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Le balai enchanté

Un matin, un matin du 24 décembre, le balai du balayeur municipal se trouva enchanté… rien n'est impossible aux environs de la Noël !

D'habitude, le bonhomme ne prenait son balai qu'en ronchonnant : ses rhumatismes le faisaient souffrir.., c'était dur de travailler à son âge, surtout de cette façon-là, à balayer les rues… C'était un sale métier que ne font que ceux qui ne peuvent trouver d'autre gagne-pain. Il grognait aussi : vivre seul ce n'est pas une vie ! … personne à la maison pour l'accueillir.., personne pour lui préparer son mets favori, une bonne casserollée d'oignons revenus dans la poêle. L'odeur des oignons en pleine cuisson était, pour ce vieux, le symbole du foyer domestique heureux ; lorsqu'il la respirait, il était pris d'un sentiment vague de nostalgie pour les jours où, enfant, il revenait de l'école et trouvait ses parents, ses frères et ses soeurs, attablés autour de son plat de prédilection… Maintenant, à l'autre bout de la vie…, personne à retrouver après la dure journée finie…. personne pour l'entourer … personne pour lui préparer son dîner…, et quand enfin la mort viendrait, elle le trouverait seul dans son coin, sans personne auprès de lui.

Mais ce matin du 24 décembre, le vieux avait à peine dans les mains le manche de son balai qu'il se sentit moins triste, moins grognon! Ce balai, tout-à-coup, lui semblait être un compagnon de route, un ami. Il n'y avait pas pensé jusqu'à ce jour, mais après tout, c'était peut-être vrai. Autrefois, il avait entendu des histoires de vieux bonshommes dont la pipe était devenue la fidèle compagne : pourquoi donc, pour lui, ne serait-ce pas son balai qui deviendrait son ami, ce brave balai qui ne se plaignait jamais, lui, quoique travaillant tous les jours aussi… Alors, à sa dernière heure, il se sentirait moins seul ; il regarderait d'un Å“il attendri ce compagnon de route et il demanderait, comme il avait entendu dire que cela se faisait dans le temps, qu'on enterre son balai avec lui, puisque, autrefois, on mettait bien son épée avec le guerrier et qu'on allait même dans certains cas jusqu'à immoler son cheval sur sa tombe.

Qu'avait donc le balai ce matin-là pour lui inspirer tant d'idées, lui qui en avait si peu d'habitude qu'elles ne s'écartaient guère de lui-même ?

Peut-être aussi était-il moins triste parce que ses rhumatismes étaient moins douloureux : le jour était beau, l'air ensoleillé ; un petit froid pointu piquait, mais sans pénétrer sous la peau comme par les temps humides !…

Appuyé sur son balai, le bonhomme réfléchissait; soudain sa position confirma son idée : un balai c'est un ami, puisqu'on peut même s'appuyer sur lui ! … et qui plus est, c'est un ami qui ne dit pas : « Tu me fatigues ». «Va t'en », ou « Tu m'ennuies ». Décidément, les idées du vieux, ce matin, étaient pleines de fantaisie.

Il se remit à l'ouvrage et comme si, vraiment, le balai était cause de ses pensées nouvelles, il paraissait plus léger que de coutume ; il semblait aller, venir, se démener presque de lui-même, et le vieux, maintenant, se prenait à penser : « Ce n'est pas moi qui le conduit, c'est lui, mon ami, qui me mène ! »

Donc, ils allaient, venaient, l'un avec l'autre, le manche dans la main…, et, pour la première fois de leurs vies, les petites saletés qui nécessitent tant de coups de balai pour se laisser convaincre de changer de place, les petits morceaux de pelure, les petits bouts de cigarettes, allaient d'eux-mêmes à la première caresse, rouler dans les fossés ! C'était merveilleux.

Les passants aussi semblaient moins tristes que de coutume - ils marchaient d'un pas allègre, avec un air content. C'était bizarre ; d'habitude, le balayeur ne voyait que des gens grognons, grognons comme lui, aujourd'hui, il ne rencontrait que ceux qui souriaient !

Une femme passa avec un petit garçon. L'enfant regardait le bonhomme et le balai qui allaient, venaient gaiement.
- Dis, Man…. quand je serai grand, je voudrais être balayeur ! Ça, c'est un chic métier!

- Je veux bien, mon petit, dit la mère…, et tu balayeras toutes les vilaines choses du monde, afin que ce soit un endroit propre, heureux pour tous !

