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De la sincérité

Dans son introduction au numéro de janvier-février 1937 des « Cahiers Protestants », consacré à l'étude de la sincérité, M. Louis Meylan expose qu'un peu partout, des hommes dont les idées ne concordent que partiellement se rencontrent pour confronter leurs expériences. Ils font effort pour échapper à leur propre pensée et à cette déformation justement appelée professionnelle.

Ce besoin de compréhension s'est affirmé entr'autres à Lausanne où des professeurs, des maîtres d'école et des hommes d'église se sont réunis pour exposer leurs idées dans une atmosphère de courageuse sincérité et de respect mutuel.

Nous donnons ici quelques fragments des travaux présentés à cette rencontre.


La véracité de l'écolier.

M. Marcel Raoux, cherchant quelles sont les causes qui empêchent les écoliers d'être francs, posa la question à ses élèves du gymnase scientifique. Son article est basé sur les réponses que ceux-ci lui ont données.

Le désir des bonnes notes et la crainte des mauvaises notes et des punitions semblent être les principales causes du manque de franchise. Arrive-t-on en retard, c'est la faute de l'horloge qui retarde ou d'un pneu crevé, jamais ce ne sera la paresse de se lever. C'est aussi la tendance au moindre effort ; on ment parce que c'est plus facile. Le maître, par exemple, demande aux élevés s'ils ont bien compris ce qu'il a expliqué. Il n'y ont rien vu du tout mais déclarent avoir compris, parce que, autrement, il faudrait dire exactement ce qu'ils ne comprennent pas et pourquoi, et cela les ennuierait que le professeur recommençât ses explications.

Une troisième cause de mensonge est, surtout chez les garçons, le besoin de s'affirmer, le désir de dominer, de «crâner» et de se grandir dans l'estime des camarades en tenant tête au maître. Le mensonge apparaît alors comme une victoire du plus faible sur le plus fort, un triomphe de l'intelligence. Enfin le désir de rendre service aux camarades coupables en ne les dénonçant pas nuit aussi à la franchise ; toutefois ce n'est pas toujours par générosité pure que l'élève agit ainsi, mais dans l'espérance qu'une autre fois on agira de même envers lui.

Il peut aussi arriver que l'enfant habituellement droit soit poussé au mensonge par les circonstances, il parle spontanément et découvre trop tard qu'il vient de mentir. La réflexion ne vient qu'après, mais elle vient, heureusement, et la plupart des jeunes éprouvent malgré tout du scrupule à tromper qui que ce soit.

Quand la franchise est devenue une règle, elle prend le nom de véracité. La véracité est la qualité de celui qui veut conformer exactement ce qu'il dit à la représentation qu'il se fait de la réalité. Le mensonge est l'altération intentionnelle de la vérité. La sincérité est une forme de la véracité, c'est la qualité de celui qui cherche à conformer exactement ce qu'il dit à ce qu'il pense et à ce qu'il sent. Son contraire est l'hypocrisie.

La conscience exige donc de l'homme la véracité et la sincérité, mais comme elle approuve aussi le dévouement et la solidarité, que faudra-t-il faire si cette solidarité pousse l'élève au mensonge ? faudra-t-il l'excuser de mentir plutôt que de dénoncer un « copain» ? et si un mensonge « ne fait de mal à personne » sera-t-il condamnable ?

L'idéal serait qu'au lieu d'obéir seulement à tel décalogue de principes impératifs constituant ce qu'on appelle la morale, notre âme soit assez pleine d'amour, d'amour du prochain comme d'amour de la vérité, pour que nous soyons capables de bien agir sans avoir besoin d'un code.


Tradition ou réforme ?

M. Claude Secrétan remarque que les parents ont une peine infinie à admettre que non seulement leur enfant puisse être peu doué mais même qu'il mente. Eux-mêmes ne se privent pourtant pas, à la table familiale, de donner à la vérité toutes les entorses qu'ils croient nécessaires au maintien de leur prestige et de leur autorité. Ils ne se doutent pas à quel point et combien rapidement la découverte de ces faiblesses « grignote » ce prestige, « déboulonne » cette autorité.

Cet état de choses réclame évidemment une réforme. Mais aucune réforme ne sera possible si nous, les pédagogues, posons comme prémisses que nous sommes innocents et que notre système scolaire a toujours raison contre parents et élèves.

La tricherie fait horreur à beaucoup de maîtres qui s'indignent et sermonnent - ils ne se rendent peut-être pas suffisamment compte à quel point elle est semblable à la lutte des classes qui, dans tant de communautés a supplanté la collaboration, dressant ceux qui se croient exploités contre celui qui les exploite, les élèves contre le maître. Oserons-nous faire porter toute la responsabilité de cet état de fait à la seule gent écolière ? N'avons-nous pas laissé accréditer chez elle le sentiment de légitime défense ? et ceci parce que nous n'avons pas su lui inspirer confiance.

