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A la maison des petits. La porte de la vie

Extrait du cahier de notes journalières
(Groupe des "Penseurs" 7 à 8 ans.)


Simone nous appelle, elle désire nous montrer un beau, bourgeon de marronnier éclaté, qui laisse apparaître la fleur en grappe et les feuilles encore plissées et enveloppées de leur fin duvet.

Guillaume. - Oh ! que c'est mignon, que c'est mignon! regardez, mademoiselle, on dirait des petites mains, ces feuilles.
Simone. - Des petites mains toutes fermées.
Louis. - Qui va les ouvrir ?
Guillaume. - Mais elles-mêmes, c'est sûr, n'est-ce pas mademoiselle ?
-Mais sûrement, et qui va leur venir en aide?
Georgette. - Leur maman !
Louis. - Mais non, ce sera l'arbre lui-même et surtout le soleil.
- Louis a raison. L'arbre travaille sans cesse pour ses nouvelles feuilles, et le soleil lui vient en aide.

Guillaume. - Mais est-ce qu'il y a des papas et des mamans pour les plantes?
Louis. - Mais c'est sûr, y aurait pas d'enfants sans ça dans le monde.
Carmen. - C'est les graines qui sont les enfants des plantes.
- C'est tout à fait vrai.

Wanda. - Il y a des papas et des mamans pour toutes les bêtes.
Guillaume. - Et pour les pierres, y a aussi des papas et des mamans pour qu'on puisse toujours en avoir ?
Carmen. - Mais non, les papas et les mamans, c'est seulement pour les « affaires » vivantes.
Nivès. - Mais mademoiselle, comment les bêtes peuvent faire d'autres bêtes vivantes ?
Carmen. - Mais c'est facile. Nivès, c'est comme chez nous, nos canaris. Le papa tient toujours compagnie à la maman; un jour il lui dit : « Mets tes Å“ufs dans le nid » et au bout de 21 jours le canari, le petit enfant, vient tout fini au monde. C'est très joli, vous savez, de voir ça, et le papa qui chante, il aide à soigner les petits.

Nivès. - Toutes les bêtes font comme cela?
- Oui, toutes les bêtes aiment et soignent leurs petits.

Guillaume. - Mais pas la vache, elle met pas ses oeufs dans un nid!
Louis. - Oh! une vache sur un oeuf! (Eclats de rire de tous.)
Daniel. - Qu'est-ce qu'elle fait avec ses oeufs, la vache ?
Guillaume. - Mais elle n'en a point, n'est-ce pas, mademoiselle ?
Louis. Dans tous les cas pas des mêmes.
Daniel. Comment il est, alors ? vous avez vu vous, mademoiselle ?
- Non, mon ami, l'Å“uf de la vache, elle ne le pose nulle part, personne ne peut le voir.

Louis. - Elle le garde dans… elle…
- Tu as bien trouvé, Louis. Elle le garde elle-même.

Wanda. - Comme les vraies mamans, elle a sa "cachette"?
Bertrand. - Ça c'est une loi ; c'est une belle loi ceux qui ont leurs oeufs dehors et ceux qui ont leurs Å“ufs dedans.
Nivès. - Mais comment le petit enfant de la vache pourra sortir? il a pas un bec pour ouvrir sa coquille? C'est le papa qui aide?
- Non, le « papa» n'aide pas, c'est le fermier qui aime beaucoup ses bêtes, qui reste à l'écurie quand le petit veau va naître, il prépare tout ce qu'il faut, parce qu'il faut soigner la vache et le petit veau. Pendant plusieurs mois le petit veau est resté dans sa cachette, ses pattes et sa tête bien pliées.

Simone. - Comme les feuilles et la fleur dans mon bourgeon.
- Tout à fait comme cela.

Guillaume. - Oh ! que c'est mignon alors, comme j'aimerais le voir !
Wanda. - On ne peut pas, c'est trop beau.
Daniel. - Et comment il a fait pour sortir?
Carmen. - La porte s'est ouverte, c'est sûr.
Nivès. - Une porte ! la vache a une porte, je ne savais pas.
Guillaume. - Mais bien sur, Nivès, pas une porte comme à une chambre, mais c'est une porte quand même.
Carmen. - C'est la porte de la vie.
- Oui, Carmen a trouvé, c'est la porte de la vie.

Simone. - Pour le bourgeon, c'est les écailles qui se sont décollées.
Guillaume. - Oh ! la porte de la vie ! c'est joli, c'est joli.
Daniel. - C'est beau, on ne peut pas dire joli pour ça !
Louis. - Une maman pleure quand son enfant quitte la vie, mais pas quand il arrive.
- Ah! oui, cela est terrible pour une maman.
Wanda. - Et pour un papa, la même chose.
- Tu as raison, Wanda, le papa a la même joie que la maman quand le petit enfant est né.

Louis. - …Et le même chagrin quand il est mort.
- Et ça fait deux portes; il y a la porte de la vie et y a la porte de la mort.

Carmen. - Oh ! c'est vrai, mais il y a la troisième heureusement.
- Laquelle?

Carmen. - C'est la porte du ciel.
Daniel. - C'est la dernière.
Bertrand. - Vous, vous avez de la chance, vous la verrez avant nous.
Wanda. On passera tous par ces trois portes en tout cas.
Daniel. - Mais c'est sur, c'est une loi: il faut qu'on vienne vivre, il faut qu'on soit mort une fois, et puis il faut qu'on aille voir vers le Dieu ce qu'on ne sait pas.

L'entretien se termine, un petit moment de silence.
Nous nous tournons vers la porte de la classe. De la main j'indique le passage. Guillaume nous conduit.

Guillaume. - Oh ! alors, on passe par une vraie, vraie porte.
- Ah ! c'est vrai.

Louis.C'est la porte du travail, c'est une belle porte, je l'aime.
Tous. - Moi aussi, moi aussi.

Chacun se met à l'ouvrage. Bertrand me demande un renseignement:

Bertrand. - …Maman …Faut-il ligner ?
Je dis: Bien sûr, mon fils.
Wanda.Oh! il vous a dit : maman.
Janine.Mais oui, c'est une maman.
Georgette. - Mais oui, c'est la maman pour notre pensée.
Daniel. - Taisez-vous ; je pense.
Wanda.Tu n'es pas tant poli.
Daniel. Voilà, j'ai trouvé ; on est sorti de notre maman. Ça c'était la porte de la vie. - Puis un jour on est entré à l'école Audemars ; ça fait une porte encore.
Bertrand. - Ah ! c'est sûr, c'est la porte du savoir. Cette fois on les a toutes trouvées. C'est chic, chic.
Guillaume. - Ça fait quatre portes.
Carmen. - Mais il faut les dire juste, faut commencer par la première : la porte de la vie et puis après la porte du savoir, parce qu'on a appris tout le temps, et puis la porte de la mort et puis la dernière, la porte du ciel.




(Reproduction interdite sans autorisation.)









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