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Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
En dehors du grand intérêt pour vous de cette matière exceptionnelle, que vous soyez jeune parent, chercheur dans une université ou simplement intéressé par l'évolution des comportements humains, votre soutien par l'intermédiaire d'un abonnement nous est indispensable. Pour les pays lointains et si vous ne désirez pas profiter de la version papier, un abonnement sous forme de pdf est accessible au même prix annuel de CHF 30. Il vous donne un accès complet aux archives
RETOURLa lecture éducatrice Pendant la grande guerre un jeune soldat breton fréquentait le Foyer de Châlons-sur-Marne. Il explorait un jour la bibliothèque, prenait un livre, en lisait une page ou deux, le remettait en place, en prenait un autre… Croyant qu'il avait besoin d'un conseil, je lui proposai de l'aider à choisir. « Merci, me dit-il, ce n'est pas la peine, demain matin à cinq heures je remonte en ligne. » - « Mais, lui dis-je, vous pourriez emporter un livre dans la tranchée. » Sa figure s'illumina : « Vous m'en prêteriez un pour là-bas ? » s'écria-t-il. « Oh ! merci alors !… Et il ajouta presque à voix basse « ? « Voyez-vous, avec la vie qu'on mène dans ces trous… on a tellement besoin de quelque chose qui… - il faisait un geste de la main - de quelque chose qui vous élève… » Ne pensez-vous pas, que tous, tant que nous sommes, nous ressemblons à ce petit soldat breton ? Nous sommes chacun à notre poste de combat, pas mal sombre quelquefois, sinon boueux, et nous avons besoin, nous aussi, de quelque chose qui nous élève. Voilà posé en quelques mots tout le problème de la lecture au point de vue de l'éducation. Car enfin l'être humain a besoin d'être instruit, il a besoin aussi d'être diverti ; mais il a surtout besoin d'être élevé, en prenant ce mot dans son sens premier et littéral, d'être soulevé au-dessus des platitudes et des vulgarités de la vie quotidienne, au-dessus des bas intérêts et des bas instincts. Lire, lire, lire, sans réagir, c'est ressembler à l'éponge qui s'imprègne d'un liquide et se gonfle sans que sa nature soit en rien modifiée. On peut, de cette façon avaler des bibliothèques en restant aussi inculte que si on n'avait rien lu. Ce qu'il faut obtenir des lecteurs ce n'est pas qu'ils parcourent dix, vingt ou trente volumes dans l'année, c'est qu'ils assimilent leurs lectures ; car, on l'a dit avec beaucoup de raison, la culture ne dépend pas du grand nombre des livres qu'on a lus, mais du petit nombre sur lesquels on a réfléchi. A la question posée à des directeurs de bibliothèques en Suisse romande :« Quels sont les livres les plus demandés ? » Une réponse uniforme arrive de tous les points du pays: « des romans, des romans, des romans ». Les livres dits de culture générale, littérature, morale et religieuse, biographies, voyages mêmes sont tout juste tolérés. Parmi les romans il en est d'admirables qu'il serait absurde de placer dans la catégorie des livres sans effet sur la culture. Dans les livres d'un Dickens, n'est-ce pas d'un Georges Eliot, d'un Manzoni, d'un Alphonse Daudet, on apprend à regarder avec une sympathie intelligente la vie et les hommes, et à les voir tels qu'ils sont, avec leurs misères, leurs tares, mais aussi avec leur grandeur. On y apprend également à voir la nature, à l'admirer, à l'aimer. De tels romans sont au premier chef des livres « qui élèvent ». Dans toute la force du mot, ils sont éducateurs, et jouent un peu dans l'existence de ceux innombrables, à qui est refusée la société des grands hommes, le rôle de ces supérieurs à nous-mêmes dont la fréquentation est un si grand bienfait. |
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