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Extraits d'une lettre d'une institutrice aux pères de ses élèves
Chers pères,
Nous vivons dans le beau village d'Agno (Tessin), dans un cadre d'une harmonie merveilleuse. Nous sommes là pour veiller dans l'ordre et la sérénité à l'éducation des enfants d'Agno - à l'éducation de toutes ces âmes d'enfants.
Mais, dites-moi, ô pères, connaissez-vous l'âme de vos enfants ?
Vous comprendrez pourquoi je me permets d'en douter quand vous aurez lu un fragment de composition écrite par un de mes élèves.
L'enfant commence ainsi : «Je rentre de l'école… » il raconte ensuite ce qu'il a fait à la maison, puis il continue :
«Mon père arrive vers le soir. Quelquefois il est gai, mais d'autres fois il a l'air très grave. Il soupe en disant à peine quelques mots. Alors je sens en moi une grande peine. Je voudrais consoler mon père, mais je ne le puis pas. Il y a en moi quelque chose qui m'empêche de parler. J'ai envie de pleurer.
D'autres fois, par contre, il rentre à la maison tout joyeux et soupe en bavardant avec maman. Mais même alors je ne me sens pas content. J'ai envie d'aller me coucher et de réfléchir et je me demande pourquoi mon père est quelquefois triste et quelquefois joyeux.
Je ne réussis jamais à le savoir. »
Le père de cet enfant connaît-il l'âme de son fils? Non, puisqu'il ne se doute pas de ce qui se passe dans son esprit.
Avez-vous jamais observé un noyau de pêche qui commence à s'ouvrir? Une toute petite fente apparaît sur le noyau si dur, tout le long de la suture des deux parties de la coque ; lentement, la fente s'élargit, puis lentement encore, la petite racine s'enfonce dans la terre et une petite aigrette s'élève vers le ciel. Supposez maintenant que, à peine la petite fente est apparue, un vent froid se mette à souffler; aussitôt le noyau se resserre et si le froid persiste il ne se rouvre plus. La tendre petite plante a besoin de soleil pour s'ouvrir à la vie. Et ce que le soleil est à la plante l'amour l'est à l'âme. Avez-vous laissé s'épanouir l'âme de vos enfants ? Peut-être commençait-elle à s'ouvrir à la confiance et vous l'avez faite se replier sur elle-même par la brusquerie de vos paroles, par la froideur de votre attitude.
Vous aimez votre fils, pourquoi ne le traitez-vous pas comme quelqu'un qu'on aime ? Pourquoi lui parlez-vous d'un ton si froid, lui montrez-vous un visage si sombre ?
« Ah! me dit un père, c'est pour son bien que je châtie mon fils. Il faut qu'il fasse son devoir. Ainsi mon père a fait pour moi et je le fais pour mon fils. »
Prenez garde, cher père, pour l'éduquer, vous le battez ! Et quand il bat son petit frère, vous le battez encore, parce qu'il a battu. Et c'est ainsi que vous voulez l'éduquer ? Ne savez-vous pas que l'enfant suit l'exemple qui lui est donné?
« Je ne frappe pas mes enfants, me dit un autre père, mais je les traite sévèrement pour les préparer à la vie. Dans la vie ils rencontreront bien des difficultés. Je veux les habituer à souffrir. »
C’est vrai que la vie est dure. Mais, faut-il pour cela traiter les enfants avec dureté ? Il me semble que justement parce que la vie les fera souffrir, il faut les rendre heureux. La joie est le premier droit des enfants ; donnons-leur de la joie.
Dans la vie ils seront exposés aux maladies, les rendez-vous faibles pour les y préparer ? Au contraire, vous prenez grand soin de leur santé physique ; vous les voulez forts pour qu'ils soient résistants s'ils tombent malades. De même fortifiez-les pour aller au-devant de la vie, en les rendant joyeux ; faites-les heureux pour qu'ils supportent plus tard les difficultés qui les attendent.
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