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Au brûlant soleil

Brûlant soleil, roi des plages, que ne fait-on pour te servir!

Une charmante jeune fille vient de Paris visiter sa cousine genevoise : « Allons à la plage. » Résultat brûlures du premier degré de la poitrine, du dos des jambes, des bras, fièvre, douleurs intenses, état presque délirant, une semaine de lit. (Rappelons qu'il suffit que les deux tiers de la surface du corps soient brûlés, même superficiellement, pour que mort s'en suive.)

Une ravissante Anglaise est invitée par une amie de la S. d. N.: « Partons pour le col du Géant. » Résultat : brûlures profondes du visage, des lèvres, des bras, cicatrices indélébiles. Les réverbérations lumineuses des névés n'ont rien de l'Hélios brumeux des plages d'Albion.

Un jeune homme atteint de tuberculose torpide des sommets, s'expose inconsidérément pendant deux heures au soleil. Résultat : congestion pulmonaire, réveil du mal, une année de sanatorium.

Et tous ces cas de brûlures, de dermites, de pneumonies congestives, de troubles nerveux divers suite d'insolation ne se comptent pas.

Et pourtant tout le monde chante merveille des bienfaits du bain solaire : non seulement il donne santé et vigueur, mais aussi et surtout cette brune patine à la mode.

Oui, certes, le soleil fait merveille tant au point de vue physiologique qu'au point de vue thérapeutique entre les mains expertes des Finsen ou des Rollier, mais il y a la manière. Or l'immense troupeau de baigneurs qui, sur le fond de ciment armé de nos bains, élève comme un mur de chairs cramoisies, n'a pas la manière. Toute cette jeunesse pense qu'elle va améliorer sa santé en s'exposant des après-midi entières à la morsure des brûlantes radiations de l'infra-rouge du spectre ou à l'action destructrice des rayons ultra-violets de la gamme extrême des longueurs d'ondes lumineuses.

Illusion. Certes, certaines peaux, celles surtout appartenant à la race méditerranéenne, de par les habitudes ancestrales de leur appareil pigmentaire, vont se hâler et adapter leur surface à la défense contre les effets nocifs des rayons. Mais ce hâle ne sera qu'une défense; de là à dire que hâle soit forcément indice de santé, il y a loin. Témoins ces malheureux qui, à force d'être hâlés, deviennent gris. Ce sont ceux qui restent des heures au soleil inexorable, couchés et tournant alternativement leurs surfaces ventrales ou dorsales aux morsures des radiations et qui vont, par intervalles, se plonger dans l'eau pour éteindre le feu qui dévore leur peau et brûle le sang de leurs capillaires.

Il faut le savoir et le proclamer: le Roi Soleil, s'il est la source bienfaisante d'une grande partie de l'énergie terrestre, et aussi un monarque exigeant il n'aime pas qu'on l'aborde de face, avec insolence et brutalité.









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