Le bonhomme avait entendu. « Quelle idée, se dit-il! Au lieu de dire à son gosse, non, tu ne seras pas balayeur, voilà-t-il pas qu'elle l'encourage et qu'elle lui dit: tu nettoieras le monde !… Mais je n'y avais pas pensé comme ça, à mon métier…, après tout, il a raison, l'enfant…, c'est un chic métier quand on le regarde par ce côté-là !… la maman peut-être bien qu'elle avait une idée derrière la tête… mais, n'empêche, comme je le fais moi, ce métier-là, c'est un chic métier ! »
Il se répétait « un chic métier » et ces mots semblaient le rendre très heureux.
A ce moment, il aperçut une toute petite pelure oubliée…, elle était petite…, ordinairement, avec ses rhumatismes, il n'aurait pas songé à l'enlever, elle aurait bien pu rester là sans que ça fasse mal à personne…. mais non, il fallait rendre le monde propre … , ça c'est le chic métier…, et tout-à-coup, comme de lui-même, le balai s'allongea une fois de plus, léger, dispos, pour chasser le fragment de pelure dans le ruisseau où l'eau courante l'entraîna.

Comme c'était beau maintenant, la rue était toute propre… et la joie du bonhomme était grande. Même l'idée qu'il y avait au tournant une autre rue à balayer ne le tourmentait plus ; au contraire, il se réjouissait parce qu'il lui appartenait de la rendre propre, elle aussi. Avec la compréhension de l'utilité de son rôle, la joie du travail entrait en lui et il en oubliait ses grogneries.

Il rentra.

Cette fois, au lieu de jeter son balai dans un coin comme il en avait l'habitude, avec une sorte de rancune, il le déposa avec respect au beau milieu du mur, ce compagnon de bonnes Å“uvres, cet ami, symbole de ce qu'il accomplissait pour le monde.
Puis, sur son réchaud, il se mit à faire revenir des oignons, et c'était la première fois qu'il en sentait l'odeur sans trop se plaindre de sa solitude.
Au milieu de ses préparatifs, il se fit un fracas… Zis boum bas ! Le balai, qui, dans son poste d'honneur, n'avait pas le support de son coin habituel, avait glissé, lentement d'abord, puis était tombé… patatras !
Le vieux leva la tête. Lui qui, d'ordinaire, dans sa chambre, ne savait que bougonner, au lieu de jurer se mit à plaisanter.

- Balai, balai, mon ami, que me veux-tu? Voilàt-il pas que, comme un véritable ami, tu te mets à faire du bruit ! … Veux-tu de la soupe à l'oignon, dis ? Qu'est-ce qui te prend ?…

Tout en parlant, il s'était levé, puis, se baissant, avait relevé son ami.

- Ou bien, as-tu quelque chose à me conter, acheva-t-il ?

Comme en réponse, un second bruit retentit. Cette fois, c'était dans la chambre voisine, de l'autre côté du mur, le mur n'était pas épais.
- Et cet autre bruit, qu'est-ce que c'est?… On dirait un sanglot, si je ne me trompe !
Arrêté dans la position où il se trouvait, le bonhomme écoutait, un pied de-ci, un pied de-là, une main en l'air, celle qui venait de remettre en place le balai, et l'oreille tendue aux aguets.
Il écoutait, écoutait… et n'entendait plus rien. Puis, au moment où il se décidait à bouger, faisant du bruit lui-même, il entendit encore quelque chose… Il s'arrêta à nouveau, attentif.

- Je ne puis pourtant pas passer ma nuit à écouter, se dit-il ! Je vais voir ce que c'est… Tant pis si on me reçoit mal !

Il prit sa bougie, alla frapper à la porte à côté.
Rien ne répondit à ses coups répétés. Il souleva le loquet ; la porte céda, il entra.
Dans cette chambre régnait une grande confusion.
Le vieux se rappela qu'elle était vide la veille ; de nouveaux locataires avaient dû y entrer dans la journée. Les planches et les cloisons d'une armoire démontée s'appuyaient au mur ; il y avait une vieille malle, un grand panier à moitié crevé, deux ballots, une table recouverte d'un nombre incalculable d'objets jetés pêle-mêle : casseroles, vêtements, patères, souliers, crochets, marteau. Un coin de la pièce cependant était débarrassé, et là, il y avait un lit, bien fait, soigné, avec des draps blancs ; sur ce lit, un enfant de sept à huit ans reposait sur deux, oreillers.

L'enfant se souleva sur son coude et le balayeur vit des larmes sur ses joues.
Avec des yeux mi-effrayés, mi-confiants, le petit regardait le bonhomme. Il avait un peu peur…, mais ce n'était qu'un homme, un homme en chair et en os, et c'était moins terrible que l'obscurité et la solitude dans la nuit.

L'enfant dit :

- Qui ça que vous êtes ?

