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La vie serait plus facile
Pouvez-vous vous représenter le monde sans enfants? Pas moi! Ce serait du beau, si nous arrivions sur cette terre en députés et en docteurs tout faits, en jeunes filles accomplies, et en maîtresses de maison respectables !
Je vous accorde qu'il y a des moments où l'on approuverait pleinement cette innovation dans les lois de la nature. Le petit somme d'après dîner serait plus paisible. Plus de soupirs maternels devant des bas troués et des habits déchirés. Plus de questions anxieuses à résoudre. Plus de poupées ou de chevaux démembrés ! Plus rien pour troubler l'ordre impeccable de la maison. Plus de querelles à apaiser tout le long du jour! Bref, la vie, à bien des égards serait infiniment plus facile.
Allez demander à une maman nerveuse, ce qu'elle en pense, quand du matin au soir, elle a grondé, nourri, consolé, averti, félicité, puni une bande de moutards vifs comme du mercure. Demandez-lui si elle ne soupire pas après le moment où sa douzaine de petits bras et de petites jambes seront immobiles dans leurs lits, où ces petites bouches infatigables auront cessé d'interroger, où ces yeux curieux se seront fermés pour une longue nuit, dans le profond sommeil de l'enfance? C'est alors seulement qu'elle respire et qu'elle s'appartient!
Sans doute ! Mais demandez-lui à cette maman, ce qui lui passe dans le cÅ“ur quand un de ses bourreaux devient pâle, ou que la fièvre vient à lui colorer les joues
quand ces lèvres auxquelles elle a cent fois ordonné le silence, se taisent en effet, mais dans l'inconscience
quand ces méchantes petites jambes qui couraient partout où c'était défendu, gisent inertes et exténuées
Sans enfants la vie serait plus commode, c'est bien sûr ! Il y aurait moins d'agitation, moins de bruit, moins de soucis. Mais il y aurait aussi moins de soleil, moins de joie, moins d'amour, moins de ce qu'il y' a de meilleur et de plus beau, dans le monde.
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