Certes, il faut que le maître rende, par une surveillance serrée, la tricherie aussi difficile que possible, mais ce ne sera là qu'un palliatif tant que chez les élèves l'opinion publique ne réprouvera pas la tromperie. L'élève, en effet, pourra faire bon marché de l'estime de ses maîtres, mais il lui sera dur de vivre privé de celle de ses camarades.

En des temps où le pays a essentiellement besoin de caractères droits et courageux, nous lui offrons des jeunes gens qui ont appris qu'il vaut mieux être débrouillard que scrupuleux. En ceci l'école ne fait qu'accentuer ce qui se passe à la maison : « nous sommes très heureux que tu aimes l'honnêteté, disent certains parents au gymnasien consciencieux, mais nous ne sommes pas riches, fais d'abord ton bachot, tu pourras toujours ensuite céder à ton penchant.»

N'amorcerons-nous pas une réaction ?


La probité du maître.

Quand on proposa à M. Ernest Bosshard de traiter ce sujet, il se soumit lui-même à un examen de conscience attentif. Ce sont les résultats de cet examen qu'il livre à nos réflexions.

Me voici en face de ma classe. J'émets quelques réflexions sur la valeur de la science et prends comme exemple : l'eau bout à cent degrés. Un élève conteste mon dire. Il raisonne en sophiste, mais avec habileté. Je m'échauffe, je bous. La classe est charmée. Bien que vaincu, X. sortira de la lutte en vainqueur ; il m'a donné en spectacle a ses camarades. Lui garderai-je rancune ? Lui poserai-je à sa prochaine interrogation une de ces petites questions un peu traîtres par lesquelles le Maître affirme sa supériorité ?

Le lendemain, il est question d'Aristote. La discussion s'engage avec un jeune catholique ferré en scolastique. Il connaît le sujet mieux que moi, mais je ne veux pas m'avouer battu. Je clos le débat par une affirmation tranchante dont j'eusse été assez embarrassé de prouver la parfaite justesse. Un aveu d'ignorance m'eût valu son estime.

Dans la traduction d'un texte, il arrive au maître de se tromper. Quand, à la leçon suivante, le passage reviendra, laissera-t-il reproduire la traduction fautive de crainte de se déjuger ? Admettra-t-il s'être trompé ? Reconnaître ses erreurs est souvent aussi difficile que d'avouer son ignorance.

Un élève ne sait pas sa leçon ; je le traite de paresseux. Il maugrée. Punirai-je ? à la réflexion, je m'aperçois que j'ai donné un devoir trop difficile … La conclusion s'impose. Saurai-je m'y tenir ? Suis-je parfaitement équitable à l'égard de Z … dont l'attitude frondeuse me déplaît, de R … dont la mère a médit de mon enseignement, de S …. élève médiocre, mais dont le père - médecin - a sauvé mon enfant ?

En période d'examens, la probité est chose particulièrement difficile. Au bout de quatre heures d'interrogation, fatigué, distrait, serai-je en état de juger en toute équité et l'avouerai-je à mes experts ?

Et voici que se présente l'élève médiocre auquel six semaines avant l'examen, j'ai été prié de donner des leçons particulières. Si j'avais accepté, serai-je tout à fait libre de mon jugement ?

Le problème de la probité est présent à chaque moment de la vie scolaire, je le vois se poser, lorsque, en protestant convaincu, je parle de la messe ; qu'en bourgeois je juge le bolchévisme; qu'en vertu d'une fausse pudeur, je tais mes convictions religieuses.

Un aveu fait avec simplicité et bonne humeur contribue à créer une atmosphère de joyeuse collaboration ; c'est un des moyens les plus puissants que nous ayons de lutter contre la fraude, de créer chez nos élèves eux-mêmes le goût de la probité.

Qui sait si telle victoire remportée par eux ou par leur maîtres, ne les préservera pas un jour de fautes plus graves ?

Qui sait le retentissement que peut avoir dans une vie une habitude prise à l'âge où l'être se forme ?

Qui sait surtout le retentissement qu'aura sur la classe la probité du maître dans sa vie privée ?

Comment interpréterai-je le Criton si je remets au Greffe municipal une déclaration d'impôts mensongère ? Comment parlerai-je avec la fraîcheur et la liberté d'esprit qu'il faut de la rencontre d'Ulysse et de Nausicaa ou de son entrevue avec Pénélope, si derrière le masque d'une vie honnête, je cache des amours irrégulières ou des imaginations licencieuses? Chaque interdit de notre vie privée projette une ombre sur le mur de nos classes. Si la jeunesse ne voit pas tout, elle sent tout.