Embarrassé, le balayeur, qui aurait voulu répondre à l'enfant quelque chose qui le rassura tout à fait, quelque chose qui lui fît plaisir, se frottait le menton où poussait une courte barbe rêche. Etait-ce l'idée d'une barbe qui lui fit souvenir qu'on était au 24 décembre?…

- Je suis le bonhomme Noël, dit-il.

L'enfant dit :

- Tu blagues!

Mais un sourire s'épanouissait sur sa petite figure, montrant qu'il appréciait cette « blague » la.
- T'es tout seul ici ? dit le balayeur.
- Oui, dit l'enfant.
- Et où est-elle ta maman ?
- Elle a du travail dans un hôtel, elle lave la vaisselle, après les dîners, elle revient dans la nuit.
- Et toi, pourquoi tu te couches tu lieu de mettre un peu d'ordre là-dedans pour ta maman, fit l'homme sur un ton un peu sévère.

L'enfant rougit.

- Je ne me lève jamais…, c'est mes jambes qui ne marchent pas.

Le balayeur sursauta.

- Mais…, mais mais ! Ça…, ça…, c'est embêtant, mon pauvre vieux.

L'enfant soupira.

- Oh oui !.. Et puis, comme vous dites, si je pouvais ranger, ça vaudrait mieux pour ma maman. Elle sera bien fatiguée quand elle rentrera…, et elle n'aime pas la pagaye, voyez-vous… bonhomme Noël! Elle dit qu'il y a assez de désordre comme ça dans le monde sans en ajouter encore soi-même… Ah si le pouvais, si je pouvais seulement l'aider. J'y pensais tout à l'heure avant de m'endormir… Je me disais comme ça : si le petit Jésus…. vous savez qu'Il doit venir cette nuit…. l'an dernier, Il m'a apporté une orange…, je me disais si le petit Jésus, cette année, au lieu d'une orange, voulait seulement me donner…, un miracle…. deux jambes solides pendant une heure … , rien qu'une heure, avant que ma maman rentre … , alors, alors…, je mettrais toute la chambre en ordre pour elle…, je monterais la grosse armoire…, je rangerais dedans ce qu'il y a dans le panier…, j'établirais la toilette…, et puis, bien vite, quand tout serait en place, je sauterais à nouveau dans mon lit… J'écouterais venir ma maman…, et quand elle rentrerait, qu'elle ouvrirait la porte … je ferais semblant de dormir… Elle serait bien étonnée, hein ?… de trouver tout arrangé. Et tout bas, pour ne pas me réveiller, elle dirait : « Je me demande qui a fait cela ! » Et moi, tout-à-coup, je me dresserais sur mon coude … , et le lui dirais…

- Qu'est-ce que tu lui dirais ?
- C'est le petit Jésus qui a fait ça ! … Ce serait chic, hein !… Alors, j'ai tout pensé comme ça, avec chaque chose qu'il fallait mettre en place, et je l'ai dit au petit Jésus…, oh ! je l'ai prié bien, bien fort…, seulement…. seulement…

- Seulement quoi ?
- Voilà…, je me suis endormi en lui disant tout ça…, et puis, tout-à-coup, il y a eu un grand bruit qui m'a réveillé…, et j'ai cru que c'était Lui, le petit Jésus…, mais il faisait noir, et il n'y avait personne…, personne…, alors j'ai pleuré…, et puis j'ai entendu un pas…. et j'ai cru que c'était Lui, et on est entré…, et c'était pas Lui…, c'était vous ! …

L'enfant avait dit «c'était vous » sur un ton de reproche. Il s'était assis sur le lit, s'excitant de plus en plus ; ses yeux brillaient, ses joues étaient rouges, comme s'il avait un peu de fièvre. Et puis les larmes se mirent à couler à nouveau, et il pleurait en disant :

- Est-ce que, est-ce que…, vous croyez que c'était très mal de m'endormir en parlant au petit Jésus…, et qu'alors Il ne pourra pas venir me faire mon miracle…, parce que je n'ai pas été respectueux?

Les larmes de l'enfant se transformaient maintenant en sanglots…, et sur les joues du balayeur coulaient aussi deux grosses larmes, tandis que remuaient en lui toutes sortes d'émotions.

Alors, il s'approcha de l'enfant.

- Ecoute, fit-il, pleure pas…, je vas t'expliquer ça! Mais non, mais non, le petit Jésus est pas fâché contre toi … , s'il est pas venu, c'est qu'il avait trop à faire…, alors, tu sais bien…, quand on doit faire quelque chose et qu'on est trop pressé…, on envoie…

Le balayeur s'arrêta soudain. Dans quoi s'embarquait-il avec cette histoire. Il voulait naturellement consoler le petit…, mais c'était tout … et voilà…, s'il disait les mots qu'il avait été sur le point de dire, il serait forcé de passer à l'action. Une lutte commença en lui : entre son égoïsme, son besoin de repos, ses rhumatismes d'un côté, et son cÅ“ur, tout seul, de l'autre côté !

