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Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
En dehors du grand intérêt pour vous de cette matière exceptionnelle, que vous soyez jeune parent, chercheur dans une université ou simplement intéressé par l'évolution des comportements humains, votre soutien par l'intermédiaire d'un abonnement nous est indispensable. Pour les pays lointains et si vous ne désirez pas profiter de la version papier, un abonnement sous forme de pdf est accessible au même prix annuel de CHF 30. Il vous donne un accès complet aux archives
RETOURVieillir ce n'est pas s'amoindrir C'est se renoncer. Depuis longtemps je pressentais que la vieillesse devait venir comme un don surhumain, celui qui approfondit et vérifie tous les autres en donnant à chacun sa juste place. Je pressentais qu'elle devait venir comme l'appel murmuré au plus intime de l'être, comme ce qui fait bondir le cÅ“ur dans les attentes indicibles. Mais je ne savais pas que cette vieillesse-là, il faut la préparer de toute son attention, de toute son âme, de toute sa volonté. Je ne savais pas non plus qu'on peut la préparer à contre-sens. C'est ainsi que, lorsque j'en eus dépassé le seuil, je crus bien faire de regarder à travers elle la mort qui s'attache à ses pas et je décidai en moi-même de méditer journellement sur la grande libératrice. Je voulais vivre désormais obstinément tournée vers son image. C'est alors qu'une de mes plus intimes, à qui j'en avais longuement écrit, m'envoya cette brève et magnifique réponse : « Vivez, vivez, amie, c'est ainsi que la mort sera grande. » Surprise d'abord et peut-être déçue de n'avoir pas son approbation, je reconnus bientôt que sur ce peu de mots une vérité plus haute venait à moi, une vérité plus chaude, plus simple, plus difficile aussi parce qu'elle était plus vivante et non pas abstraite comme celle que j'avais entrevue et que je voulais poursuivre. Peu de temps suffit pour que je sentisse couler la sève de cette plus grande vérité : ne pas forcer les choses, ne pas choisir soi-même son moment et suivre pas à pas le chemin qui s'ouvre lentement devant nous. 0 vieillesse ! Joie et paix inconnues ! Marche secrète et ascendante au bord extrême de cette vie, entre la terre et le ciel. Retour inespéré aux radieuses sécurités de la première enfance, à ses enchantements, à sa foi naïve et profonde, à ses émerveillements ; trésors que la lourde existence humaine avait, en apparence, anéantis. Ces splendeurs du soir! Visions qui ne peuvent plus se révéler hors de l'âme qui les a saisies. Approche de quelque chose de trop immense, de trop grandiose, de trop secret, pour que le cÅ“ur puisse faire plus que d'en recueillir au fond de soi les fulgurantes lueurs. S'en aller vers les libérations, vers les réalisations pressenties… S'évader peu à peu de la prison du corps et des limitations douloureuses du coeur et de l'intelligence… Perspectives si émouvantes qu'on ne peut presque pas en supporter la vue. Et pourtant quelles souffrances inévitables la vieillesse n'apporte-t-elle pas, la vieillesse impuissante, dépendante, la vieillesse avec ses déchéances, avec la maladie et ses heures lourdes, avec l'accablement des maux physiques et l'état d'hébétude qu'ils peuvent donner… les nuits solitaires où le désordre de l'organisme peut couper la communication avec Dieu aux moments mêmes où l'on en avait le plus intense besoin… Cette solitude infinie où l'on peut descendre, qui a pour limites un morne désespoir tant que l'on n'y rencontre pas Dieu qui y apporte ce qui reste toujours et à jamais secret entre l'âme et Lui : la paix de Dieu. C'est tout cela qu'il faut d'avance regarder et accepter. Non pas même accepter, mais au-devant de quoi il faut aller avec joie, une joie étrange, à coup sûr très mêlée, qui se ramène à cette aventure unique dans la vie de l'âme, à cette aventure qu'il faut avoir vécue, ne fût-ce qu'en une seule inoubliable occasion: la foi exaucée, celle qui justifie toutes les attentes. « Va avec cette force que tu as » nous dit l'Ecriture. Eh ! bien avec cette pauvre force que nous avons, celle que Dieu prendra à son compte, allons au-devant du dépouillement total, à la rencontre de la vieillesse, de la maladie et de la mort. Allons-y comme au-devant d'amies très secrètes et profondes. Allons-y non seulement avec courage mais avec émerveillement, car les souffrances qui nous y attendent ne cachent qu'à moitié les horizons les plus grandioses que nous puissions pressentir, les horizons qu'éclairent une Puissance et un Amour infinis. Splendeur des splendeurs! Miracle éternel : le contempler devient en nous une force et une joie si hautes, si totales, si surhumaines, si infinies, que rien dans toute la vie jusqu'alors, ne peut y être comparé. |
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