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Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
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RETOURRendre service Peut être un jeu. Pour qu'un petit enfant aime à rendre service, il faut que son imagination y trouve satisfaction. Ecosser des pois peut contenir, à deux ans et demi, plus de possibilités dramatiques que la plupart des jeux enfantins. « Sors, petit pois ! Sauve-toi, grosse gousse! Ne te cache pas petit pois ! Ne tombe pas par terre! Oh! le petit pois est tombé ! » La fin du jeu risque naturellement d'être un éparpillement général des pois et des gousses. « Tous les pois ont voulu sauter et toutes les gousses ont voulu s'envoler à moins que maman n'intervienne à temps et ne retire le bol au bon moment. Si elle a su garder jusqu'au bout sa patience et sa gaîté l'écossage aura été pour le petit enfant un jeu extrêmement plaisant et qui aura rendu service, mais il est juste de remarquer que ce n'est pas parce qu'il rendait service qu'il a été plaisant. Les enfants aiment en général à travailler au ménage. Y a-t-il rien de plus amusant qu'un balai ? « Sauve-toi, poussière, sauve-toi, poussière », dit Jeanne en maniant le sien et si sa mère ajoute d'une voix réjouie : « Joli plancher bien propre», Jeanne répète à son tour «Joli plancher bien propre». Jeanne n'aime pas spécialement la propreté et ce n'est pas par amour de la vertu qu'elle a rendu service, mais parce que le jeu lui a plu. Je crois d'ailleurs que ce serait une erreur d'en faire un exercice de vertu. Doit être une coopération. L'enfant qui sait rendre joyeusement un service est une vraie bénédiction dans une maison et il se sent lui-même heureux, mais l'enfant dont on exige trop et qui est écrasé par des responsabilités au-dessus de son âge est malheureux et devient un rebelle ou un résigné qui a perdu tout le charme et la joie de l'enfance. Ceci dépend en grande partie de l'attitude de la mère, de sa « jugeotte» et de la manière dont elle demande ou exige l'aide de ses enfants. Il est évident qu'elle a le droit de l'exiger, mais l'enfant y perd sa liberté et sa joie. Voyez la différence qu'il y a entre une petite fille qui aide sa mère à cirer des chaussures parce que sa mère l'a priée de le faire et celle à qui elle l'a ordonné. La première se réjouira en voyant les souliers devenir jolis et brillants et la seconde se demandera avec mauvaise humeur : « Qu'est-ce qu'on me fera encore faire après, ou qu'est-ce qui se passera si je ne les nettoie pas tout à fait bien? » La meilleure manière d'encourager l'enfant à faire le travail que nous lui confions sera le plus souvent de le partager avec lui. Nous lui ferons découvrir la joie de la coopération en agissant avec lui et nous commencerons à éveiller son sens social en lui faisant comprendre que s'il est parfois heureux de recevoir l'aide des autres, lui aussi peut à son tour leur faire plaisir en leur portant aide. Petit à petit il apprendra non seulement à rendre service aux grandes personnes, mais aussi aux plus petits que lui et le désir de domination qu'il éprouve souvent vis-à-vis de ses cadets se transformera en quelque chose de plus maternel. Mérite un remerciement. Enfin n'oublions jamais de le remercier avec chaleur. Quand nous demandons à un enfant de nous chercher un livre, de surveiller un petit frère ou de faire une commission pour nous, il est plus qu'évident qu'il commettra des erreurs ; si nous les relevons avec impatience il s'arrangera pour que nous requérions son aide le plus rarement possible ou même nous la refusera tout net, parce que pas plus que nous il n'aime la critique, mais si nous savons reconnaître son effort et lui témoigner notre reconnaissance, nous aurons des chances de trouver en lui un associé plein de bonne volonté. |
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