L'ambiance.

M. D. Lasserre remet en lumière le fait que l'enfant n'est pas seulement un écolier mais qu'il fait partie d'une famille et d'une société dont les paroles et les actes façonnent en grande partie son juge ment moral ; ses manques de franchise ne sont pas causés uniquement par la peur de la réprimandé, la paresse ou le désir d'éviter un pensum, mais aussi par l'atmosphère d'insincérité qui l'enveloppe et dont il est pénétré à son insu. Ni la famille, ni l'école, ni la presse, ni le sport, ni même l'église ne contribuent suffisamment à donner aux jeunes le sentiment que la valeur et l'autorité d'un homme se mesurent à la confiance que mérite sa parole.

Si donc nous désirons que la génération qui nous suit soit plus éprise de loyauté, il est nécessaire que nous travaillions à assainir l'atmosphère qu'elle respire.


La campagne pour la probité.

Les consciences pour lesquelles le mot d'honnêteté a gardé la plénitude de son sens, ont été troublées ces dernières années par la multiplicité des scandales, par la généralisation de la déloyauté dans tous les domaines. Dans un appel paru dans le Temps à la fin de janvier 1934, Wladimir d'Ormesson se demandait si les honnêtes gens, trop souvent silencieux, ne se grouperaient pas pour faire entendre leurs voix. Cet appel fut entendu et aboutit à la constitution du « Cartel des forces spirituelles françaises ».
La Fédération des Eclaireuses françaises y adhéra immédiatement suivie de près par la Fédération des Etudiants chrétiens et par la Fédération des Eclaireuses Suisses.
L'Etat de déloyauté dans lequel nous vivons risquant d'empêcher les enfants de distinguer le faux du vrai démontra l'urgence d'une réaction énergique.
Ce fut l'origine de « la campagne de probité » entreprise par les Eclaireuses suisses dont Mlle P. Secrétan nous expose les grandes lignes. L'objectif de cette campagne est la tricherie scolaire, puisque la majorité des Eclaireuses sont encore des écolières, des enfants qui ont rencontré souvent plus de déloyauté que de probité, cela souvent même au foyer familial. Des enfants qui avant d'avoir été initiées aux mystères de l'A.B.C. ont déjà été instruites par des camarades, des trucs de la tricherie scolaire. Des enfants qui croient que la vie n'est qu'une lutte où l'essentiel est d'arriver. Voilà pourquoi quand nous leur disons - « l'Eclaireuse n'a qu'une parole », elles ne comprennent pas, elles ne peuvent comprendre d'emblée tout l'absolu que ces mots impliquent.

N'avoir qu'une parole, c'est chose facile le samedi après-midi ; on est entouré de ses camarades et de ses chefs ; on n'est plus Marie ou Jeanne, mais le Moustique dansant ou la Tortue volante ; il n'y a plus de règlement qu'on est tenté d'enfreindre mais une loi positive et une discipline librement acceptée.

Faire ce que l'on a promis, c'est possible. Ne pas mentir pour dissimuler une sottise c'est difficile, mais encore faisable. Mais ne pas tricher à l'école, au premier abord, cela paraît inconcevable, impossible, impossible comme une chose contre nature.

Affronter l'opinion publique demande toujours du courage, mais quand on a 12 ou 15 ans, et qu'on est peut-être seule à remonter le courant, il y faut de l'héroïsme.
Pour quelques-unes, l'effort fut trop grand, leur apathie trop profonde pour persévérer. Mais beaucoup d'Eclaireuses, cependant, s'enthousiasmèrent pour cette recherche de loyauté. Les moqueries, les brimades, furent supportées en général sans trop de peine. Ce qui fui plus dur, ce fut de s'entendre
accuser de « chauffer » les professeurs. Puis vinrent les travaux écrits - les notes baissèrent sensiblement, les professeurs, les parents grondèrent. Il y eut alors plusieurs défections.

Il ne faut cependant pas conclure de ces échecs que cet effort ait été vain. Il a été, il est encore utile à plusieurs. Cela valait la peine de lancer la campagne de probité.
« Pourquoi ne l'organiserait-on pas en grand dans les écoles comme en France », demande une de nos Eclaireuses ?
Puisse sa question être entendue.


La loyauté pastorale

La pensée religieuse, dit M. Paul Vittoz, a toujours devant elle des routes qui mènent à l'infini et sont inconciliables : respect de la tradition, liberté individuelle ; loyauté, charité ; roc des certitudes, chemins toujours ouverts. Pratiquement, Celui que nous servons loyalement nous vient en aide et nous donne, dans chaque circonstance, si nous lui restons fidèles, la parole qu'il faut dire en tel cas donné.









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