
|
|
Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
En dehors du grand intérêt pour vous de cette matière exceptionnelle, que vous soyez jeune parent, chercheur dans une université ou simplement intéressé par l'évolution des comportements humains, votre soutien par l'intermédiaire d'un abonnement nous est indispensable.
Pour les pays lointains et si vous ne désirez pas profiter de la version papier, un abonnement sous forme de pdf est accessible au même prix annuel de CHF 30. Il vous donne un accès complet aux archives
Le ciel sur la terre
« Quand ou est mort, on va au ciel
»
Ainsi parlait un jour une petite fille, sur le ton péremptoire avec lequel, à six ans, on tranche tout mystère.
« Toi aussi, poursuivait-elle en s'adressant à sa sÅ“ur, toi aussi, Bébé, quand tu seras morte, tu iras ait ciel
»
Vous ne connaissez pas Bébé, blondinette aux cheveux bouclés, aux yeux bleus ardents, caressants ?
Cela fait de la peine de penser que cette mignonne créature, toute fraîche et toute spontanée, devra connaître à son tour les souffrances d'ici-bas, les Fourches Caudines de la mort. Mais, pour le moment, Bébé ne s'effraie pas. Sereine, elle répond à sa sÅ“ur:
« Moi, je resterai avec papa
»
Pour elle, le ciel ne vaut pas autant que d'être avec papa.
Ce trait m'a rappelé celui, souvent cité, du petit garçon qui s'était mis en route « pour chercher l'endroit où la terre et le ciel se rencontrent. » De sa maison bâtie sur la colline, il croyait voir cet endroit de l'autre côté de la vallée, justement sur la colline d'en face. Il marche donc longtemps, longtemps. Dans la vallée, impossible de se diriger; plus d'horizon, le ciel s'étale au-dessus des arbres, inaccessible. Inquiet, il interroge une brave femme qui lui ouvre sa porte, lui donne une tasse de lait, le fait parler, puis le remet sur le chemin du paradis: «Au bout de ce sentier, dit-elle, tu verras une petite maison. C'est là que la terre et le ciel se rencontrent. » Plein de confiance, le garçon reprend sa course. Mais, ce chemin, ne l'a-t-il pas suivi bien des fois ? Cet arbre tordu, ce ruisseau clair, ce rocher vert de mousse ?
Eh quoi! le champ de pommes de terre où papa vient travailler de longues heures, le tilleul sous lequel on se repose en famille, le dimanche?
Eh quoi! la maison, et maman devant! - La maison de maman est-ce là que la terre et le ciel se rencontrent ?
Oui, l'enfant n'a pas besoin d'un autre ciel. A la maison, tous ses chagrins sont apaisés. La tendresse de ses parents comble la soif de son cÅ“ur. Leur sagesse et leur pouvoir répondent à la nostalgie secrète de son âme, à ce besoin d'idéalisation que nous portons tous et qui est le propre du sentiment religieux.
Encore faut-il, certes, que « sa maison» présente des conditions normales, tant au point de vue matériel que surtout au point de vue moral, et qu'il puisse y chanter à gorge déployée :
«A mon foyer la vie est bonne
Aux coeurs d'enfants il faut si peu
Mon ciel est toujours bleu ! »
Pères et mères, veillons-y. Travaillons à rendre possible cette joie, dans nos familles et au-dehors. Souvenons-nous qu'un enfant malheureux, c'est un enfant qui a «raté» le ciel de la terre.
|
|
|