à quelque douloureux, à quelque révoltant « chemin sans issue ». Et pourtant, ils comptent sur nous :. « Est-ce qu'on part, est-ce qu'on part », répètent leurs voix joyeuses, et ils ne voudraient pas se mettre en route sans nous, car ils ont encore besoin que nous leur montrions le chemin et que nos épaules portent la lourde besace qui leur donnera le pain quotidien. Mais cet élan joyeux est en lui-même un motif de confiance, car je ne puis croire à une pareille poussée de vie sans raison d'être et sans but certain et possible. Chaque enfant est comme un printemps débordant de promesses inconnues ou déjà entrevues, que l'étape nouvelle va faire éclore peut-être, car chaque recommencement contient un aboutissement. Au seuil de l'automne 1936, que chaque famille forme donc la chaîne pour se remettre en route vers l'avenir, le fort aidant le faible, l'optimiste encourageant le craintif, le travailleur stimulant le paresseux, et, nous, les parents, unis dans une volonté et une foi communes, reprenant fermement et joyeusement, nous aussi, le chemin qui monte, car c'est Dieu Luimême qui le trace devant nous. |
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