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Devoir et sensibilité

La sensibilité des enfants, et je dirais volontiers l'aimable docilité de leur coeur, est une grande prise que nous avons sur eux; il ne faut pas la négliger, il ne faut pas non plus en abuser, car cette sensibilité a sa portée: elle n'est que celle d'un enfant, et par conséquent courte et limitée. Nous nous trompons souvent sur ce point. Ayant reconnu que les enfants ont de la sympathie et qu'ils ressentent ce que nous ressentons, nous en concluons à tort qu'ils ont toute la sensibilité d'un homme, et qu'on peut se servir de cette sensibilité comme d'un ressort dans l'éducation; mais en nous servant trop du ressort, nous le forçons. Que de parents qui, lorsque l'enfant a mal fait, lui disent d'un air affligé: Vous me faites de la peine, mon enfant! Et comme la première fois le moyen a réussi parce que l'enfant a vu que sa mère en lui parlant avait l'air sérieux et triste, et qu'il a ressenti l'émotion qu'il croyait voir à sa mère, les parents triomphent et disent qu'avec les enfants bien nés (et quels parents n'ont pas des enfants bien nés ?) il suffit de s'adresser à la sensibilité pour empêcher ou corriger le mal. Qu'ils y prennent garde; quand ils disent à l'enfant, chaque fois qu'il fait une faute: Vous m'affligez, l'enfant s'aperçoit que cette affliction est une manière de le gronder, et que ses parents prennent cet air grave et triste quand ils le veulent. Alors sa sympathie s'arrête, il ne ressent plus un chagrin dont on veut lui faire un châtiment. Il aurait pleuré si vous l'aviez grondé, parce qu'alors ce lui aurait été un chagrin d'être grondé. Il ne pleure plus de votre tristesse, qui lui semble préméditée, ou, ce qu'il y a de pis, de même que vous prenez un air affligé, il prendra aussi un air triste et se tirera d'affaire avec quelques larmes. Dans le premier cas, sa sensibilité s'est émoussée à force d'être excitée, et ce sera désormais une prise de moins que vous aurez sur lui; dans le second, sa sensibilité se sera tournée en affectation et en simagrées, ce qui est une des maladies que prend le plus aisément la sensibilité.

Ce ne sont pas là les seuls inconvénients de la sensibilité prise comme moyen d'éducation morale. La sensibilité et la sympathie sont de leur nature des facultés capricieuses et mobiles; elles dépendent du temps, du moment, de l'individu, de je ne sais combien de circonstances. Pourquoi étais-je sensible hier à telle ou telle émotion ! Pourquoi ne le suis-je plus aujourd'hui ? Pourquoi ai-je de la sympathie pour les douleurs et pour les joies de Paul et point pour celles de Pierre ? je ne sais. La sensibilité, à cause de la mobilité même de sa nature, ne peut point être une base solide pour la morale elle est trop vacillante et trop personnelle. La morale doit toujours garder son caractère de règle et de loi; elle blâme ou elle approuve les actions, selon qu'elles sont mauvaises ou bonnes, et non pas selon qu'elles font peine ou plaisir, tandis que le propre de la sensibilité est de juger les choses selon qu'elles plaisent ou qu'elles déplaisent. Quand le père ou la mère dit à l'enfant: Ne faites point cela, parce que c'est mal, ou bien parce que je ne veux pas, j'entends et j'approuve ce langage. Dans le premier cas, ils parlent au nom de la morale, et dans le second, au nom de leur autorité, deux choses que l'enfant n'a point à discuter, et dont le père et la mère n'auront à lui rendre compte que plus tard. Quand au contraire ils disent à l'enfant, à propos de ce qu'il fait ou de ce qu'il dit: Vous me faites de la peine ou vous me faites du plaisir, l'enfant qui s'aperçoit bien vite qu'il y a d'autres choses que ses actions, bonnes ou mauvaises, qui font plaisir ou peine à ses parents, n'attribue plus aux paroles du père et de la mère l'autorité toute particulière qu'elles doivent avoir; il ne s'habitue pas à l'idée d'une règle inflexible comme est la loi morale, ou d'un pouvoir sacré comme est le pouvoir domestique; il s'habitue à croire qu'il n'y a dans le monde moral que des émotions de joie ou de peine, et non des préceptes et des devoirs. Les enfants élevés à l'aide de la sensibilité n'ont point l'idée du devoir.









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