Mais pendant qu'il hésitait, l'enfant, vif à reprendre espérance, voyait déjà d'un regard émerveillé, l'accomplissement de son miracle. Ses lèvres étaient entr'ouvertes, tout son petit être était tendu vers ce su naturel qui allait bientôt se réaliser. Il chuchota :

- Dites, bonhomme Noël ?… on envoie… quoi?

Quel renfort pour ce cÅ“ur en lutte ; il n'y avait plus à reculer.

- On envoie un messager, dit le balayeur avec assurance… Seulement vois-tu, tous les anges étaient occupés…, et tous les petits angelets, alors il a fallu que le petit Jésus… me demande à moi, de venir répondre à ta prière…, à moi…, ton bonhomme Noël que tu as pris pour un blagueur !
- Çà t'est égal, continua le vieux anxieusement, que le bonhomme Noël que le petit Jésus t'envoie, soit pas plus beau que ça !

Le ciel, le petit Jésus, les anges et les angelets se miraient tous dans les yeux de l'enfant !
- Oh ! Monsieur ! soupira-t-il avec conviction et respect…, vous êtes beau !

Et dans ces paroles inattendues qui embarrassèrent si fortement le vieux qu'il dut tousser, se moucher et s'essuyer les yeux, le petit Jésus avait caché le cadeau de Noël du balayeur de la rue.

- Maintenant, c'est pas tout ça, dit le vieux ! Toi et moi y faut qu'on travaille.
- Moi ? dit l'enfant étonné.
- Mais oui, toi ! Tu penses bien que je ne sais pas, moi, où ça qu'y faut ranger tout çà ! Moi, je suis les deux jambes que le petit Jésus t'a promises, mais c'est toi qui vas tout ranger en me disant où mettre les choses. Tu seras le capitaine… et moi, le matelot.

L'enfant battit des mains.

- C'est encore plus beau que je ne croyais, mon miracle, dit-il !
- Allons, parle, donne tes ordres ! D'abord l'armoire, hein ?
- Oui, l'armoire d'abord, dit l'enfant d'une voix flûtée, sur un ton de commandement, puis il éclata de rire.

Comme ils travaillèrent bien ces deux-là, pendant l'heure qui suivit.
Quand tout fut fini, le vieux alla chercher son balai : « La mère et l'enfant, ça c'est aussi du monde, se disait-il…, et je vais rendre la chambre propre, archi-propre pour le monde ! »
Fatigué de tant d'excitation, l'enfant, pendant les derniers coups de balai s'était endormi. Avant de partir, le vieux s'approcha du lit. Il se baissa … c'était irrésistible : il mit un baiser sur la joue du petit ; lui, dans un demi-sommeil, entoura de ses bras le cou du balayeur, murmurant :

-Oh! merci, mon bonhomme Noël, merci!

Lorsque le vieux rentrait déjeuner de son travail, quelques semaines plus tard, ce n'était plus à sa porte qu'il s'arrêtait. Guidé par son nez, il allait à la porte à côté où une bonne soupe à l'oignon l'attendait. A table, il y avait une femme qui le servait, et dans un lit, un enfant qui lui racontait toutes sortes d'histoires pendant qu'il mangeait.

Quand l'été vint, il arriva que, même à son travail, il n'y avait plus de solitude pour le vieux. Ce n'était plus un homme seul qui partait le matin de chez lui, c'était un cortège imposant ; il y avait d'abord l'ami-balai ; l'ami-balai était dans les bras de l'enfant ; l'enfant était dans une chaise roulante, et, derrière la chaise, poussant la chaise, il y avait le balayeur fier et heureux.

Dans chaque rue, l'une après l'autre, le balayeur installait l'enfant, bien à l'abri du vent, choisissant un coin au soleil ou à l'ombre, selon le temps et selon les recommandations de la maman. De sa chaise, le petit lui criait des commandements de sa voix aiguë en éclatant de rire.

L'enfant guérissait, il prenait bonne mine.
Le balayeur prenait son balai ; il prenait aussi beaucoup de bonne humeur.
Quant au balai, il malmenait et pourchassait toutes les vilaines choses, grandes et petites, qui salissent les rues.
Et tous trois contribuaient à faire du monde un endroit toujours plus propre, un lieu de séjour heureux pour tous.









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