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Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
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RETOURLe timide Le timide est avant tout un sensitif qui se figure des choses qui ne sont pas et interprète mal ce qu'il voit et ce qu'il entend. Cette sensibilité excessive produit en lui des scrupules: il a peur de froisser, il n'ose pas dire ce qu'il pense, ni demander ce qu'il aimerait avoir, parce qu'il se gêne ou qu'il a peur qu'on se moque de lui. Il n'ose pas exprimer ses sentiments ou ses idées par crainte du ridicule. Il se croit à tort incapable et voudrait passer inaperçu tout en étant remarqué et apprécié. Cette contradiction entretient en lui un fond de tristesse et de découragement, un sentiment d'infériorité, et comme sa timidité l'empêche de s'exprimer librement et d'extérioriser ses sentiments, il est enclin à l'auto-analyse, à se renfermer en lui-même. Il garde sa pensée personnelle et ses sentiments intimes. Ayant conscience de tout cela, il cherche, dans certains cas, à donner le change; ainsi, pour masquer sa timidité, il pourra prendre une attitude agressive, bourrue, hautaine et même orgueilleuse. D'autres affecteront une humilité excessive, une politesse exagérée. Ils seront toujours prêts à accepter tout ce qu'on leur demande, alors qu'ils voudraient le contraire, aimeraient exprimer leur opinion. Après coup, ils se feront des reproches, se traiteront d'imbéciles, parce qu'ils ont été craintifs. Sans doute le timide devrait toujours oser ; mais s'il osait toujours il ne serait plus timide. Les causes qui provoquent la timidité sont très diverses ; causes physiques ; défauts, difformités, faiblesse générale ; causes psychiques : paresse, nonchalance, délicatesse d'âme, pudeur des sentiments, peur du ridicule, mais toutes ces causes peuvent se réduire à deux essentielles : la peur du jugement d'autrui, avec l'appréhension que ce jugement soit défavorable, et le souci exagéré de l'opinion relativement à sa personne. Sans doute y a-t-il des causes prédisposantes, comme dans tous les états nerveux, et l'inexpérience des parents, pour ne pas dire leur sottise, en est une. La majorité des cas de timidité infantile est due à des fautes d'éducation, soit à des excès de flatteries, soit au contraire à des railleries déplacées ou à des remarques décourageantes. Il faut que les parents apprennent à encourager sans exciter la vanité et à corriger sans se moquer des défauts de leurs enfants, qu'ils les habituent à prendre contact avec les étrangers et à payer de leur personne et qu'ils leur aident de toutes manières à prendre confiance en eux-mêmes. Ils doivent encourager, réconforter le timide, le persuader qu'il n'est pas plus maladroit qu'un autre, et peut faire aussi bien que lui. Enfin, ils ne heurteront jamais de front la timidité. «Elle est, dit La Rochefoucauld, un défaut dont il est dangereux de reprendre ceux qu'on en veut corriger.» Traitement physique. On connaît l'influence des attitudes sur la pensée. Pour se donner du courage, il est bon de prendre une attitude courageuse. Il faut apprendre à se comporter «comme si on n'était pas timide ». Coûte que coûte, regarder les gens en face au lieu de baisser les yeux; aller droit à eux ; parler clairement et se donner des ordres : «Aie confiance. Tant pis si je rougis, si je tremble, si je ne réussis pas». On peut ainsi acquérir de l'assurance et du courage en s'auto suggestionnant. Traitement moral. Il est essentiel d'attirer l'attention du timide sur les possibilités de service et de dévouement qui chez lui, comme chez la plupart des nerveux, existent virtuellement et n'attendent qu'une occasion pour se révéler. Il faut lui faire comprendre que les infirmités physiques ou intellectuelles, vraies ou supposées, dont il s'afflige, peuvent être largement compensées, surpassées même, par la vigueur spirituelle et devenir pour lui un moyen de monter plus haut dans la hiérarchie humaine; qu'il doit se libérer du sentiment défaitiste d'infériorité et faire l'expérience que celui qui arrive à vaincre son émotion en est largement récompensé. La plus grande joie naît de la victoire remportée sur soi-même. |
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