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Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
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RETOURBonne humeur et enthousiasme Parler de bonne humeur et d'enthousiasme en un temps où la détresse humaine nous étreint paraît presque un paradoxe. Et pourtant ! …. Nous ne pouvons, simples mères que nous sommes, ni changer la face politique du monde, ni résoudre les problèmes économiques et sociaux, mais il est un domaine dans lequel notre puissance est grande. Fénelon le disait déjà : « Une vie domestique heureuse est le chef-d'Å“uvre de la femme ». Chef-d'Å“uvre, certes, si la bonne humeur éclaire toute l'atmosphère de la maison et si l'enthousiasme la tonifie, mais chef d'Å“uvre délicat qu'une critique acerbe, un son de voix grognon ou une attitude découragée feront tristement échouer. « Est-il rien de plus ridicule », écrit le Dr Toulouse dans « Il faut s'entraîner à la bonne humeur », « que de se montrer désagréable parce que le repas est un peu froid ou servi avec retard, qu'un incident nous empêche de prendre part à une réjouissance ou que nous n'avons pas obtenu le succès escompté ? Quelle nécessité y a-t-il de payer une déception par la taxe supplémentaire d'un accès de mauvaise humeur? » J'ai fait une petite enquête dans ma famille pour que chacun me dise quelle cause il attribuait à la bonne humeur. Il fallait répondre à la question en quelques minutes. Un de mes enfants dit: « Je suis de bonne humeur parce que rien ne m'ennuie ». Son frère ajoute.: « La bonne humeur est l'état d'esprit de ceux qui ne voient que le bon côté des choses ». Ma fillette déclare : «Je suis de bonne humeur parce que les autres le sont ». Pour le père de famille elle est synonyme de bonne santé et la jeune domestique conclut en disant : « Je suis de bonne humeur parce que j'aime la vie ». Toutes ces remarques sont justes et nous tracent clairement la voie à suivre. Oui, pour que nos enfants soient de bonne humeur, il faudrait que non seulement eux, mais nous aussi nous soyons en bonne santé physique et morale, que nous évitions l'agitation, le surmenage, l'énervement, le manque de sommeil et les veillées trop tardives. Ce qui ne veut pas dire que la mauvaise santé nous dispense du devoir d'être de bonne humeur, mais combien ce devoir est alors plus difficile, il y faut parfois de l'héroïsme. Et puisque nos enfants constatent si candidement qu'ils sont de bonne humeur parce que les autres le sont, comprenons l'énorme influence que notre exemple exerce sur eux. Soyons joyeux avec eux et pour eux. « Déjà autour du berceau il ne faudrait que des voix douces, gaies, aimantes ; car les premières impressions importent à la vie tout entière. Combien d'enfants grognons, moroses, irrités, qui ne le sont devenus, que parce qu'ils ont été, dès l'abord, entourés de grandes personnes maussades ou violentes ! Bébé était couché dans son berceau, il ne s'apercevait de rien, disait-on, quand on se laissait aller devant lui à ses accès d'humeur. Non, les nouveaux venus ici bas sont d'une structure si délicate qu'un rien suffit pour les disposer au bien ou au mal. Le seul aspect d'un visage rébarbatif suffit pour jeter bébé dans un amer désespoir, mais pourvu que maman sourie, tout va bien dans la petite âme de son enfant. Il y a beaucoup de victoires décisives que seul l'enjouement maternel rend possibles. L'enfant, surtout s'il est mal disposé, vous en voudra pour la moindre parole maussade ou irritée, tandis qu'un peu de jovialité eût triomphé de ses caprices. Les sourcils froncés, vous réclamez quelque chose de difficile, l'enfant s'y refuse, il boude ou se rebelle. Le même effort demandé avec une figure souriante eût été tenté de bonne grâce »(1). Enfin quoique les jeunes aiment la vie, ne soyons jamais des éteignoirs pour eux. Connaissez-vous des donneurs de bons conseils ? Ils sont pleins de bonnes intentions, mais que leur sollicitude est fâcheuse quand ils rabattent l'enthousiasme de ceux qui veulent tenter une nouvelle expérience, qui vont s'élancer, bondir avec ardeur… Ils leur disent -« Cela ne réussira pas… vous faites fausse route… il vaudrait mieux faire autrement… moi, à votre place »… Tant et si bien que le souffle et l'inspiration sont coupés et que la mauvaise humeur n'est pas loin. Une attitude décourageante est néfaste pour ceux qui attendent tout de la vie. Les jeunes débordent d'idées, d'imagination et d'enthousiasme et trop souvent nous, les grandes personnes, sommes la douche froide parce que nous prévoyons des catastrophes qui la plupart du temps n'arriveront pas. Comme il vaudrait mieux réagir par la bonne humeur contre les incidents fâcheux de la vie ! réaction contagieuse qui faciliterait les rapports mutuels. Savoir reconnaître les joies et les bonheurs petits et grands qui sont dans chaque vie : l'affection donnée et reçue, la santé, l'intelligence, la nature ; ne pas s'attendrir sur soi-même, oublier les petites piqûres d'épingle et les blessures d'amour-propre et si l'enthousiasme ne nous est pas naturel nous efforcer de l'acquérir. Le mot enthousiasme vient du grec "enthous" inspiré de Dieu; je trouve cette étymologie magnifique. Ayons de l'enthousiasme pour notre tâche d'abord, puis pour la vie, l'enthousiasme qui vient de la foi. Accrochons-nous aux ailes qui font monter; jetons souvent le lest pour que notre nacelle s'élève; il y a trop d'occasions où une corde invisible la ramène brusquement au soi. Il est si bienfaisant de rencontrer des personnes qui ont jusque dans la vieillesse gardé leur juvénile ardeur, malgré les épreuves et les soucis, qui sont jeunes de cÅ“ur et vibrantes pour tout ce qui est vrai, beau et noble. (1) Mme Ad. Hoffmann : « Livre des mères ». |
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