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Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
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Le foyer

Ce fut probablement vers sa sixième année, que selon la coutume, Vincent commença de garder le troupeau, et il continua jusqu'à sa douzième, soit six ans, pendant lesquels, en sa compagnie, du matin au soir, il vécut sous le ciel, loin des hommes…

A chacune de ses rentrées, après le pacage, il ne trouvait pas d'ailleurs un foyer vide et morne. A l'avance il en connaissait la clarté. Il s'y savait attendu, à sa place ordinaire qu'on lui gardait même s'il était en retard, et mieux qu'attendu, aimé. Dans son petit cÅ“ur, il avait toujours comme vivants en face de ses yeux, les portraits des quelques êtres chéris qui étaient pour lui toute l'humanité, son père et sa mère, ses trois frères et ses deux sÅ“urs. Aussi hâtait-il le pas à mesure qu'il avançait vers la maison qui respire et dont la fumée lui semblait être l'âme. Il entre… il revoit les figures aimées qui n'ont pas plus changé depuis le matin que les choses. Il se met à table. On mange, on parle peu. Il apprend de chacun, selon son âge et ses travaux, les menus faits de la journée et il dit les siens, tels qu'ils sont : la couleuvre enfuie sous son pied, l'épine arrachée de l'ongle du chien, le héron qui tout à l'heure a passé… si haut qu'on ne distinguait plus son bec … On l'écoute avec attention : ces événements ont leur importance… Après, quand il n'y a pas de raison de veiller, jamais on ne reste inerte, à perdre le temps. Sur un signe du maître, c'est la prière en commun, tous à genoux… au mur, à la petite lampe suspendue dont la forme antique et la flamme inquiète évoquent les catacombes, la mèche est d'un seul coup soufflée, et au creux des vieux lits ou sur un matelas à même le sol, chacun, là où il doit, s'étend sur la paillasse de feuilles de maïs. Qu'il est beau le sommeil uni de cette famille.

Ce sommeil fort, de fatigue et de paix, honnête et calme, uniforme ainsi que celui des enfants et pendant lequel on dirait, qu'à l'unisson des corps qui se reposent les pensées se recueillent. C'est un sommeil qui sous les fronts, continue de demander et de remercier, et charrie les prières lancées avant lui quand l'esprit et les yeux étaient encore ouverts. Aussi celles-ci, durant l'immobilité des gisants, cheminent en silence et vont à leur adresse, et quand leurs auteurs se réveillent, elles sont arrivées.

Ces Depaul, en effet, n'étaient nullement des rustres, ils n'avaient rien de grossier ni de brutal. Dieu leur avait même épargné la misère et ses maux. Ils possédaient le plus grand des biens, un lopin de terre. C'étaient de modestes paysans mais avec autant sinon plus d'honneur et de fierté que dans les villes. C'étaient des pauvres, mais des riches comblés de ce qu'ils avaient la sagesse de ne pas rêver ou envier; c'était, si l'on veut, au sens apparent, des malheureux, mais au sens réel, des heureux, des heureux de peu, des contents du moins, des reconnaissants de tout. Enfin des nobles, mais oui, dans la plus haute acception du mot et de la chose, des idées et des sentiments…









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