Accueil
   

 

 

 

RECHERCHES
Rechercher un mot dans les articles:


Recherche avancée
• par mots
• par thèmes

ARCHIVES DE TOUS LES ARTICLES



AUTRES MENUS
ACCUEIL
ADRESSES
  • Adresses utiles
  • Bibliographie
  • Liens Internet
LE JOURNAL






Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
En dehors du grand intérêt pour vous de cette matière exceptionnelle, que vous soyez jeune parent, chercheur dans une université ou simplement intéressé par l'évolution des comportements humains, votre soutien par l'intermédiaire d'un abonnement nous est indispensable.
Pour les pays lointains et si vous ne désirez pas profiter de la version papier, un abonnement sous forme de pdf est accessible au même prix annuel de CHF 30. Il vous donne un accès complet aux archives
RETOUR

La religion et l'enfant

Il est une sorte de littérature enfantine, qui tend heureusement à disparaître. C'est ce genre religieux outré, pensons-nous, où il est question de petits théologiens, prédicateurs en robe courte, dont toutes les paroles et les gestes ont pour but l'édification de leur entourage. Si seulement ces enfants vraiment extraordinaires pouvaient s'en tenir à leur apostolat, il n'y aurait pas grand mal après tout, mais non, ils meurent souvent très jeunes. Il peut en résulter chez le jeune lecteur inexpérimenté cette idée absolument erronée que la piété et la mort sont synonymes. Il y a là un écueil qu'il vaut peut-être la peine de signaler.

Je me rappelle pour ma part les révoltes de mon coeur d'enfant après de telles lectures. Je voudrais bien être chrétienne mais alors il me faudrait mourir comme tous ces enfants si sages ? Et puis je n'aimerais pas être obligée de prêcher tout le temps, oh ! non, mais pas du tout.

Cette fausse idée que j'avais alors de la religion, d'autres que moi, paraît-il, l'ont partagée. Vous écrivez pour les enfants, me disait ces jours-ci une amie, en ce cas, permettez-moi un conseil: que vos petits héros ou héroïnes ne soient pas de petits saints. Et aussi, je vous prie, ne les faites pas mourir. Faites-les au contraire vivre, être joyeux, simples et vrais, avant tout. Car la piété n'a pas seulement les promesses à la vie à venir, elle a aussi celles de la vie présente, ne l'oubliez pas, à l'occasion.

L'idée de la mort effraie en effet l'enfant. Ne pèse-t-elle pas aussi sur nous, même chrétiens, comme le poids de la malédiction due au péché ? Ce n'est pas en vain que l'Ecriture en parle comme de «la reine des épouvantements». Comment donc l'enfant n'en serait-il point troublé ? Il est plus faible, ses impressions sont plus vives, ineffaçables. Or, si cette idée de la mort se trouve étroitement liée à celle de la religion, celle-ci lui inspirera naturellement de la crainte, elle lui paraîtra quelque chose de lugubre et d'effrayant qu'il repoussera instinctivement.

Ainsi les récits de morts d'enfants, morts chrétiennes qui nous touchent, nous, profondément et nous réjouissent, le rendront fort circonspect. Tel fut le cas chez un de mes garçons. Un de ses petits amis, élève de la même Ecole du Dimanche étant mort, mon petit Jean alla au service funèbre à l'église. Il en revint pâle et consterné. Le soir il refusa de redire sa prière sans vouloir d'abord s'expliquer. J'insistai. Alors il fondit en larmes: «Le petit Marcel aimait le Seigneur et le priait et le bon Dieu l'a pris à lui, alors moi j'ai peur qu'il me prenne aussi !»

J'eus beaucoup de peine à lui faire comprendre que le Seigneur ne «reprend pas à Lui» tous les enfants qui l'aiment et le servent comme le cher petit Marcel. Il se rassura enfin et s'agenouilla de lui-même, à côté de moi. Mais je vous avoue que je restai un peu saisie quand je l'entendis ajouter ce paragraphe inattendu à sa prière :

Cher Sauveur, que je ne moure pas encore, je t'en prie, ni personne chez nous. S'il te plaît, Amen.

Il avait cinq ans; excusez son subjonctif.


Ceci me rappelle une autre réflexion d'enfant, Lucie avait commis je ne sais quel grave méfait. Elle est catéchisée sévèrement à ce sujet. On lui parle de la nécessité d'une sérieuse repentance, de l'enfer, de la mort. Mais à ces mots, Lucie se redresse, effarée, révoltée: «Mourir! Mais je ne vais pas mourir. Je suis trop jeune et je me porte très bien. Parlez de la mort à mon grand-père, si vous voulez. Il est vieux et impotent. Mais moi je ne suis pas malade, non, vraiment.»

Nous avons beau faire: l'idée de la mort est une idée contre nature que l'enfance n'accepte pas facilement. Mourir quand la vie est si belle et bonne, si riche de promesses de bonheur ? On ne veut pas y croire, on n'y croit pas.

Cependant comment parler du salut et de l'éternité sans parler en même temps de cette fin de tout, à laquelle nous n'échappons point, petits ou grands, jeunes ou vieux ? ParIons en donc mais avec prudence et sans en faire notre «grand cheval de bataille» comme cela arrive trop souvent. Sans nous appesantir non plus sur le côté lugubre et effrayant de cette idée. Et pourquoi n'y point substituer d'ailleurs cette autre idée aussi sérieuse mais plus douce: celle du retour du Christ ? Pourquoi ne pas apprendre à nos enfants à attendre ce retour comme celui d'un être cher et vivant ? Ainsi nous pourrons leur parler de la nécessité d'être «prêts» et c'est tout ce que nous voulons après tout.

Non, je ne crois pas qu'il soit nécessaire de tellement parler de la mort à nos enfants. Qu'ils soient conquis par l'amour, non par la crainte. Ces conquêtes-là sont les meilleures et les plus sûres; et il y a en la personne de Jésus assez d'attraits pour gagner le coeur de ces petits pour lesquels il n'a jamais eu que des paroles de tendresse et de bénédiction.









www.entretiens.ch fait partie du réseau « NETOPERA - culture - société - éducation sur Internet » et pour la photographie PhotOpera - Uneparjour || DEI - Défense des Enfants - International
ROUSSEAU 13: pour allumer les lumières - 300 de Rousseau  ROUSSEAU 13: les IMPOSTURES - 300 de Rousseau - portraits déviés PHOTOGRAPHIE:Nicolas Faure - photographe d'une Suisse moderne - Le visage est une fiction - photographie de l'image brute - Laurent Sandoz - comédien et acteur professionnel - Genève