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Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
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Faisons-leur confiance !

Je connais un écolier qui, l'année dernière, comptait parmi les plus faibles de sa classe. Maladif, il avait eu de nombreuses absences. Débarqué fraîchement à Genève, il ne s'était adapté que difficilement à son nouveau milieu. D'emblée, ses camarades avaient pris l'habitude de le considérer comme inexistant : il était seul en classe, seul aux récréations, et, sans oser le dire, sans même en prendre conscience, il souffrait beaucoup de cette quarantaine. A la maison, il se montrait irascible, grognon, négligent. Le désordre était sa loi. Chaque matin, sa toilette à peine esquissée, bas en tire-bouchon, cheveux mal peignés, traînant les pieds, voilà comment, si l'on n'y prenait garde, il se rendait à son calvaire journalier.

Naturellement, maître et parents attribuaient ce "défaitisme" à l'état de santé du petit. Or, avec le renouvellement de l'année scolaire, un vrai miracle s'est produit.

Notre garçon a doublé sa classe. Comme il est intelligent et qu'il n'a rien du cancre achevé, il a dominé tout aussitôt son programme et s'est trouvé, dès les premiers jours, dans le groupe des bons élèves. Du coup, son caractère, ses allures semblent avoir totalement changé. Ses tâches, il les fait avec plaisir; son école, il l'aime ; ses camarades, il ne les craint plus ; ses récréations loin de lui peser peut-être plus encore que les heures de travail, il les apprécie cordialement. A la maison, il est beaucoup moins grognon, beaucoup plus ordré, beaucoup plus joyeux. Il faut voir comme il se pomponne, le matin, avec quel zèle il lisse ses cheveux rebelles ! Bref, toujours délicat, il est cependant un autre écolier, un autre garçon.

Il se porte mieux: mais ses parents ont acquis la certitude que toute cette révolution est due essentiellement à une cause interne plutôt qu'externe, psychique plutôt que physique - au fait que ce garçon n'est plus accablé, comme l'au dernier, par le sentiment douloureux et dégradant de son irrémédiable incapacité.
Cet exemple vaut la peine d'être médité. Voici, très décousues, quelques-unes des réflexions qu'il m'a suggérées.

La dignité d'un homme est son bien le plus précieux. Malheur à celui qui l'abandonne pour trente deniers : il se suicide. Malheur aux sociétés qui l'oppriment : elles sont à la merci des justes révolutions. Malheur aux parents qui en font fichez leurs enfants: ils se les aliènent à tout jamais.

On a défini l'éducation comme étant l'art de manier l'amour-propre des petits. Selon que nous nous y prenons avec ce ressort caché de tout effort humain, nous pouvons ou bien, en la diminuant sans cesse, écraser une personnalité, ou la pousser en l'exaltant à vide, ou la placer au contraire dans des conditions normales de développement.

L'estime de soi, c'est l'oxygène de l'âme; où elle n'est pas, l'âme s'asphyxie. Et cette estime de soi, c'est dans la confiance, dans l'estime d'autrui qu'elle peut fleurir.

Un homme d'âge mûr me disait un jour, dans un moment de fureur: «Je pars, je vais à l'étranger. Ce que je désire par dessus tout, c'est d'avoir le courage de salir le nom que je porte, de le traîner dans la honte et la vermine des prisons.» Cet homme gardait au coeur une révolte vivace et presque féroce contre sa famille, parce qu'il prétendait y avoir été dédaigné, incompris. A tort ou à raison, il avait souffert dans sa dignité d'enfant ; devenu adulte, il rapportait à ses meurtrissures passées la cause de tous ses échecs du présent.

Oh ! les larmes cachées, les aigreurs lancinantes les poignantes douleurs que représente cet ensemble de contractions morales que nos savants appellent «un complexe d'infériorité» ! Oh! les résolutions désespérées, les folies irrévocables qui peuvent sortir d'un jeune coeur blessé!… Piétiner l'amour propre d'un petit, c'est le «scandaliser» - c'est-à-dire proprement le « faire tomber», le jeter au ruisseau: et l'on peut tout attendre, tout redouter de celui qui n'a plus rien à perdre, pas même sa propre estime.

Educateurs, prenons-y garde. Pitié pour la susceptibilité de nos enfants, quelquefois si sensibles! Ne les traitons jamais comme des incapables. Par notre manière de leur parler, par toute notre attitude, inspirons-leur confiance en eux-mêmes : en retour, ils nous feront confiance, et, dans cette atmosphère tonique, de mineurs qu'ils sont encore, ils atteindront sûrement, calmement, la majorité spirituelle ou nous devons les amener.









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